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Quinion, le plus heureux des neuvièmes

Quelques heures seulement après la naissance de sa fille, Aurélien Quinion s’est faufilé dans le top 10 du 20 km marche en battant son record personnel, au terme d’une matinée qu’il n’oubliera jamais.

Les athlètes ne dorment jamais beaucoup à la veille d’une finale olympique. La faute à un mélange de stress et d’excitation, un bouillonnement intérieur qu’il faut avoir vécu pour en prendre la mesure. Aurélien Quinion a connu un tourbillon encore plus vertigineux que les autres, puisqu’il était aux côtés de sa compagne, qui a donné naissance à leur première fille, Charlie, dans la nuit. Après avoir « fermé les yeux plus que dormi » pendant une demi-heure à l’hôpital d’Eaubonne, le marcheur val d’oisien a rejoint directement ses camarades de jeu (en taxi) pour le départ du 20 km marche, moins de six heures plus tard.

« Tout s’est bien passé, la petite est super belle, avec des yeux magnifiques. Sa maman va très bien. C’est ce qui compte le plus. Je ne peux pas être plus heureux, c’est un bonheur total ! », lâchait-il, l’œil humide et le regard brillant, quelques minutes après avoir achevé son épreuve. Sa course ? Un modèle de patience et de gestion, conclue à la neuvième place, le deuxième meilleur résultat d’un Français sur la distance aux Jeux olympiques. Pas même un carton des juges, juste « un ou deux avertissements, pour s’amuser », lui qui a parfois l’habitude de s’attirer les foudres arbitrales. Le tout en 1h19’56’’, deux secondes de mieux que son précédent record. « Je ne savais même pas, s’esclaffait-il à l’arrivée. A la fin, j’étais perdu, je ne savais pas combien de tours il me restait. J’avais même l’impression qu’ils avaient reculé la ligne d’arrivée, elle ne venait jamais ! C’était compliqué, mais ma femme en a chié (sic) beaucoup plus que moi. »

Si devenir papa juste avant la course de sa vie « ne fait pas devenir champion olympique », une place dans le top 10 aux Jeux à la maison reste « quelque chose de fort, pour un amateur qui se professionnalise par petites touches. Je vis les plus beaux moments de ma vie. J’aurais pu dire qu’après ça, on peut mourir tranquille, mais maintenant que j’ai une petite fille, surtout pas ! On va prendre soin d’elle et lui donner la plus belle vie possible… » Celle de son papa relevait du conte de fée jeudi matin, et a changé pour toujours.

Bordier a puisé

Dans la même course, Gabriel Bordier a suivi le plan établi à l’avance, en collant les basques du peloton de tête. Parti sur des bases « très lentes », le paquet de tête ne s’est effiloché réellement qu’à partir du douzième kilomètre, quand le tenant du titre Massimo Stano a décidé de durcir l’allure, avec l’Espagnol Alvaro Martin et le Brésilien Caio Bonfim. Le Lavallois s’est accroché autant qu’il le pouvait, mais a dû plier un peu avant le quinzième kilomètre. Il s’est ensuite appuyé sur les encouragements des milliers de spectateurs massés aux pieds de la tour Eiffel pour ne pas perdre pied. « C’était à la fois difficile, sur un parcours exigeant, et incroyable avec un public de fous. S’il n’y avait pas eu tout ce monde pour m’encourager, je ne suis pas sûr que je me serais fait aussi mal aujourd’hui. Je me suis accroché, j’ai tout donné, donc je ne peux pas avoir de regrets », retraçait-il en sortant du tracé au Trocadéro. Vingt-quatrième, comme à Tokyo en 2021, Bordier a été chronométré en 1h21’40’’, contre 1h18’55’’ au champion olympique équatorien Daniel Pintado, auteur d’un remarquable finish.

Beretta au courage

Si les hommes ont marché prudemment en début d’épreuve, leurs homologues féminines ont opté pour la stratégie de la mise à feu immédiate. L’impulsion principale est venue de la Chinoise Jiayu Yang, qui a pris les commandes dès le cinquième kilomètre et s’est détachée irrémédiablement, comptant plus de trente secondes d’avance sur la meute de ses poursuivantes à la mi-course. Elle a finalement triomphé en 1h25’54’’, devant l’Espagnole Maria Perez et l’Australienne Jemima Montag. Clémence Beretta s’est, elle aussi, calée sur des allures très rapides lors de la première moitié de son effort, puisqu’elle était sur les bases de son record de France au passage à mi-course. Mais avec la chaleur, couplée à un parcours « casse-pattes, avec beaucoup de relances et une épingle à cheveux », elle a changé de stratégie pour se focaliser sur la recherche d’un classement honorable. Avec succès, puisqu’elle a rallié la ligne en quinzième position, après avoir marché en solitaire pendant la quasi-totalité de son effort, achevé en 1h29’55’’. « Cela confirme que je suis proche du top niveau mondial, je n’ai pas à pâlir. On n’y avait jamais eu une telle densité chronométrique, c’est fou ! », appréciait-elle.

Camille Moutard et Pauline Stey ont rapidement compris qu’elles n’avaient « pas les mêmes jambes qu’aux Europe de Rome », et ont mutualisé leurs efforts pendant la totalité des vingt kilomètres. « Le faux-plat nous a fait mal, on ne l’avait pas vu avant ce matin, mais on l’a vite senti dans les jambes », soufflait l’Alsacienne. « C’était vraiment dur, mais c’était beau ! » confirmait la Bourguignonne, charmée par l’ambiance « de feu » orchestrée par leurs proches postés le long des barrières, et l’ensemble des supporters qui avaient répondu à l’appel. « On nous disait d’aller chercher devant, et on en a ramassé pas mal avec Camille, mais à un moment, ce n’était plus possible de faire plus », synthétisait Stey. Respectivement 25e et 26e, en un peu moins d’1h32’, les deux jeunes duettistes ont pris date pour l’avenir, sans oublier de profiter de l’instant. « On n’est pas sûr de revivre un jour une telle ambiance », concluaient-elles.

A Paris, Etienne Nappey pour athle.fr
Photos : KMSP / FFA

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