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NUMÉRO 605 - AUTOMNE 2024

Rénelle Lamote : Le récit d’une folle saison

Au fond du trou l’hiver, dans le dur au printemps, radieuse en été : Rénelle Lamote a réussi à remonter la pente pour obtenir, à Paris, le résultat en grand championnat le plus probant de sa carrière, avec une superbe cinquième place. Histoire d’une renaissance. Rédacteur : Florian Gaudin-Winer - Photos : KMSP

Avril
Le cœur et le tendon d’Achille en souffrance

En stage à Potchefstroom (Afrique du Sud), Rénelle Lamote doit rentrer en urgence en France début avril. Son tendon d’Achille siffle, même lorsqu’elle marche. Le contre-coup de « contraintes émotionnelles ». La demi-fondeuse de 30 ans, qui se définit comme une « hypersensible », a vécu « une grosse rupture amoureuse en février ». Un lien de cause à effet qu’elle explique : « Depuis que je m’entraîne avec Bruno (Gajer), mes blessures ont toujours été liées à des chocs émotionnels. Les conflits du quotidien peuvent avoir un impact terrible sur mon corps. Après l’un deux, je peux être sûre que je vais être fragilisée lors de la séance du lendemain. » C’est sur son entourage, « vachement resserré », qu’elle s’appuie pendant les six semaines sans courir qui suivent. « C’est énorme, surtout en année olympique », relève la double vice-championne d’Europe en plein air.

Juin
Une reprise délicate mais sans panique

La sociétaire du Montpellier AMM doit patienter jusqu’à l’appel du 18 juin pour effectuer sa rentrée à Turku (Finlande). Elle coupe la ligne d’arrivée en 2’00’’76, puis enchaîne à Madrid trois jours plus tard en 2’01’’03. Des chronos loin de ses standards habituels, elle qui compte trente-sept chronos sous les deux minutes. Lors des championnats de France Elite à Angers fin juin, elle échoue au pied du podium. Autant de prestations qui ne correspondent pas à ses sensations à l’entraînement. Que se passe-t-il ? La réponse tombe après des prises de sang. C’est un virus. « En plus, je dois prendre des anti-inflammatoires car mes tendons sont encore super douloureux, précise Rénelle. Un cocktail dramatique pour mon corps. » Mais elle ne panique pas, forte de l’expérience des trois saisons précédentes marquées par des pépins physiques. « Je ressens une impression de déjà vu et je suis mieux préparée qu’avant à gérer ce type de moments. » Le fruit du travail de longue haleine réalisé depuis huit ans avec sa psychologue, Meriem Salmi, qui lui a donné des « bases solides dans (l)a tête ». Et puis, la native de Coulommiers relativise. « J’ai trouvé ce début de saison moins difficile à vivre que ce que j’avais traversé au cours de l’hiver. C’est parfois presque indécent de se dire qu’on joue sa vie sur la piste. Je me suis d’ailleurs rendu compte que le sport était ma bouée de sauvetage. »

Juillet
Le tournant londonien

Après la déception angevine, l’élève de Bruno Gajer met les bouchées doubles à l’entraînement et « retrouve de la confiance ». Un ultime test, à Londres le 20 juillet, lui offre l’occasion de se rassurer. « Je me dis qu’on est à six jours du début des J.O. et qu’on va savoir, maintenant, si oui ou non je peux faire quelque chose à Paris. » À la fois « stressée », « désabusée » et « concentrée sur elle-même », Rénelle Lamote réalise un superbe 800 m. « Tout se met en place, constate-t-elle. Pendant la course, je me dis que je suis à trois secondes de la première et que l’écart ne doit pas augmenter. Lorsque je découvre mon chrono - 1’57’’06 (son record personnel, NDLR), c’est un choc. Le soulagement est énorme. Maintenant, je peux foncer vers les Jeux. »

Août
La maitrise olympique

En 2022, Rénelle Lamote se projetait sur des Jeux à la maison : « C’est quelque chose qui me fait peur. Je crains la foule et, quand on me reconnaît, je me mets encore plus la pression car j’ai envie de bien faire. » Un constat lucide qui l’a poussée à mettre le maximum d’atouts de son côté. « Dès que j’ai su que les Jeux auraient lieu à Paris, j’ai eu conscience que ça pouvait être un cadeau empoisonné. Je suis super fière de moi car on a travaillé là-dessus avec ma psychologue pendant quatre ans. » Accompagnée par cette dernière sur le stade d’échauffement avant chacune de ses courses, la deuxième meilleure performeuse française de tous les temps a couru libérée sur la piste du Stade de France. « Je me suis surprise moi-même, car j’ai su prendre l’énergie du public mais aussi ‘’refermer’’ quand il le fallait, comme lors de la présentation des athlètes en séries », apprécie-t-elle. Une maitrise qui l’a menée jusqu’à la cinquième place de la finale olympique en 1’58’’19, dans une course remportée par la favorite britannique Keely Hodgkinson (1’56’’72). Le meilleur rang de sa carrière en grand championnat au-delà des frontières continentales, neuf ans après sa seule finale mondiale (8e à Pékin). Mais trois mois après, ça n’est pas la performance brute que retient ‘’Réré’’. « La bienveillance du public m’a profondément touchée, j’ai ressenti une vague d’amour, confie-t-elle. Ça m’a encore plus marquée que le résultat en lui-même. »

L’après J.O.
Objectif podium mondial

La sextuple championne de France Elite en plein air a disputé quatre meetings post-olympiques. Sans battre le record national de Patricia Djaté (1’56’’53) - son objectif affiché - mais avec une jolie quatrième place en finale de la Diamond League à Bruxelles. « Continuer les compétitions m’a permis de faire le deuil des J.O. plus facilement que si j’étais partie immédiatement en vacances, explique-t-elle. Je pense que je serais partie en déprime complète. Le retour à la maison après Paris a d’ailleurs été difficile. Mes parents sont venus avec moi car ils s’inquiétaient de me laisser toute seule », sourit la Seine-et-Marnaise. Au sortir de sa « plus belle saison », elle espère enfin vivre en 2025 une année sans blessures et maladies. « Franchement, je sais que ça peut changer énormément de choses. J’ai l’impression que je pourrais atteindre le top 5 mondial (sur le plan chronométrique, NDLR) et être régulière à ce niveau-là. J’ai encore faim. Je fais partie des meilleures du circuit. Je commence vraiment à le conscientiser. Mon rêve, c’est de décrocher une médaille mondiale. » Elle se reprend : « Non, pas mon rêve, mon objectif. »


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