Gletty et Guillaume ont tout donné
Pour leurs premiers Jeux olympiques, Makenson Gletty et Ilionis Guillaume ont terminé douzièmes au décathlon et au triple saut. Le Niçois a laissé sa peau pour achever son parcours plein d’embûches, tandis que les risques pris par la Bordelaise n’ont pas suffi pour viser plus haut.
Le temps fort
Gletty s'est arraché
Même s’il n’était plus en course pour une place de finaliste, Makenson Gletty s’est montré acteur du 1500 m du décathlon, décisif pour l’attribution du titre olympique. Le combinard français a mis tout son cœur sur la piste pour surmonter une douleur au tendon d’Achille droit apparue lors de la fin de son concours de perche (4,70 m), qui a amenuisé ses chances de squatter le top 8 (53,02 m au javelot). Puisant dans la force transmise par les tribunes du Stade de France,
il s’est courageusement accroché juste derrière le peloton de tête pendant près de trois tours, pour aller chercher une douzième place avec 8309 points. « J’ai parcouru un long chemin pour en arriver là, et ça me remplit de joie. J’ai aussi de la tristesse par rapport à certaines épreuves, mais je ne crache pas sur une douzième place », avançait-il. Conscient d’avoir « passé un cap » depuis l’an dernier, le médaillé de bronze européen se projetait déjà sur les Mondiaux de Tokyo pour « rejoindre le groupe des
malades mentaux qui se jouent les médailles ». Impérial à la perche et solide au javelot, le Norvégien Markus Rooth a créé la surprise en s’imposant avec 8796 points, devant le favori allemand Leo Neugebauer (8748 unités) et le Grenadin Lindon Victor (8711 points).
La décla
« Pour une fois, j’ai réussi à prendre des risques pendant ce concours, c’est la chose à retenir. Je suis un peu déçu d’être passée à côté du podium, mais j’ai beaucoup appris. »
Ce « premier essai vraiment énorme », tout près de la ligne des quinze mètres, va longtemps lui trotter dans la tête. « Je pense qu’il aurait pu me faire monter sur la boite, estimait à l’issue du concours Ilionis Guillaume. Largement mordu, il donne tout de même une idée du potentiel de l’athlète de 26 ans licenciée au Stade Bordelais, 12e de la finale du triple saut avec un deuxième essai à 13,78 m (+0,0), le seul qu’elle a validé après avoir piétiné
et donc freiné sur les derniers mètres de sa course d’élan. « C’étaient mes premiers Jeux olympiques, je suis super contente d’avoir vécu tout ça et ça va me renforcer pour la suite », a-t-elle confié devant la presse, sourire aux lèvres.
Une attitude qui contrastait avec les larmes versées quelques minutes plus tôt, pendant que les huit finalistes effectuaient leurs trois essais supplémentaires, la victoire revenant à Théa Lafond (Dominique) avec 15,02 m (-0,4), record national, devant la Jamaïcaine Shanieka Ricketts (14,87 m) et l’Américaine Jasmine Moore (14,67 m). « J’ai beaucoup pleuré mais mon coach (Louis-Grégory Occin) m’a remonté le moral et je me suis rendu compte
de ce que j’avais fait », a-t-elle confié. Avec un peu plus de régularité dans ses réglages, la native d’Haïti pourrait bien venir embêter le podium du jour dans les années à venir, même s’il faudra compter aussi sur le retour au premier plan de Yulimar Rojas.
Le coup dur
Le relais déclassé
Initialement cinquièmes d’une finale très spectaculaire du 4x400 m mixte, les Français ont eu la douleur d’apprendre leur disqualification plusieurs dizaines de minutes après l’issue de la course, en raison d’une obstruction sur l’équipe italienne lors de la dernière transmission entre Fabrisio Saidy et Amandine Brossier. Jusqu’alors, les Bleus avaient fait leur possible pour ne pas se laisser décrocher des Belges et Hollandais, gardant intacts leurs espoirs
de médailles. Le renfort des meilleures équipes du monde par les cadors tels qu’Alexander Doom et Femke Bol était hélas trop important pour lutter jusqu’au bout. La star des Pays-Bas a d’ailleurs réalisé un sacré numéro (47’’93 lancée, 3’07’’43 à l’arrivée) pour prendre sa revanche des Mondiaux 2023 et conquérir un premier titre olympique, qui se refuse décidemment aux Etats-Unis. « Il y a beaucoup de déception, parce qu’on voulait repartir avec une médaille autour du cou. On avait toute l’énergie
et la motivation pour réussir », regrettaient les Français. Ils auront deux nouvelles chances avec les équipes masculine et féminine en fin de programme.
Et aussi
Habz corrige le tir
Dans l’incompréhension après sa série ratée la veille, Azeddine Habz a remis les pendules à l’heure lors des repêchages, en prenant la deuxième place de son 1500 m en 3’35’’10 à l’issue d’une course maitrisée. « J’avais de bien meilleures sensations aujourd’hui, on l’a vu dans le dernier tour. Je suis content de ma course, qui reflète mon vrai niveau. Comparé avec la série, c’est le jour et la nuit », tonnait-il, visiblement rassuré sur son état de forme.
Une bien meilleure nuit que les deux précédentes lui a permis de « rattraper sa dette de sommeil », et de se remettre en selle. Il enchaînera une troisième course en trois jours ce dimanche.
Maël Gouyette a connu moins de réussite, dans une course plus rapide. Sa remontée progressive n’a pas suffi à lui ouvrir la porte du trio de tête, et son apprentissage du très haut niveau s’est arrêté là pour cette fois, avec une neuvième place en 3’35’’42.
A Paris, Etienne Nappey pour athle.fr Photos : KMSP / FFA
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