Seremes montre la voie

Portée par un excellent Jonathan Seremes, vainqueur au triple saut grâce à un dernier saut à 17,00 m, l’équipe de France a terminé la deuxième journée des championnats d’Europe par équipes à la cinquième place du classement général provisoire, en embuscade pour le podium.
« Dans ma tête, je savais que je ne pouvais pas perdre. J’arrivais en favori, il n’y avait pas Pichardo, pas Andy Diaz. C’était de l’orgueil ! » Jonathan Seremes a du tempérament et c’est en ayant ses pensées en tête qu’il s’est présenté en bout de piste d’élan, pour le sixième et dernier essai du triple saut, réservé au top 4 provisoire. Et malgré un appel à quinze centimètres de la planche, le sauteur du Stade Bordelais Athlétisme, qui étudie
le management du sport à l’université du Missouri (Etats-Unis), est retombé à 17 mètres pile (-0.1). Une performance qui lui a permis de décrocher sur le fil la première victoire des Bleus à Madrid, alors qu’il occupait jusque-là la deuxième position derrière l’Italien Simone Biasutti (16,94 m).
« Je me sens heureux et surtout content d’avoir rapporté beaucoup de points à l’équipe, savourait celui qui suit les conseils d’un coach bulgare outre-Atlantique. J’avais pourtant les jambes lourdes depuis Charléty, mais j’ai trouvé les ressources pour sauter loin. Je suis fier de moi, surtout d’avoir pu sortir ça au dernier essai. J’étais un peu perdu, j’avais des problèmes de marque, mais j’ai su m’adapter, je sentais que ça montait au fil des sauts.
» Déjà à son avantage il
y a une semaine lors du meeting Diamond League de Paris, avec un record porté à 17,08 m, le longiligne triple sauteur (1,93 m) de 24 ans confirme son nouveau statut sous le maillot tricolore.
Magnou troisième à l’offensive

Avec un état d’esprit qui va, à coup sûr, inspirer ses coéquipiers au cours des deux prochaines journées de compétition. A l’image du natif de Poissy (Yvelines), plusieurs Bleus ont montré la voie à suivre lors de la deuxième partie de session du jour sur la piste verte et surchauffée du stade Vallehermoso. Ce fut le cas de Corentin Magnou sur 800 m qui, pour ses débuts en équipe de France A, n’a pas hésité à se replacer en deuxième position au bout de 200 m derrière
l’intouchable Espagnol
Mohammed Attaoui, au-dessus du lot en 1’44’’01. Une tactique offensive qui a permis au demi-fondeur de l’US Talence d’aller chercher la troisième place en 1’45’’06. « Je savais qu’il y avait un top 3 à aller chercher car, mis à part Attaoui, on était tous dans un mouchoir de poche, confiait l’élève de Bernard Mossant quelques minutes après l’arrivée. Je savais qu’il était capable de faire un gros truc, je voulais m’accrocher le plus longtemps possible. Les 200 derniers mètres, ça commençait à
devenir dur, mais
il n’y a que du positif à retenir. »
Même combativité pour Nicolas-Marie Daru, lui aussi troisième mais sur 3000 m steeple. Derrière l’Allemand Karl Bebendorf, premier à couper la ligne en 8’20’’43 grâce à un dernier kilomètre bouclé en à peine plus de 2’40’’, malgré une température de 35 degrés à l’ombre, le sociétaire de l’AL Echirolles a bataillé jusqu’au bout avec l’Espagnol Daniel Arce pour finalement terminer sur ses talons en 8’22’’39 contre 8’22’’04. Un scénario qui pourrait
lui être utile pour la suite de la saison.
« Aux Europe par équipes, on sait que ça ne va pas courir très vite mais qu’il y a toujours une grosse bagarre à la place, rappelait le militaire. C’est ce que j’aime et c’est ce qui va me permettre d’être au mieux pour les championnats de France et, j’espère, les Mondiaux. »

Chaussinand quatrième d’un concours de très haut niveau
Yann Chaussinand aurait lui aussi aimé intégrer le top 3 au marteau, dans la foulée d’un excellent début de saison avec un record porté à 81,91 m. Le Clermontois, qui avait au départ prévu de faire l’impasse sur cette compétition, avait finalement tenu à faire le déplacement pour le collectif. Pas forcément dans un grand jour et sous un soleil brûlant en ouverture de journée un peu après 18h, il a tout de même assuré l’essentiel en envoyant son engin à 78,45 m
dès le premier essai,
alors que le classement avait des allures de podium mondial avec 81,66 m pour l’Ukrainien Kokhan, 81,27 m pour l’Allemand Hummel et 80,63 m pour le Hongrois Halasz. Même rang pour l’inoxydable Mélina Robert-Michon au disque, qui a assuré l’essentiel avec un jet en ouverture à 60,06 m malgré un manque de repères, dans un concours dominé par la Hollandaise Jorinde van Klinken avec 64,61 m.
A retenir également : les 45’’21 de Téo Andant sur 400 m, 7e avec ce temps à trois centièmes de son record personnel mais qui rêvait d’un premier chrono sous les 45’’. Les autres Tricolores ont été un peu plus en retrait, avec 10’’25 (+0.0) pour Jeff Erius sur 100 m, 52’’08 (9e) pour Amandine Brossier sur 400 m, 16’27’’72 (11e) pour Alessia Zarbo sur 5000 m, 11’’43 (-0.2) pour Sarah Richard Mingas sur 100 m, et 15,48 m (13e) pour Amanda
Ngandu-Ntumba au poids.
La France cinquième à portée du podium
Un temps onzième en début de compétition, l’équipe de France vire en cinquième position du classement général avec 126 points, après les deux premières journées. A distance des Pays-Bas (165,5 pts) de Femke Bol, impériale sur le tour de piste en 49’’48. Mais totalement dans le coup pour le podium puisque la deuxième nation provisoire, l’Espagne (134 pts), n’est qu’à huit points, juste devant l’Italie (133 pts) et la Pologne (131,5 pts).
Aux Bleus de poursuivre sur la lancée impulsée
par Jonathan Seremes.
A Madrid, Florian Gaudin Winer pour athle.fr Photos : Jean-Marie Hervio / KMSP / FFA
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