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Lamote, de la trempe des grandes

Cinquième de la finale du 800 m dans une ambiance ébouriffante, Rénelle Lamote s’est prouvé qu’elle était capable de rivaliser avec les toute meilleures coureuses du monde lundi soir. Mélina Robert-Michon n’a, hélas, pas réussi à s’immiscer dans la lutte finale du disque.

Le temps fort

Rénelle Lamote, si près du but

Elle attendait cette finale depuis près d’une décennie, et elle était prête. Prête à se frotter au gratin, la tête haute, soutenue par des dizaines de milliers de voix hurlant « Réré » à perdre la raison avant le coup de pistolet du starter. Avec classe et détermination, Rénelle Lamote a joué crânement sa chance, laissant sur la piste toute l’énergie qui lui restait dans les pattes dans la dernière ligne droite. Cinquième en 1’58’’19 au terme d’une belle baston remportée par la Britannique Keely Hodgkinson en 1’56’’72, la Montpelliéraine s’est « prouvé qu’[elle] était capable de monter sur un podium mondial. Peut-être que certains y croyaient depuis longtemps, mais moi, je n’en étais pas intimement convaincue », avouait-elle, avec tout le  naturel qui la caractérise. Malgré « l’euphorie de la qualification, la fatigue des tours accumulés, les doutes », qui l’accompagnent quotidiennement, elle a produit l’une des plus belles courses de sa carrière lors du plus grand rendez-vous. Bien sûr, la « frustration tellement grande d’avoir vu le podium de si près » prenait le pas, à chaud, à sa sortie de la piste violette de Saint-Denis. Mais la fierté d’avoir tenu tête aux cadors au terme d’une saison bien mal emmanchée il y a trois mois, quand elle traînait une blessure au tendon d'Achille qui l’a notamment privée des Europe de Rome, finira sans doute par remonter à l’heure du bilan à tête reposée.

« J’ai l’impression d’avoir trouvé une recette, un équilibre. J’ai pensé à la médaille toute la journée, mais ma psychologue m’a rappelé sur le terrain d’échauffement qu’il fallait prendre cette finale comme une course habituelle, pour ne pas paniquer devant l’inconnu. Et c’est de ça dont je suis contente, parce que je n’ai pas pensé aux conséquences pendant la course, au fait que ça pouvait potentiellement changer ma vie », souriait-elle. Alors qu’elle sortait souvent des rendez-vous planétaires avec un sentiment d’amertume et de profonde remise en question depuis 2016, Rénelle se voyait déjà presque en 2025, quelques minutes après sa fin de parcours. Et même un peu plus. « Je sais que je pourrai jouer avec les meilleures à Tokyo si j’ai une préparation aboutie. C’est un peu juste pour cette année, mais ça me donnera peut-être la force de continuer quatre ans de plus. »

La promesse

Parisot à un cheveu

La révélation de l’été 2024 a bien failli frapper un nouveau grand coup lundi soir en Seine-Saint-Denis. Hélène Parisot a « rêvé pendant quelques minutes d’une finale olympique ». Troisième de sa demi-finale en améliorant une nouvelle fois son record en 22’’55, la sprinteuse de 31 ans s’est offert un tour sur le manège des émotions que sont les « hot seats », cet espace où patientent les potentielles qualifiées au temps en attendant les résultats de l’ultime course. La chance n’a malheureusement pas souri cette fois, puisque l’Ivoirienne Jessika Gbai lui a chipé le dernier ticket en 22’’36. « Il y a beaucoup de tristesse qui monte en moi, mais je suis finalement assez loin du deuxième chrono qualificatif », reconnaissait lucidement la Française expatriée sportive en Suisse.

