Les fondeurs et marcheurs au départ
Présentation des athlètes français à suivre lors du rendez-vous continental, organisé dans la capitale italienne du 7 au 12 juin. Deuxième volet avec les demi-fondeurs, fondeurs et marcheurs.
Joli défi en perspective pour Anaïs Bourgoin et Léna Kandissounon, qui auront fort à faire pour rallier la finale. La première nommée, actuellement dans une très bonne dynamique, a abaissé son record à 2’00’’31 cette année. Elle va disputer son premier grand championnat sur piste à Rome. La seconde a, elle, déjà goûté au parfum des grands rendez-vous, en disputant les Mondiaux de Budapest l’été dernier. Une expérience qui devrait lui être précieuse, alors
qu’elle court encore après sa meilleure forme cette saison (2’01’’52). Keely Hodgkinson, détentrice de la meilleure performance mondiale de l’année (1’55’’78), part avec plusieurs longueurs d’avance sur tout le peloton. Elle peut, avec ses compatriotes Erin Wallace (1’59’’19) et Alexandra Bell (1’59’’55), rêver d’un triplé britannique.
Yanis Meziane et Gabriel Tual ont une occasion en or d’ouvrir leur palmarès international chez les seniors. Ils débarquent dans la capitale italienne avec les 2e et 3e meilleures performances d’engagement, en respectivement 1’44’’13 et 1’44’’43. Si la nouvelle coqueluche du demi-fond transalpin, Catalin Tecuceanu, mène la danse avec ses 1’44’’01 et pourra compter sur le soutien du public, le 800 m devrait, comme d’habitude, réserver son lot de surprises,
surtout que les douze premiers engagés se tiennent en moins d’une seconde. A l’impétueux Paul Anselmini (1’45’’29) d’en profiter.
Son ascension fulgurante pourrait bien se poursuivre lors de ces championnats d’Europe. L’ex-combinarde Agathe Guillemot, qualifiée en finale du 1500 m aux Mondiaux indoor de Glasgow en mars et excellente finisseuse, peut légitimement rêver du top 3 à Rome, puisqu’elle détient le quatrième meilleur chrono des engagées en 4’02’’05. Là aussi, c’est très ouvert, avec aucune athlète sous les quatre minutes en 2024. On devrait beaucoup parler anglais à l’avant du peloton,
avec les Britanniques Katie Snowden (4’00’’24), Georgia Bell (4’00’’41) et Jemma Reekie (4’02’’57), ainsi que l’Irlandaise Ciara Mageean (4’01’’98). Si la Bretonne a déjà réalisé les minima olympiques pour Paris, il n’en est pas de même pour Bérénice Cleyet-Merle (4’04’’13), qui, aura l’opportunité de marquer de précieux points au ranking et, en cas de scénario favorable, d’aller chercher le chrono demandé pour les J.O (4’03’’00).
Objectif podium pour Azeddine Habz, auteur d’un excellent début de saison avec une victoire en Diamond League à Marrakech et un chrono de 3’30’’80 à Oslo jeudi dernier. Habitué à jouer les premiers rôles en meetings, le demi-fondeur du Val d’Europe Montevrain Athlétisme a l’occasion de transformer l’essai en grand championnat. Le Norvégien Jakob Ingebrigtsen, champion olympique de la discipline et vainqueur à Oslo en 3’29’’74, sera l’homme à battre, alors
que le Portugais Isaac Nader (3’30’’84) et le talentueux Norvégien Narve Nordas, vainqueur sur 3000 m à Stockholm dimanche, seront aussi de sérieux candidats à la boite.
La polyvalente Sarah Madeleine, à l’aise sur tous les terrains et toutes les distances, va découvrir le parfum des grands championnats sur piste, grâce à des débuts réussis sur 5000 m en 15’18’’60. Elle n’aura rien à perdre sur une distance où le meilleur temps d’engagement est détenu par l’Espagnole Marta Garcia, chronométrée en 14’46’’37 en salle.
Même état d’esprit pour ses homologues masculins, qui abordent la compétition en position d’outsiders. Romain Legendre (13’16’’53), Bastien Augusto (13’16’’85) et Etienne Daguinos (13’19’’77) tenteront de rallier une finale où l’Espagnol Thierry Ndikumwenayo (12’48’’10) et le Suisse Dominic Lobalu (12’50’’90) font figure de favoris pour l’or.
Pas moins de cinq Français seront au départ du 10 000 m. Une épreuve qui, en l’absence de coupe d’Europe cette année, ouvre grand ses portes en permettant à chaque nation d’engager cinq athlètes, avec des courses A et B au programme. Les Bleus vont présenter un collectif qui a fière allure, avec le duo Yann Schrub-Jimmy Gressier attendu en tête de peloton. Respectivement 3e et 4e du rendez-vous continental il y a deux ans, ils ont tous les deux énormément
progressé depuis. Valentin Gondouin (27’41’’37) et Simon Bédard (27’42’’72) sont en pleine ascension, avec des chronos largement inférieurs à 28’, alors que Loïc Scomparin (28’05’’57) portera pour la première fois le maillot bleu en équipe de France seniors. Si Yann Schrub et Jimmy Gressier font partie des prétendants au podium, ils devront composer avec une opposition de très haut calibre, incarnée notamment par le Suédois Andreas Almgren (26’52’’87), le Belge Isaac
Kimeli (27’07’’97), le Britannique Patrick Dever (27’08’’81), ou encore le tenant du titre, l’Italien Yemaneberhan Crippa.
