Ils n’auront pas fait le voyage pour rien. En pleine période de pénurie de carburants, les juniors et espoirs hommes du Tarn Sud Athlétisme ont remporté à Mulhouse, en Alsace, les Interclubs jeunes promotion, le week-end des 23 et 24 octobre. Au terme de deux jours d’une lutte serrée, Gaëtan Carpe, Cédric Baud (juniors), Hugo Bousquet, Julien Assémat, David Milési, Jérémy Farenc, Gaëtan Cals, Benjamin Alquier et Bruno Bernard (espoirs) ont glané 9 866 points, devançant le Caen Athletic Club ( 9 743 pts) et le SPN Vernon (9 435 pts). Une bonne habitude pour les Tarnais : en 2008, à domicile, ils avaient déjà raflé la mise. Depuis 2006, le club n’a plus quitté les quatre premières places chez les juniors-espoirs masculins. Explication de la réussite de ce club qui s’étend sur six communes et compte environ 400 licenciés, avec son président, Roger Juan, qui entraîne aussi les marcheurs.
Athle.com : Castres-Mulhouse, ce n’est pas la porte à côté… Roger Juan : Oui. En 2009, lors de l’édition précédente, les championnats avaient été organisés à Forbach, encore plus loin. Mais les minimes-cadets garçons avaient quand même fini deuxièmes, tandis que les juniors-espoirs terminaient quatrièmes. Cette année, les jeunes sont partis dans un minibus et une voiture, avec deux chauffeurs par véhicule. Le départ avait lieu vendredi à 8 h 30 du matin et le retour lundi après-midi. On a dû demander à certains parents de pouvoir autoriser leur enfant à rater un peu d’école. Il a fallu payer l’hôtel, les repas. Cela représente un coût. En tant que club formateur, nous préférons organiser ce type d’événement chez nous.
Quelles étaient les ambitions du club avant cette compétition ? L’objectif était tout tracé. Je n’ai pas pu aller en Alsace, mais l’équipe de jeunes est venue me voir avant et m’a dit : ‘On va te ramener de Mulhouse le titre de champion de France’. Ils étaient motivés les gamins ! L’an prochain, ça sera sûrement beaucoup plus difficile, car sur les neuf athlètes qui ont participé au titre, beaucoup vont passer seniors. Je le répète, nous sommes un club formateur. Les jeunes, ça va jusqu’en espoir, mais après, beaucoup partent pour étudier ou travailler. Quand ils vont à la fac à Albi, ce n’est pas trop loin, ils peuvent revenir une fois par semaine pour s’entraîner. Mais quand ils partent à Toulouse, c’est déjà une autre histoire. On ne peut pas les empêcher de partir ni leur reprocher de rejoindre des clubs universitaires là-bas.
Que représentent les Interclubs jeunes pour un club comme le vôtre ? C’est la seule compétition où nous pouvons tenir le haut du pavé à l’échelle d’une équipe. C’est super de pouvoir dire que l’on a une équipe du Tarn Sud Athlétisme championne de France. Et puis ça peut inciter des jeunes à nous rejoindre…

Vous avez terminé premiers chez les juniors-espoirs masculins en 2010 et 2008, deuxièmes en 2007 et quatrièmes en 2006 et 2009. Les minimes-cadets ont, quant à eux, été deuxièmes l’an dernier et ont gagné en 2008. Comment expliquez-vous cette régularité ? Les jeunes qui ont gagné la semaine dernière ont commencé à l’école d’athlétisme, ça fait un bail. On les connaît comme si on les avait vus naître et eux nous connaissent un peu comme leurs grands-parents. Ils sont assidus à l’entraînement et une bonne partie des parents vient régulièrement. Les athlètes se dévouent souvent pour qu’il n’y ait pas de trou lors des compétitions par équipes et que l’on ne perde pas 800 points d’un coup.
Par contre, chez les filles, le bilan est plus décevant… Oui. Les filles, après 16 ans, ont d’autres objectifs que l’athlétisme, même si sur le plan individuel, nous avons de bonnes athlètes. Mais lors des entraînements, je constate qu’il leur est plus difficile d’être assidues. Évidemment, nous ne faisons aucune discrimination, les filles sont les bienvenues…
Le Tarn Sud Athlétisme regroupe six clubs (Aussillon, Castres, Labruguière, Lacaune, Sorèze et Vielmur). Comment se passe la collaboration entre les différentes entités ? Les clubs entraînent les gamins comme ils veulent. Quand un jeune veut intégrer une équipe, nous prenons les meilleurs, selon les performances. Les critères sont clairs, cela se passe bien. Nous travaillons beaucoup par téléphone et Internet. Aussillon et Castres sont les principaux pourvoyeurs d’athlètes dans les plus grandes catégories, les autres clubs nous apportent surtout des enfants jusqu’aux minimes.
Et vous arrivez à créer un esprit d’équipe ? Oui. A Dreux par exemple, lors du Challenge national équip’athlé, nous avons envoyé deux équipes. Les gamins qui n’ont pas pu être alignés à Dreux, mais qui étaient en piste lors de la compétition interrégionale étaient déjà heureux d’être sélectionnés.
Désormais, quels sont les objectifs pour cette nouvelle saison ? Le premier est d’être reconnu au niveau local comme un club formateur. Ensuite, il y aura les cross. Mais nous n’avons pas encore eu l’occasion de regarder de près le calendrier. L’hiver, nous n’avons pas de salle et nous nous occupons beaucoup des plus petits, en école d’athlétisme et jusqu’aux minimes, en s’entraînant dans des gymnases. Si l’on veut faire de la salle, il faut aller jusqu’à Bordeaux, à deux heures de route, alors nous essayons de motiver les plus grands pour participer à la saison de cross. D’ailleurs cette année, nous organisons les championnats régionaux de cross. Chez les seniors, nous sommes en Nationale 2 et nous souhaitons y rester. Au niveau supérieur, nous n’aurions pas les moyens financiers nécessaires.
Propos recueillis par Yann Bouchez pour athle.com
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