A l’Insep, le calme avant le tumulte
Le pré-camp de l’équipe de France d’athlétisme a ouvert ses portes à l’Insep le 22 juillet. Les Bleus y effectuent leurs derniers préparatifs en toute quiétude, avant d’accéder au village olympique deux jours avant leur entrée en lice.
La capitale française a officiellement plongé dans le grand bain olympique depuis vendredi et la cérémonie d’ouverture. Le défilé en bateau sur la Seine et sous des trombes d’eau, salué par environ 300 000 spectateurs, a pourtant été, pour une bonne partie des athlètes tricolores, le seul contact avec la réalité parisienne. Celle d’une ville en pleine effervescence, dont le cœur bat au rythme des J.O., des sites de compétition et des médailles tricolores, déjà au nombre
de huit au bout de deux jours d’épreuves. Les Bleus de l’athlétisme, eux, sont dans leur bulle à l’Insep, où le pré-camp fédéral a débuté le 22 juillet. Ils y arrivent au fil des jours, en fonction de leur préparation terminale et de leur date d’entrée en lice, et sont près d’une soixantaine actuellement.
Ceux qui ont débarqué dimanche matin ont eu la surprise d’être accueillis par des oies en train de gambader dans l’herbe à côté de la sculpture d’Héraklès Archer, emblème de la maison du sport français. Une bonne illustration de l’îlot de tranquillité que représente actuellement l’institution située au cœur du bois de Vincennes, au sud de Paris, même si les pensionnaires peuvent assister aux épreuves des J.O. diffusées en extérieur sur un écran géant et pousser derrière
leurs compatriotes, comme Léon Marchand dont la médaille d’or sur le 400 m 4 nages a été accueillie dimanche soir par des applaudissements nourris.
Les marcheurs ouvrent le bal
Pour trouver un peu d’animation, il faut rejoindre le stade Marie-José Pérec, dont la piste extérieure, désertée la veille et arrosée d’une pluie persistante, au lendemain de la cérémonie, accueille cette fois une bonne vingtaine d’athlètes dès 10h30 sous le soleil. Seule entorse à l’hégémonie de l’athlé : la présence d’un pentathlète, qui enchaîne tours de piste et tirs. La chaleur est de retour, comme en témoignent les jambes de la recordwoman de France du 20 km Clémence
Beretta, attaquées par des moustiques au cours de la nuit précédente. L’ensemble des marcheurs, premiers à concourir dès ce jeudi, sont d’ailleurs aussi les ouvreurs de la journée côté entraînement, à l’image de Gabriel Bordier qui enquille un 3000 m, un 2000 m et un 1000 m, pour un rappel d’allures bienvenu. Pauline Stey, privée de marche pendant un mois après les championnats d’Europe de Rome, à la suite d’une blessure au pied, est aussi de la partie. « J’avais hâte d’arriver ici, souffle
l’Alsacienne. On est
dans un cocon, un peu à l’écart de tout mais en bénéficiant des meilleures conditions possibles. »
Une mise en action plus rapide pour Maraval
Séances sur la piste couverte ou extérieure, musculation avec des équipements dernier cri, soins et massages auprès du service médical, hébergement et restauration de qualité : rien n’est laissé au hasard dans l’accompagnement des athlètes. Louise Maraval et son entraîneur à l’Entente Sèvre, Samuel Auneau, profitent ainsi de l’expertise et du matériel mis à disposition par la cellule optimisation de la performance de la FFA et le laboratoire Sport, Expérience
et Performance
de l’Insep, en utilisant l’optojump et son système de détection optique pour valider la nouvelle mise en action plus rapide de la spécialiste des haies basses. L’objectif : vérifier la stabilité de la sa foulée en termes d’amplitude, de fréquence et de vitesse de course. « On s’attend à ce que ça aille plus vite à Paris et il faut se mettre sur ces allures, explique le coach. C’est une manière d’objectiver ce qu’on fait à l’entraînement par la science. » Le bilan ? « C’était comme du tir à l’arc
avec tous les
tirs dans la cible », sourit Samuel Auneau.
Les relayeurs des 4x400 m effectuent des abdos et des gammes, avec en fond sonore de la musique qui sort d’une petite enceinte portative. Ils donnent de la voix pour encourager le hurdler Clément Ducos, arrivé trois jours plus tôt et qui se remet encore du décalage horaire. L’étudiant de l’université du Tennessee n’est pas dépaysé à l’Insep. « Ça me rappelle les campus américains, je suis comme à la maison », apprécie le sociétaire du Bordeaux Athlé, au
sortir d’une
séance de sprint bien cadencée. On croise aussi Auriana Lazraq Khlass, qui, bien en cannes, enchaîne haies et poids le matin, puis hauteur l’après-midi. Ou encore Rénelle Lamote, regonflée à bloc par son record personnel lors du meeting de Londres, et qui, côté demi-fondeurs, sera suivie l’après-midi par Hugo Hay et Louis Gilavert, ce dernier étant tiré à vélo par… son camarade steepleur Alexis Miellet. Et voici Mélina Robert-Michon, dont les yeux pétillent encore deux
jours après la cérémonie d’ouverture. « Avec
Florent (Manaudou), on s’est dit trempés pour trempés, on reste beaux en costume sur le bateau et on ne met pas la cape. Heureusement, on a eu droit à un coup de sèche-cheveux avant de prêter le serment olympique, rigole la porte-drapeau, dont la nuit fut aussi courte qu’inoubliable. »
Une réunion d’équipe empreinte d’émotion
Celle qui s’apprête à disputer ses septièmes Jeux olympiques à Rio a remis la main à la pâte côté discours dimanche soir, en prenant la parole lors de la réunion d’équipe. Un temps fort de la vie des Bleus, qui ont réservé à leur aînée une standing ovation, avant d’écouter les mots de Romain Barras. Le directeur de la haute performance à la FFA a placé son intervention sous le signe de la performance mais aussi de l’amour. Celui de leurs supporters mais aussi
de leurs
proches, exprimé dans une vidéo projetée à deux reprises aux athlètes, et qui a tiré des larmes à bon nombre d’entre eux. Un moment d’émotion comme ils espèrent en revivre sur la piste ou la route à partir du 1er août, date du début des épreuves d’athlétisme.
Florian Gaudin-Winer pour athle.fr
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