Une semaine après sa deuxième place sur le cross long des championnats de France au Mans, Jacqueline Gandar a créé la sensation, dimanche 13 mars, en améliorant le record de France espoirs du semi-marathon de plus de quatre minutes. En 1h11'21, l'athlète du Havre AC s'est également approchée à moins de trois minutes du record de France seniors (1h08'34), détenu par Christelle Daunay. Qualifiée pour les championnats du monde de semi-marathon à Cardiff (Grande-Bretagne) le 26 mars, la protégée de Jean-Jacques Nouet a toutefois préféré faire l'impasse pour récupérer et reprendre l'entraînement en vue des championnats d'Europe cet été à Amsterdam (Pays-Bas), pour lesquels elle a atteint le niveau de performance requis (1h15'). À bientôt vingt-deux ans, « Jacquotte » laisse éclater au grand jour un énorme potentiel déjà entraperçu lors de son record de France espoirs du 10 km (33'13) le 18 octobre dernier. Jusque-là davantage à l'aise sur les labours, l'étudiante en quatrième année d'école d'ingénieurs près de Rouen prend de plus en plus de plaisir sur le bitume et le tartan. Actuellement en stage à l'Institut National de la Recherche Agronomique où elle étudie « l'importance des coquelicots sur la pollinisation des abeilles », Jacqueline Gandar accepte de revenir sur son exploit et d'évoquer la suite d'une saison prometteuse. Jacqueline, pouvez-vous décrire votre course de dimanche ? Je me sentais vraiment bien, j'avais de très bonnes sensations. Mes jambes ont bien répondu dès le début de la course. Le parcours était très roulant, idéal pour faire un chrono. Avec mon entraîneur (NDLR : Jean-Jacques Nouet), on ne savait pas trop comment partir. Il m'a dit d'écouter mes sensations et de partir sur un rythme de 3'35 au kilo, soit sur les bases d'1h15'30. Mais dès le début, j'ai tout de suite été plus rapide. J'ai voulu rester dans le groupe de devant, qui s'était détaché pour ne pas rester isolée. Mes sensations étaient de mieux en mieux, j'ai réussi à maintenir une bonne allure. Je suis passé en 34'10 au 10 km sans penser au chrono final. Entre le 10e et le 15e km, j'étais très relâchée, contrairement à d'habitude. J'ai pris beaucoup de plaisir. Au 16e km, j'ai commencé à lutter, mais je savais que c'était bientôt la fin. Avez-vous été surprise par le chrono et ce record de France espoirs pulvérisé ? Oui, je n'y pensais pas du tout.! Déjà, je ne m'attendais pas à battre le record de France espoirs sur 10 km l'an dernier (NDLR : 33'13 le 18 octobre 2015). Là, j'espérais faire un bon chrono mais j'étais plus dans l'optique de battre mon record. Je n'ai jamais imaginé un tel chrono ! J'étais très émue à l'arrivée. Mon entraîneur et mon groupe d'entraînement étaient tous là pour m'encourager. Il y avait aussi Sylviane (NDLR : Levesque-Marguin, ancienne internationale sur marathon), qui me donne beaucoup de conseils, et mon père, qui m'a fait la surprise de venir. Je voudrais tous les remercier. Comment vous êtes-vous préparée à ce semi-marathon ? J'avais prévu de faire un semi depuis longtemps. J'en avais déjà couru un il y a un an et demi (1h17'21 le 21 septembre 2014). En septembre, j'ai dit à mon entraîneur que j'avais envie d'en refaire un. On a incorporé plus de sorties longues dans ma préparation. Je suis aussi partie en stage au Portugal avec l'équipe de France de semi-marathon en janvier. Il y avait une très bonne dynamique, ça m'a beaucoup motivée. Avec la préparation pour le cross long, on n'a pas pu placer de semi plus tôt dans la saison. Là, ça tombait bien, il y en avait un dans la région juste après les France de cross. J'appréhendais un peu l'enchainement, mais j'ai bien récupéré la semaine d'avant et profité de ma forme. Comment se présente la suite de votre saison ? J'ai dû décider en seulement quelques heures de ne pas participer aux championnats du monde de semi-marathon (NDLR : Cardiff, le 26 mars). J'ai eu du mal à prendre cette décision, ce n'est pas un choix facile. J'en ai beaucoup parlé avec mon entraîneur après la course. On pense qu'enchainer deux semi-marathons en deux semaines, ce serait trop risqué. Je vais donc couper pendant une semaine et reprendre tranquillement l'entraînement avec de la piscine, du vélo et de la course. Cet été, si je suis sélectionnée, le but sera d'arriver en forme aux championnats d'Europe. Dans tous les cas, je ferai de la piste pour améliorer mes fins de course : du 1 500 m, peut-être un 3 000 m aux interclubs et du 5 000 m. Je ne sais pas encore si je courrai un 10 000 m. J'aimerais bien améliorer tous mes chronos cet été et représenter au mieux l'équipe de France aux championnats d'Europe. Un de mes objectifs est aussi de me qualifier sur 5 000 m aux championnats méditerranéens espoirs (NDLR : Tunis, les 4 et 5 juin), si j'ai le temps d'en courir un avant pour faire les minima. Entre le cross, la route et la piste, sur quelle surface vous sentez-vous le mieux ? J'adore le cross ! Dans la préparation comme en course, j'aime les sensations, ne pas faire attention au chrono, la nature, l'ambiance... Je prends aussi de plus en plus de plaisir sur route et sur piste. Depuis deux semaines, je suis en stage d'études en pleine campagne. Il y a plein de chemins partout, j'aime beaucoup. Je prends plus de plaisir sur les distances longues, mais je veux d'abord bien progresser sur piste. Après mon semi, on m'a parlé de marathon, mais ça me paraît encore loin. Je suis trop jeune pour cette distance. Mais pourquoi pas un jour ? Propos recueillis par Camille Vandendriessche pour athle.fr Retrouvez la biographie de Jacqueline en cliquant ici Retrouvez tous les reportages, interviews et résultats de l’athlétisme en vous abonnant sur ce site à Athlétisme Magazine, le mensuel de référence de l’athlétisme français. Cliquez ici !! |