Valeureux Bleus
Sur un parcours aussi exigeant qu’annoncé, la seizième place de Nicolas Navarro et la vingtième d’Hassan Chahdi sur le marathon ont récompensé le courage et la stratégie prudente de l’équipe de France, entre l’Hôtel de Ville de Paris et les Invalides, samedi matin.
On annonçait depuis des mois un marathon olympique épique, et il l’a été. « J’ai même vu des gars avec des records à 2h08’ ou moins marcher dans les côtes », racontait Félix Bour dans la zone d’arrivée. La performance de l’Ethiopien Tamirat Tola, lauréat en 2h06’26’’, nouveau record olympique, n’en est que plus impressionnante. Comme à Tokyo il y a trois ans, Nicolas Navarro l’a joué malin en « restant derrière, pour prendre le bon rythme
» quand il a vu que l’allure s’affolait à l’approche de la première montée redoutée dans les rues de Ville d’Avray. Passé en 45e position devant le château de Versailles, à mi-parcours, le Provençal a « couru en gestion, sans s’enflammer, pour ne pas se cramer » jusqu’au sommet du pavé des Gardes à Chaville, au trentième kilomètre. Quand tant d’autres ont commencé à tirer la langue, et réduire la foulée, Navarro a semblé passer la vitesse supérieure. Ramassant les ‘’morts’’ les uns après les autres,
dont les illustres Eliud Kipchoge et Kenenisa Bekele, il a conclu sa chevauchée en 2h09’56’’, à la seizième place. « Je savais que ça allait péter devant. Le bilan est plutôt bon, mais je suis quand même un peu déçu, parce que j’aurais aimé rattraper le petit groupe de devant. Ils n’étaient pas si loin. Au final, chacun est à sa place », soufflait le cinquième des Europe 2022. Il a pu profiter du dernier hectomètre pour saluer la foule massée sur la majestueuse place des Invalides, inoubliable
décor d’un marathon à part, où la foule a fait siffler les oreilles des marathoniens autant que les dénivelé leurs cuisses.
Arrivé quelques instants plus tard, Hassan Chahdi a pris une méritoire vingtième place, en 2h10’09’’. Placé en deuxième rideau tout au long des 42,195 km entre Paris et Versailles puis retour, l’Isérois a montré du cran et du caractère malgré une situation atypique. Prévenu par téléphone la veille à 17h du forfait de Morhad Amdouni, il a dû s’organiser dans l’urgence pour ses ravitaillements avant de monter dans un train pour Paris. Arrivé à 22h à la gare, endormi
à minuit, il s’est « appliqué à rester calme et concentré pour choisir la bonne stratégie. » S’il regrettait d’avoir été « un peu trop en retrait quand un petit groupe s’est formé dans la première côte », Chahdi s’est accroché avec vigueur dans les derniers kilomètres, quand certains de ses concurrents placés devant lui ont connu de vraies défaillances. « Je ne savais pas dans quelle forme j’étais, puisque j’étais en période de repos depuis mercredi, après un stage à Font-Romeu. J’ai senti
dans les premiers kilomètres que j’avais de la fraîcheur. Tout s’est bien goupillé, un peu tardivement, mais j’étais prêt », soufflait-il. Il n’a pas manqué de remercier son entourage, qui lui a « donné la force de ne pas abandonner pendant ces dernières semaines pleines d’incertitude. »
Félix Bour a franchi la ligne en cinquantième position, après 2h13’46’’ d’effort. Le Lorrain avait prévu de courir en « 2h14’-2h15’ », estimant que les deux longues côtes feraient des dégâts parmi les 80 éléments du peloton. « Je suis plutôt satisfait, car je pouvais difficilement viser mieux, en raison de ma préparation écourtée. La matinée a été incroyable avec tout ce monde. Il n’y a que sous les ponts qu’il n’y avait pas trop de bruit, et il n’y
en avait pas beaucoup sur ce parcours. Cela me fait une super expérience, et à 30 ans, j’arrive dans la fleur de l’âge pour un marathonien », expliquait celui qui se donne désormais « quatre ans pour viser un top 20 en 2028 ». Ses camarades de jeu auront sans doute des conseils avisés à lui donner.
A Paris, Etienne Nappey pour athle.fr Photos : KMSP / FFA
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