Si elle n’a pas encore disputé de 3000 m steeple cette saison, Alice Finot aborde ses premiers championnats d’Europe en plein air avec la pancarte de favorite, forte de sa quatrième place aux Mondiaux de Budapest l’an dernier. La sociétaire du CA Montreuil 93 a pu travailler sa vitesse dernièrement sur 1500 m, avec un record personnel (4’07’’57) à la clé. Ses principales adversaires, sur le papier, sont l'Allemande Gesa Felicitas Krause (9'16''24 en 2024, record en 9'03''30) et l'Albanaise Luiza Gega (record en 9'09''64). Flavie Renouard (9’28’’96 cette saison mais un record en 9’19’’07) et Aude Clavier (9’32’’75) ont les moyens de se frayer un chemin jusqu’en finale.
Le steeple est une discipline qui réussit souvent aux athlètes tricolores aux championnats d’Europe. Aux Bleus en lice à Rome de le démontrer une nouvelle fois avec, là aussi, de belles chances de médailles. Les trois Français en lice, Djilali Bedrani, Alexis Miellet et Nicolas-Marie Daru, sont dans le top 5 sur la liste des engagés, en respectivement 8’13’’73, 8’14’’71 et 8’16’’36. L’empêcheur de tourner en rond pourrait bien être l’Espagnol Daniel
Arce, qui a couru en 8’12’’28 cette saison.
Les trois Bleues sélectionnées pour le marathon olympique, Méline Rollin, Mélody Julien et Mekdes Woldu, seront au départ du semi dans les rues de la ville éternelle. Un test intéressant dans un contexte de grand championnat, avec tout l’aspect tactique qui en découle. Le trio, accompagné de Fadouwa Ledhem et Margaux Sieracki, tentera de s’accrocher le plus longtemps possible au groupe de tête, où l’on devrait retrouver l’Israélienne
Lonah Salpeter et la Suisse Helen Bekele. Détentrice du record de France, en 1h08’27’’, Mekdes Woldu est, sur le papier, la plus à même de jouer les premiers rôles, même si elle aborde ces championnats dans un contexte difficile après un deuil familial.
C’est également une équipe de France très dense qui sera alignée chez les hommes, avec les présences de Mehdi Frère, Emmanuel Roudolff-Lévisse, Benjamin Choquert, Felix Bour et Nicolas Navarro. Le premier nommé possède le 3e meilleur temps des engagés en 2024 avec ses 1h01’15’’. Seuls le Norvégien Sondre Moen (59’48’’) et l’Allemand Amanal Petros (1h00’09’’) sont allés plus vite. Trois autres athlètes en course dans la
capitale italienne sont descendus sous la barrière de l’heure au cours de leur carrière, parmi lesquels l’Italien Crippa (59’26’’), qui devrait donc doubler avec le 10 000 m.
La marche féminine tricolore est en plein boom, ce que confirme la liste des engagées. Les trois Bleues en lice, Clémence Beretta, Pauline Stey et Camille Moutard, peuvent légitimement viser une place de finaliste. La première nommée, la plus expérimentée du trio, est même une candidate au podium, sur le papier, avec son record de France en 1h28’44’’, à condition que la justesse technique soit au rendez-vous. Les Espagnoles Laura Garcia-Caro
(1h27’19’’) et Cristina Montesinos (1h28’43’’), ainsi que l’Italienne Antonella Palmisano, sont les seules à la devancer au bilan. Quant à Stey et Moutard, respectivement championne et vice-championne d’Europe U23 l’an dernier, elles n’en finissent plus de progresser.
Chez les hommes, Gabriel Bordier, dixième des Mondiaux de Budapest, a de sérieux arguments à faire valoir. Toujours très régulier, il a marché en 1h19’56’’ cette année, ce qui en fait le 7e meilleur performeur des engagés. Une place de finaliste semble dans ses cordes et, dans un bon jour, pourquoi ne pas se permettre de viser bien plus haut, même s’il faudra composer notamment avec les Espagnols Paul McGrath (1h17’55’’) et Diego Garcia Carrera (1h18’19’’),
ainsi que le Suédois Perseus Karlström (1h18’22’’) ? Aurélien Quinion (1h20’48’’) aura à cœur de marcher le plus proprement possible pour pouvoir jouer sa carte, alors que Kevin Campion (1h22’25’’), en plus d’une bonne place, sera en quête des minima olympiques (1h20’10’’).
Florian Gaudin-Winer pour athle.fr
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