Chaussinand et Lamote parmi les grands
Le lanceur de marteau clermontois a pris la huitième place d’une finale du marteau mouvementée, tandis que la Montpelliéraine a trouvé les ressources pour se hisser parmi celles qui se disputeront les médailles du 800 m, après des années de frustration.
Le temps fort
Chaussinand en clair-obscur
D’un début idéal à une situation galère, pour une place de finaliste au bout du compte, Yann Chaussinand est passé par toutes les émotions ce dimanche au Stade de France. Son premier essai, d’abord mesuré à 78,99 m, a été invalidé après de longues minutes d’hésitation du jury. « Le plus rageant, c’est qu’il est annulé assez tard, juste avant mon deuxième. Il est visiblement mordu devant, les coaches ont regardé à la vidéo, ça s’est joué à un millimètre. Si
c’est mordu, c’est mordu, c’est comme ça », soufflait le grand Auvergnat, fataliste. Derrière, son deuxième essai n’était pas valide non plus, et il a dû se « débrouiller tant bien que mal » pour se sortir d’une fâcheuse situation au troisième essai. Ses 77,38 m réalisés à ce moment-là l’ont propulsé au rang de troisième Français dans le top 8 du marteau masculin aux Jeux, après Walter Ciofani (1984) et Quentin Bigot (2021). « Ca m’a coûté pas mal d’énergie, et j’ai fait ce que j’ai pu par la suite.
C’est peut-être une mauvaise gestion de ma part, mais je vais retourner à l’entraînement pour bosser deux fois plus », se rengorgeait l’exigeant Chaussinand. A la fois « dégoûté » du scénario et « conscient que les mecs de devant sont tous plus expérimentés, il n’y a que des médaillés mondiaux ou olympiques », Yann Chaussinand se rappelait qu’il a « passé un gros cap en 2024, puisqu’avant, j’étais assez loin des finales internationales ». A 26 ans, l’avenir lui tend les bras.
La promesse
Lamote, la finale après l’attente
Rénelle Lamote est tombée dans les bras d’Anaïs Bourgoin, ivre de joie et partageant avec sa coéquipière son bonheur de rejoindre la finale olympique du 800 m. Une délivrance et une célébration à la hauteur de l’attente. Celle des quelques minutes passées sur les ‘’hot seats’’ en attendant les résultats de la troisième demi-finale, qui ont dû lui sembler des heures après sa quatrième place dans la deuxième demie en 1’57’’78, dans une course dominée par
l’Ethiopienne Tsige Duguma en 1’57’’47. Celle, surtout de ses neuf ans sans finale planétaire, depuis sa huitième place aux Mondiaux de Pékin en 2015.
Double médaillée européenne en plein air, Rénelle Lamote va rejoindre, lundi soir sur la piste violette du Stade de France, le cercle très fermé des Françaises dans le top 8 olympique, auxquels seules Maryvonne Dupureur (2e en 1964, 8e en 1968) et Patricia Djaté (6e en 1996) appartiennent. « J’étais tellement concentrée, la pression était énorme, retraçait l’élève de Bruno Gajer à Montpellier. J’avais ma psy à l’échauffement, parce que je voulais que
tout soit parfait. Je suis fière de moi, parce qu’il y a quelques années, j’aurais paniqué. Là, j’ai eu la sensation de courir comme je voulais, même si c’était dur à la fin. Je me suis battue jusqu’au bout. Cela faisait dix ans que je courais après, et j’étais très stressée. J’avais l’impression que cette course était ma bête noire. J’ai brisé la malédiction. »
Son seul regret ? Ne pas être accompagnée par sa pote Anaïs Bourgoin en finale, la sociétaire de l’Entente Franconville Cesame Val d’Oise ayant fini sixième de sa demie en 1’59’’62, sans démériter. « Je suis heureuse mais, bizarrement, je suis un peu triste de ne pas avoir Anaïs avec moi, confiait-elle avec sa sensibilité habituelle. J’ai regardé sa demie, et on s’était promis d’aller jusqu’au bout ensemble. » Après sa course, Rénelle Lamote
a croisé Pierre-Ambroise Bosse dans le stade. Qui lui a rappelé qu’en 2017 à Londres, il avait été sacré champion du monde après avoir terminé sa demi-finale à la quatrième place. Demain, une médaille, quel que soit son métal, serait déjà le plus bel accomplissement de sa carrière.
Le chiffre
1,95 m
Eliminée prématurément en finale de la hauteur, avec une barre à 1,86 m franchie au troisième essai puis trois échecs à 1,91 m, Nawal Meniker a assisté aux premières loges à la fin du concours. Et a vu l’Ukrainienne Yaroslava Mahuchikh l’emporter aux essais avec 2,00 m devant l’Australienne Nicola Olyslagers, la médaille de bronze revenant, là aussi aux essais, à leurs compatriotes Iryna Gerashchenko et Eleanor Patterson, grâce à un
saut réussi à 1,95 m dès la première tentative.
Une hauteur qui laissait forcément des regrets à la native de Perpignan, puisqu’elle correspondait au centimètre près à son record personnel établi début juillet lors du meeting de Paris à Charléty. Mais elle trouvait aussi des raisons de positiver, elle qui venait de participer à sa première finale olympique. « Je suis déçue car ça n’était pas du tout la performance que j’étais venue chercher. Mais il y a aussi une partie de moi qui me dit que je reviens de
très loin, rappelait l’élève de Mickael Hanany à El Paso (Texas), brillante dans les catégories jeunes avant une longue traversée du désert puis un retour au premier plan l’an dernier. J’apprends et j’engrange de l’expérience. Je sais que ça va me faire rebondir pour la suite. » Pour s’élever encore plus haut lors des prochains grands championnats.
Et aussi
Habz n’en avait plus dans les jambes
Azeddine Habz n’avais jamais couru trois 1500 m en trois jours. Un redoutable défi qu’il a dû relever à Paris, après avoir dû en passer samedi par les repêchages pour rejoindre les demi-finales. Dans le coup jusqu’aux trois cents derniers mètres, il a coincé sur la fin et a dû se contenter de la douzième place en 3’34’’35, alors que seuls les six premiers rejoignaient la finale. « J’ai senti que les jambes ne répondaient plus, témoignait le demi-fondeur
du Val d’Europe Montevrain. J’ai essayé de résister mais, malheureusement, les mecs étaient frais et avaient bien récupéré, ils sont revenus sur moi. Passer par les repêchages m’a pénalisé. C’est la loi du sport. »
Les repêchages, Gilles Biron va aussi les découvrir, dès lundi matin. Septième de sa série du 400 m en 46’’19, le Martiniquais Madinina Athlétisme n’a pas réussi à se mêler à la lutte pour la qualification directe en demies. Il devra aller bien plus vite pour avoir une chance d’accéder au tour suivant.
A Paris, Etienne Nappey et Florian Gaudin-Winer pour athle.fr Photos : KMSP / FFA
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