Finot, à un souffle du podium
Alice Finot a livré une prestation exceptionnelle lors de la finale du 3000 m steeple mardi soir au Stade de France en améliorant le record d’Europe en 8’58’’67. Quatrième derrière trois intouchables coureuses d’Afrique de l’Est, la Française a fait frissonner le public grâce à une remontée folle dans le dernier kilomètre. Louise Maraval s'était brillamment qualifiée pour la finale du 400 m haies quelques instants plus tôt.
La perf'
Finot comme dans un rêve
Alice Finot a vécu « la course rêvée » ce mardi soir au Stade de France. Alors que les coureuses des haut plateaux ont mis le feu aux poudres dès le premier mètre de la finale du 3000 m steeple, la Française a « joué [sa] propre partition », comme elle se l’était promis. « Je ne voulais pas m’égarer, en vibrant trop fort avec le public ou en me faisant happer par les filles devant. Il y avait trois péages à passer : le 1000 m, le 1500 m et le
2000 m. A partir de là,
j’ai débranché le cerveau et j’ai lâché les chevaux pour me reconnecter avec l’atmosphère ». A 800 m de l’arrivée, elle était huitième, à une bonne trentaine de mètres des Africaines placées devant elle. Deux tours au pas de charge plus tard, elle en avait remonté quatre, et coupait la ligne rageusement, en 8’58’’67. Quatrième, avec quatorze centièmes gagnés sur le record d’Europe, établi à Pékin en 2008 par la Russe Gulnara Samitova-Galkina, première championne olympique de l’histoire sur la distance. «
J’ai
réussi à me réaliser ce soir, je suis une athlète accomplie », s’enthousiasmait-elle. La médaille de bronze, propriété de la Kényane Faith Cherotich, en 8’55’’15, était à la fois « pas si loin » et à distance respectable pour n’avoir « aucun regret ». « Les dernières barrières étaient dures, si elles s’étaient mieux passées, il y avait encore deux secondes à gagner, réfléchissait-elle devant les micros des journalistes. Mais tout ça, ça veut dire que ma carrière ne s’arrête
pas à Paris 2024. Il y a encore quelque
chose à aller chercher devant : courir avec les filles des hauts plateaux. C’est ça qui est sympa : je n’en ai pas fini. »
Avant de se lancer dans cette quête, la Montreuilloise installée en Galice a pris un peu de temps pour remercier les milliers de voix qui ont élevé les décibels à un niveau encore plus élevé que les jours précédents. Et a discrètement posé le genou à terre, dans un coin de virage, pour demander son compagnon en mariage. « Je m’étais promis de le faire si je courais en moins de 9’. Neuf, c’est mon chiffre porte-bonheur, et ça fait neuf ans qu’on est ensemble. Comme
il
n’avait pas encore sauté le pas, je me suis dit que c’était à moi de me lancer en ce jour spécial. »
Le temps fort
Maraval toujours plus haut
Doit-on encore parler de surprise ? A chaque nouveau palier dans sa carrière, Louise Maraval s’applique à repousser ce qu’on croyait être ses limites. Ce mardi, la Vendéenne de l’Entente Sèvre, qui n’a débuté le ‘’4H’’ qu’en 2022, a mis à profit son goût prononcé pour « la bagarre » dans la dernière ligne droite de sa demi-finale du 400 m haies. Sortie du dernier virage en troisième position, sur les talons de la Jamaïcaine Janieve Russell, Maraval
l’a croquée au-dessus du dernier obstacle, pour se ruer sur la ligne, atteinte en 53’’83. Deuxième, à distance respectable de Sydney McLaughlin-Levrone (52’’13), elle a composté son billet pour la finale avec autorité. « Entre l’ambiance de dingue et une course avec de la concurrence comme j’aime, je m’éclate ! C’est le plus important pour que je performe », soulignait-elle quelques minutes plus tard.
Jeudi soir, c’est avec les deux « monstres » Sydney et Femke (Bol) qu’elle aura rendez-vous, pour ce qu’elle imagine être « la finale la plus rapide de l’histoire ». Elle est la première Française de l’histoire à se hisser à ce niveau sur la distance, et elle compte bien y jouer un rôle en « faisant descendre le chrono pour prendre tout ce qu’il y a à prendre ». Les limites, disiez-vous ? « A un moment donné, j’en aurai probablement, on verra si c’est
ce jeudi ou plus tard. En tout cas, je vais essayer de passer encore des étapes », promettait-elle.
Dans la demie précédente, Shana Grebo avait pris la quatrième place en 54’’84, et ne masquait pas sa déception de n’avoir pas trouvé la bonne carburation sur et entre les haies. « Je n’arrive pas à me faire confiance sur les obstacles. Je suis en forme, mais je perds tout sur des fautes techniques, c’est lassant », pestait-elle.
A Paris, Etienne Nappey pour athle.fr Photos : KMSP / FFA
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