Plus que satisfaite d’avoir réussi une année exceptionnelle, nantie du bronze européen sur la distance, Parisot se félicitait des résultats produits par sa révolution de l’été dernier. « Avec mon coach et compagnon, Pascal Mancini, nous avons tout déconstruit : ma façon de travailler, de courir, ma nutrition. Je suis aussi plus mature », soulignait-elle. Une qualité qu’elle va désormais mettre au service du 4x100 m en fin de semaine. « Je suis prête à offrir un grand départ à notre collectif, et c’est très important pour moi. »

Elle a de bonnes chances de retrouver sa compère Gémima Joseph dans le quatuor appelé à porter la bannière bleue vendredi en séries. La Guyanaise s’est classée septième de sa demi-finale, en 22’’69, à douze petits centièmes de son record personnel. « Mon objectif était de le battre aujourd’hui, mais ma préparation ces dernières semaines n’a pas été toute rose, à cause de mes ischios. Je n’ai pas à rougir, mais je sais dans mon for intérieur que j’ai mieux à donner, je vais le prouver », s’engageait-elle au moment d’achever son aventure individuelle.

La décla

« Je l’ai déjà dit, ce n’est pas la fin. Je ne suis pas au bout de ce que je peux et je veux faire. »

Ce n’est une surprise pour personne, mais Mélina Robert-Michon l’a rappelé : elle a toujours faim de compétition et de joutes mondiales. Ce lundi, elle n’a « pas réussi à [s’]exprimer » lors de la finale du disque féminin, puisque ses 57,03 m, à bonne distance d’un top 8 pourtant « plus accessible qu’aux Mondiaux 2023 », l’ont placée au douzième rang. « Je n’ai pas de raison particulière pour l’expliquer, si ce n’est que je n’ai pas bien dosé entre la volonté de me protéger de la ferveur pour ne pas me laisser submerger, et celle de me laisser porter par l’émotion, parce que c’est ce qui nous fait entrer dans l’exceptionnel », ébauchait-elle. La Doyenne des Bleus est pourtant loin d’être lassée ou rassasiée, et entend bien continuer à travailler dur pour améliorer son record de France.

Et aussi

Les steepleurs à bout de souffle

Brillants lors des championnats d’Europe de Rome, où ils avaient réalisé un doublé historique, les spécialistes tricolores du 3000 m steeple n’ont pas connu la même réussite à l’échelle olympique. L’opposition à Paris était bien sûr plusieurs crans au-dessus d’une part, et Nicolas-Marie Daru, Alexis Miellet et Louis Gilavert n’en avaient plus beaucoup dans les chaussettes d’autre part, après avoir enchaîné les courses de haut niveau depuis début mai. « C’était compliqué, ma forme commence à piquer du nez, résumait le champion d’Europe Alexis Miellet, 9e de sa série en 8’22’’08. C’est dommage, parce qu’avec la forme de Rome, il y avait moyen de rivaliser. Je suis un peu déçu et frustré, parce que j’aurais aimé passer ce tour, mais la saison commence à être longue. »

Même constat pour Nicolas-Marie Daru et Louis Gilavert, respectivement 8e en 8’20’’52 et 9e en 8’29’’16 dans leur course respective. Un résultat qui n’a pas empêché le dernier nommé de se lancer dans un tour d’honneur sous les hourras de la foule. « Je ne fais pas partie de ceux qui pensent que seuls les 1% des athlètes qui montent sur un podium y ont droit, a expliqué le pensionnaire du pôle de Fontainebleau devant la presse. On est des acharnés de travail, il nous arrive de ne pas dormir ou de pleurer, parce que ce qu’on fait, c’est dur. Il faut profiter de ces moments, avec tous ces gens qui crient pour nous. »

Zézé et Mateo en repêchages sur 200 m

Comme tous les Français en lice depuis vendredi dernier sur la piste du Stade de France, les steepleurs, tout comme les sprinters, ont pu compter sur le soutien de près de 70 000 spectateurs déchaînés. Une source d’énergie pas toujours suffisante, comme ont pu le constater les sprinters Ryan Zézé et Pablo Mateo. Les deux hommes devront passer par la case repêchages ce mardi en début d’après-midi, après s’être classés 4e en 20’’49 (+0,1) et 6e en 20’’58 (+0,2) de leur série, des chronos relativement éloignés de leur marque de référence. « J’ai une deuxième chance en repêchages, on va aller mourir sur la piste, je n’ai pas le droit de sortir en séries à la maison et je vais aller chercher la demie », a promis le Francilien Mateo.

A Paris, Etienne Nappey pour athle.fr
Photos : KMSP / FFA

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