Matinée de rêve pour les Bleus
Les deux 4x400 m se sont qualifiés pour la finale de samedi, complétant ainsi le grand chelem des relais tricolores. Gabriel Tual sur 800 m et Cyrena Samba-Mayela sur 100 m haies ont également rendez-vous samedi pour l’explication finale lors de la dernière soirée des Jeux au Stade de France.
Le temps fort
Les relais reçus cinq sur cinq
Jamais dans l’histoire des Jeux, la France n’avait compté quatre relais en finale olympique. En 2024, les cinq collectifs engagés ont rallié le top 8 de leur épreuve, après la copie parfaite rendue par les 4x400 m vendredi matin. Les femmes ont ouvert le bal avec panache, Sounkamba Sylla, Shana Grebo et Alexe Déau se chargeant de « lancer idéalement » Amandine Brossier à l’assaut du dernier tour. « Elles ont fait un super boulot,
je n’ai pas eu à beaucoup travailler pour
rattraper les deux équipes devant moi, d’autant plus qu’elles se sont regardées un peu pendant la première moitié. » L’Angevine s’est quand même fait « une petite frayeur en prenant le risque de rester à la corde » pour dépasser la Belge Héléna Ponette. « La porte s’est ouverte un peu tard, mais je me suis bien amusée », relatait-elle, après avoir conquis la troisième place en 3’24’’73. « Ça fait plaisir de terminer à l’une des trois premières places comme on se l’était promis, savouraient-elles
collectivement.
Une finale olympique à la maison, c’est tout plaisir, tout bénéf’. On va y aller en étant décomplexées et essayer de se transcender pour aller chercher le plus beau résultat. »
Les hommes ont prolongé l’euphorie quelques minutes plus tard, et se sont même offert le luxe de remporter leur série en 2’59’’53, après un formidable dernier segment signé Fabrisio Saidy. Avant le Réunionnais, Muhammad Kounta, Gilles Biron et Téo Andant avaient navigué parmi les bousculades et les embûches sans trop ciller, même si le sociétaire de l’AS Monaco a dû surmonter un croc en jambe. « On s’est mis dans les meilleurs conditions,
chacun ayant fait du bon travail
», se félicitaient les Bleus devant les journalistes. « On est arrivés comme des morts de faim, on a croqué à pleines dents cette demi, et on va essayer de ne pas avaler de travers la finale », imageait Gilles Biron. Alors qu’ils ont dû patienter pour valider leur qualification olympique suite à leurs mésaventures lors des Relais mondiaux aux Bahamas, les médaillés d’argent des derniers Mondiaux ont surmonté les (légers) doutes des dernières semaines. « C’était un peu compliqué pour chacun, on
n’était pas tous
en forme individuellement, mais on savait que la préparation était axée sur les Jeux olympiques. On est arrivés en tant qu’outsiders, et ça nous a enlevé de la pression. »
La promesse
Tual au rendez-vous
Avec la densité exceptionnelle que connaît le double tour de piste masculin cette année, chaque tour regorge de chausse-trappes. « Ce sont des courses d’animaux », résumait Gabriel Tual ce vendredi matin, à l’arrivée de sa demi-finale. Le demi-fondeur de l’US Talence fait partie de la catégorie des fauves à sang-froid. Il n’a donc jamais paniqué, sûr de ses forces, même lorsqu’il a abordé la dernière ligne droite en quatrième position, alors que seules
les deux premières
places étaient synonymes de qualification directe en finale.
« Je n’ai pas voulu cramer du jus pour doubler dans le virage, parce que je savais que Marco (Arop) allait doubler dans tous les cas et, en jetant un œil à gauche, je voyais que l’Australien (Edmund Du Plessis) était à la ramasse. J’ai attendu mon tour gentiment », décrivait-il à l’arrivée, avec beaucoup de lucidité. Deuxième en 1’45’’16, l’élève de Bernard Mossant a même pu se permettre d’en « garder un peu à la fin », tout comme Arop,
premier en 1’45’’05.
Les deux hommes ont fait forte impression, mais pas autant que l’Algérien Djamel Sedjati dans la première demie, sur une autre planète actuellement et en balade en 1’45’’08. La dernière course, la plus rapide du jour où l’on retrouve d’ailleurs les deux qualifiés au temps, a vu cinq athlètes descendre sous les 1’44’’, avec aux avant-postes le Kényan Emmanuel Wanyonyi (1’43’’32) et l’Américain Bryce Hoppel (1’43’’41). Autant d’athlètes qui peuvent
prétendre au podium
olympique demain. « Je vais aborder la finale différemment, ce ne sera pas le même stress, pas la même pression », estimait le Tricolore de 26 ans. Qui pourra compter sur le soutien d’un Stade de France encore plus incandescent que ce matin.
La décla
« Je me suis fait une frayeur, ce sont les émotions, ça fait partie du show »
Cyréna Samba-Mayela a tremblé pendant quelques dizaines de seconde, mais l’écran géant du Stade de France a fini par confirmer sa qualification au temps pour la finale du 100 m haies, en 12’’52. Sans une petite touche avec sa jambe de retour sur le dernier obstacle, et le déséquilibre qui en a découlé, la Française, 4e à l'arrivée derrière Camacho-Quinn (12''35), Russell (12''42) et Nugent (12''44), aurait probablement un peu moins sué dans l’aire d’arrivée. Quatrième de sa demie, elle occupera le couloir 2 de la finale samedi soir, mais l’essentiel
est
bien d’être dans les huit qui se joueront les trois médailles disponibles. « Je savais qu’aujourd’hui, j’allais courir l’une des plus grosses courses de ma vie, et qu’il fallait pouvoir tout donner. Je n’ai pas très bien dormi, mais j’ai su être là et sortir les jambes. J’ai fait une petite bêtise sur la fin, mais ça témoigne que le niveau est là », a-t-elle brièvement expliqué aux journalistes. Au vu des résultats des demi-finales, il lui faudra probablement courir dans les eaux de son record de France
(12’’31)
pour prétendre au bonheur.
Et aussi
Lazraq Khlass à la lutte
La deuxième journée de l’heptathlon a commencé comme la première pour Auriana Lazraq Khlass, puisque la Messine a mordu ses deux premiers essais à la longueur, se retrouvant au pied du mur. Sa performance, anecdotique, de 5,59 m, avec une planche assurée (plus de 50 cm de marge mesurée), aura le mérite de lui donner sept épreuves mesurées à la fin du bal. Elle a ensuite lancé son javelot à 45,37 m, la deuxième meilleure performance de sa carrière, ce qui la place au dix-huitième rang avant le 800 m final, avec 5137 points.
A Paris, Etienne Nappey pour athle.fr Photos : KMSP / FFA
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