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Bourgoin, l’éclaircie bleue

Magnifique vainqueure du 800 m en 1’58’’60, à l’issue d’un impressionnant negative split, Anaïs Bourgoin a été la locomotive des Bleus lors d’une troisième journée de compétition compliquée. L’équipe de France, septième du classement général provisoire après notamment la disqualification du 4x100 m masculin, va devoir cravacher pour tenter de se rapprocher du podium ce dimanche.

Le contraste était saisissant, à l’arrivée du 800 m. Avec une Anaïs Bourgoin debout, regard perçant et buste droit, pendant que toutes ses adversaires, allongées sur la piste, tentaient de récupérer dans le four madrilène avec près de 40 degrés au thermomètre. Mais les conséquences d’un double tour de piste se mesurent parfois seulement au bout de quelques minutes. Et c’est avec un sacré mal de tête que la troisième meilleure performeuse française de tous les temps (1’57’’81) s’est présentée devant la presse. Elle savait alors qu’elle l’avait emporté, glanant ainsi seize précieux points pour le camp tricolore, mais elle ignorait son chrono. Et c’est avec un soupçon d’incrédulité qu’elle le découvrait. Vainqueure en 1’58’’60, elle venait de réaliser une course de patronne, à montrer dans toutes les écoles d’athlé.

L’élève d’Adrien Taouji à l’Insep a laissé la Suissesse Audrey Werro et la Polonaise Anna Wielgosz se bagarrer pour prendre la tête après le passage à la cloche sur un rythme relativement lent (1’01’’40), avant de placer une accélération impressionnante dans la ligne droite opposée pour remonter en deuxième position. Dans la dernière ligne droite, elle se décalait et débordait avec autorité Werro, pour l’emporter avec 18 centièmes d’avance sur cette dernière en 1’58’’60, nouveau record des championnats. Une performance stratosphérique au vu du scénario de course, avec un deuxième 400 m bouclé en 57’’’1, réalisée sous les yeux de Patricia Djaté-Taillard, sa première coach et actuelle responsable nationale du demi-fond à la FFA, qui doit se dire que son record de France (1’56’’53) pourrait bien être en danger au cours des prochaines semaines.

« Je suis super contente de gagner ici, c’était capital pour moi, savourait l’ex-policière de la brigade anticriminalité, actuellement en disponibilité. J’y ai pensé dans la dernière ligne droite, ça a vachement joué. Ça me fait aussi une bonne répétition en vue des grands championnats, je vois que je peux répondre présente. Les autres filles se sont un peu excitées, j’ai décidé pour ma part d’y aller progressivement et ça a marché. » La demi-fondeuse de l’Entente Franconville Cesame Val d’Oise aura l’occasion de surfer sur sa grande forme dès samedi prochain lors du meeting Diamond League de Eugene (Etats-Unis), où une course de très haut niveau l’attend. « C’est un long voyage, mais j’ai envie de kiffer ma saison. »

Pauthonnier et Pasquier, des sauteurs au rendez-vous

Si Anaïs Bourgoin commence à avoir l’habitude de se confronter au gratin international, Julien Pauthonnier a plongé ce samedi dans le grand bain - ou plutôt dans le bac à sable. Pour sa première sélection en équipe de France A deux semaines après ses 8,18 m de Pézenas, le sauteur en longueur de l’Athletic Vosges Entente Clubs ne s’est pas dégonflé face à une concurrence de très haut niveau. Car s’il a observé avec de grands yeux le Grec Miltiadis Tentoglou s’envoler à 8,46 m (+1.1), meilleure performance mondiale de l’année, il a aussi été acteur de son concours avec un premier essai mesuré à 7,97 m (+1.0). Soit le deuxième meilleur concours de sa carrière et un contrat parfaitement rempli. « Sur ce saut, j’ai eu l’impression que j’allais tomber en avant, car mes jambes semblaient ne pas répondre, retraçait-il. Mais j’ai réussi à me rattraper. Ensuite, je me suis un peu endormi techniquement. Mais cinquième, ça reste une bonne place pour l’équipe de France. »

Même satisfaction à la hauteur pour le junior Elijah Pasquier, qui fêtera ses 19 ans demain. Pas impressionné par l’enjeu, il a fait preuve de beaucoup de maturité pour franchir 2,18 m, soit le deuxième meilleur saut de sa jeune carrière. Le sauteur du Stade Sottevillais 76 s’est classé neuvième d’un concours remporté par le Tchèque Jan Stefela avec 2,33 m. « Avec cette ambiance, ce concours était exceptionnel à vivre, s’exclamait, plein de fraicheur, le natif de Rouen. C’est de l’expérience en plus. Je suis assez confiant pour la suite, même si je sais qu’il me reste pas mal de choses à bosser. »

Sur la piste verte du stade Vallehermoso, son camarade de club Romain Lecoeur a, lui aussi, assuré sur 110 m haies. Auteur d’une course propre pour éviter une faute potentiellement fatale, il s’est classé sixième en 13’’44 (-0.4) d’une course remportée par le Suisse Jason Joseph (13’’24). Toujours sur les haies hautes mais chez les femmes, Sacha Alessandrini a, elle, pris plus de risques et n’est pas passée loin de la chute en milieu de course. Sur des bases largement inférieures à son record personnel (12’’77) jusque-là, la Niçoise a tout de même réussi à rallier l’arrivée à la septième place en 12’’91 (+2.2), un chrono solide.

Une disqualification qui fait mal

Si les spécialistes du 400 m haies Hugo Menin (courageusement au départ deux jours après une intoxication alimentaire) et Emma Montoya, respectivement onzièmes en 50’’49 et 56’’99, n’étaient pas forcément aux avant-postes, les autres Bleus en lice espéraient mieux. Ilionis Guillaume, en délicatesse avec ses marques après avoir assuré au deuxième essai, a dû se contenter du cinquième rang au triple saut avec 13,90 m. Une semaine après son record de France du disque (70,25 m), Lolassonn Djouhan (Martigues Sport Athlé) a dû s’arracher pour intégrer le top 8 (8e avec 59,83 m). Au marteau, Rose Loga, après deux essais dans la cage, a réussi à valider un jet à 60,54 (13e), loin de son meilleur niveau.

La journée s’est conclue par les deux 4x100 m. Si les sprinteuses (Zahi, Richard Mingas, Parisot, Jean-Charles) ont réussi à rallier l’arrivée, avec une sixième place en 42’’86, cela n’a pas été le cas de leurs homologues masculins (Bizasene, Erius, Thoraval, Priam), en raison d’une ultime transmission cafouillée. Ce sont de précieux points qui s’envolent et, avant la dernière journée de compétition, l’équipe de France occupe le septième rang avec 230,5 points, à vingt-six points du troisième, la Pologne, alors que l’Italie (290 pts) domine pour l’instant largement les débats. Il faudra de nombreux exploits, ce dimanche, pour s’inviter sur la boîte.

A Madrid, Florian Gaudin Winer pour athle.fr
Photos : Jean-Marie Hervio / KMSP / FFA

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