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NUMÉRO 607 - PRINTEMPS 2025 |
Ninon Chapelle : Athlète et coach, la double casquette
Certains des meilleurs athlètes de France mènent en parallèle de leur carrière personnelle une activité d’entraîneur. C’est le cas de Ninon Chapelle, impliquée depuis plus de dix ans dans l’encadrement de jeunes pousses. La co-recordwoman de France du saut à la perche a aussi donné un coup de main à une jeune espoir de son club cet hiver, jusqu’aux championnats de France Elite en salle. Athlétisme Magazine a recueilli son témoignage, ainsi que ceux d’autres têtes d’affiche que vous pouvez retrouvez dans le dernier numéro de la revue fédérale. Rédacteurs : Mathis Dussaut-Hayard et Etienne Nappey. Photographe : Timothey Guillon.
« J’ai fait des études pour être prof des écoles et d’EPS donc j’ai toujours eu cette fibre de la transmission et cette âme d’éducatrice. Depuis 2018, je m’occupe d’un groupe au sein de mon club, l’EA Cergy-Pontoise, tous les mardis soirs, avec des débutants et quelques plus grands. J’aime bien le côté initiation. Il y a des jeunes débutants qui, au départ, me vouvoient et m’appellent Madame, j’ai dû leur interdire ça. Certains ne savent pas que j’ai participé aux Jeux l’été dernier, et je trouve ça très bien car quand j’entraîne, je ne suis pas athlète.
Cette activité est très éloignée de ma pratique, je suis obligée de déconstruire mon approche. Quand un jeune débute, il n’a pas la force physique pour faire vraiment du saut à la perche. Il faut beaucoup s’adapter, et c’est un jeu qui me plaît beaucoup. Trouver les bons mots pour leur faire comprendre un point-clé, c’est parfois plus difficile qu’avec quelqu’un qui a déjà une bonne maitrise de sa discipline. Il faut à la fois les laisser tâtonner et les aiguiller pour les guider vers la progression. Cela demande beaucoup d’attention et de concentration.
« Je tiens beaucoup au respect des juges et des bénévoles »
Ça permet de sortir de l’approche d’un athlète de haut niveau, tout en partageant ce que tu sais faire. J’ai quinze ans de saut à la perche derrière moi. Au fil des années, tu acquiers des compétences dans un domaine, et c’est chouette de le rendre au club. J’ai eu la chance d’avoir plusieurs très bons entraîneurs dans ma carrière. Cela me donne des tiroirs dans lesquels je peux piocher.
Quand on voit un pro qui franchit une barre à 6 m, ça a l’air fluide et presque facile. Pourtant, avant d’en arriver là, il a dû apprendre à courir avec une perche, ce qui n’a rien de naturel, et à la mettre dans un butoir. Comment impulser, comment se retourner au-dessus de la barre, on ne peut pas forcément l’imaginer tant qu’on n’a pas essayé. Certains captent le truc très vite, et c’est hyper impressionnant.
Il n’y a rien qui dit qu’un jeune sera un jour un grand champion, mais qu’ils aient envie et qu’ils soient heureux de venir, qu’ils aient la niaque de la compétition, c’est le meilleur indice qu’on peut avoir sur le fait qu’ils sont à leur place sur un stade. J’essaie de transmettre cette envie. Je tiens aussi beaucoup au respect des juges et des bénévoles. C’est la première chose que m’a inculquée Agnès (Livebardon) : que tu aies réussi ta compète ou non, tu ne quittes pas le sautoir sans avoir remercié les juges.
« Peu importe leur niveau, je me sens complètement impliquée »
Cet hiver, je me suis occupée pour la première fois d’une athlète de haut niveau, Bérénice Wehner, qui est espoir première année. En raison de ma grossesse, je savais que j’étais disponible pour répondre favorablement quand elle m’a sollicitée en décembre. J’y ai bien réfléchi, car je savais que cela demandait un investissement important, d’autant que j’ai bien l’intention de reprendre le saut à la perche de haut niveau après la naissance de mon deuxième fils (Ninon a accouché d’un petit Roméo mi-avril, ndlr). Ses études lui permettaient de s’entraîner en journée, ce qui me convenait bien. Le soir, ça aurait été plus compliqué, parce que cela impactait trop ma vie de famille, il aurait fallu faire garder mon premier fils. J’ai accompagné Bérénice sur trois séances techniques par semaine, et je me suis aussi retrouvée sur tous les concours du Perche Élite Tour, alors même que je ne sautais pas. C’était une expérience très sympa à vivre, et une source de motivation pendant une période un peu plus creuse sur le plan sportif. Dans ces moments-là, on se rend compte qu’on aime vraiment ça.
La gestion de la compétition avec un gros enjeu, avec des points techniques proches des miens, c’était une nouveauté. J’ai pu partager ce que j’ai construit grâce à ma pratique. Je ne suis pas du tout stressée en tant qu’athlète. Plus l’évènement est important, plus je me transcende. Bérénice est un peu plus stressée à la base, et mon côté plus détaché a dû lui convenir. On a réussi à trouver le feeling et nos marques très rapidement. On va s’organiser au mieux pour l’été 2025, et je reprendrai l’entraînement pour ma part en septembre prochain.
Peu importe leur niveau, je me sens complètement impliquée quand je suis avec mes athlètes en compétition. Je sais que si je trouve la bonne consigne au bon moment, ça peut faire la bascule et aider l’athlète à passer sa barre. Certains moments ont de l’importance, et pour moi qui aime la compète, c’est vraiment sympa à vivre, quel que soit l’enjeu, même pour une benjamine qui tente une barre à 1,80 m. »
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