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NUMÉRO 607 - PRINTEMPS 2025 |
Milann Klemenic : Du feu dans les jambes
Du haut de ses 17 ans, Milann Klemenic ne redoute pas la douleur. Le vice-champion d’Europe U18 du 400 m l’a prouvé en février dernier à Liévin en décrochant l’or et le record de France lors des championnats de France U20, malgré une blessure dans le dernier virage. Il sera un des jeunes talents de l’athlétisme français à suivre cet été, avec en ligne de mire les Europe juniors de Tampere (Finlande), du 7 au 10 août. Rédacteur : Mathis Dussaut-Hayard - Photos : Baptiste Daniel / Capture My Sport
Même si ses jambes et ses nerfs sont à bout, hors de question pour Milann Klemenic d’interrompre sa course. Quand il s’agit d’athlétisme, le jeune sprinter sait exactement ce qu’il désire et le prix à payer pour l’obtenir. En février, l’athlète de l’Élan Sportif de Trélissac a marqué les esprits en remportant, en 46’’80, la finale du 400 m des championnats de France indoor U20. Un titre qu’il est allé chercher en repoussant les limites de son corps, serrant les dents dans la dernière ligne droite, malgré une blessure au fessier. S’il s’est effondré, une fois la ligne d’arrivée franchie, ce n’est qu’après s’être assuré qu’il avait aussi en poche le record de France juniors sur piste courte.
« La résilience fait partie de lui », confirme son entraîneur, Emmanuel Huruguen. Depuis six mois, le technicien du Pôle France de Nantes apprend à connaître son nouvel élève, venu rejoindre la structure pour assouvir ses ambitions de haut niveau. Alors que les premiers fruits commencent à tomber, l’exigeant coach ne perd pas de vue les enjeux extra-sportifs du moment. « Milann est un rêveur, ça lui amène beaucoup d’énergie, il est très enthousiaste et je l’aide un peu à canaliser tout ça, à lui donner un cadre. » Si la fougue peut offrir au sprinter les lauriers, elle peut parfois aussi l’aveugler. « L’organisation, c’est très compliqué pour moi, je galère à bien gérer mon temps et j’oublie beaucoup de choses », reconnaît l’intéressé. Rétabli « rapidement » de ses blessures, Milann Klemenic a, un temps, cru pouvoir se faire une place aux championnats d’Europe en salle chez les seniors, à Apeldoorn. « J’ai dû lui rappeler les modalités de sélection, le fait qu’il n’était pas allé aux championnats de France Elite, et qu’il ne pouvait donc pas prétendre à aller aux Pays-Bas », se souvient Emmanuel Huruguen.
Ancien judoka, futur pompier
Ce tempérament de « tête de mule », qui le pousse en permanence à viser l’excellence, Milann Klemenic le tient de sa famille. Aîné de deux sœurs, il s’est pris de passion pour le sport dès l’enfance. « À la base, je faisais du judo mais j’étais vraiment une brindille, donc c’était difficile d’être bon dans cette discipline. J’ai testé l’athlétisme en parallèle et ma morphologie convenait beaucoup mieux », raconte-t-il. Dès ses débuts, Milann Klemenic s’illustre en cross et surtout sur piste. Après des années U16 minées par des blessures successives aux tendons d’Achille (corrigées grâce à des semelles orthopédiques), le jeune sprinter gravit les échelons jusqu’aux championnats d’Europe U18 à Jérusalem, en 2023. C’est toujours son meilleur souvenir athlétique à ce jour, puisqu’il avait pris le bronze avec ses camarades du relais. « C’était incroyable, on était tous connectés et il n’y a eu aucun bafouillage ! C’est à ce moment-là que je me suis dit qu’il fallait que je fasse le maximum pour aller toujours plus haut. »
Aujourd’hui, Milann Klemenic rêve en grand, de battre le record du monde du 400 m dans le futur, mais d’abord de « piquer un deuxième record à Thomas Jordier », celui du tour de piste U20 en plein air (46’’21). En parallèle de sa vie de lycéen, il s’entraîne huit fois par semaine pour se rapprocher de son éden. En dehors du sport, le jeune homme se passionne pour les jeux vidéo, le kart, le quad et… « la pêche, qui apprend à être patient et à savoir utiliser la bonne méthode, en fonction du poisson à attraper. » Plus tard, le Périgourdin se voit pompier de Paris, « parce que c’est l’élite ». Un métier qui le fascine depuis que sa mère l’a conduit dans une caserne, alors qu’il avait tendance, plus jeune, à faire brûler « un peu tout et n’importe quoi ». Depuis, c’est au tartan qu’il met le feu. « Milann sait se fixer un objectif, il est très déterminé, mais parfois, il ne se rend pas forcément compte de ce qu’il vise. Son caractère est assez surprenant, parce qu’il est tout à la fois très désorganisé mais sait exactement ce qu’il veut », synthétise son entraîneur
De la résistance à revendre
Pris entre ses ambitions et ses dispersions, Milann Klemenic reste conscient qu’il lui reste beaucoup à faire. « Je constate que j’ai beau être fort, je ne le suis pas dans tous les domaines. M’entraîner avec des gens ayant un niveau similaire au mien, voire meilleur, ça me pousse à toujours m’améliorer. » Emmanuel Huruguen est impressionné par les qualités de résistance de son jeune élève. « Au niveau de sa cadence, il y a vraiment quelque chose d’intéressant. Il sait ‘’tamponner’’ très fort sur certaines séances dédiées. Il résiste et arrive à conserver de l’efficacité dans sa foulée, y compris quand la fatigue apparaît. » Un bel atout en main pour se frayer une place parmi les meilleurs spécialistes du tour de piste en France. À condition de savoir jouer avec rigueur et méthode.
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