Chaque jour, retrouvez ici une présentation d’un ou une athlète ayant marqué une édition des Jeux olympiques de son empreinte. Records du monde, collections de médailles et exploits de légende seront au menu cette rubrique. A l’heure de trouver une athlète ayant marqué les Jeux olympiques de sa griffe, il nous est apparu que le relais 4x100 m, dont la finale est programmée ce vendredi, était traditionnellement un rendez-vous des plus grandes dames de l’histoire de l’athlétisme. Alors plutôt que d’en célébrer une plus que les autres, nous avons choisi d’en rassembler quatre dans un « relais de rêve », au mépris de leurs nationalités et de leurs époques. Au départ, se trouve la pionnière, Fanny Blankers-Koen, et ses seize records du monde battus dans huit épreuves différentes. Le sommet de sa forme se situe pendant la seconde guerre mondiale. Sans cela, elle aurait sans doute laissé une trace encore plus grande dans les livres d’histoire. Cela ne l’empêche pas d’être la star incontestée des Jeux de Londres en 1948. Elle y devient la première femme à y remporter quatre médailles d’or : 100 m, 200 m, 80 m haies et 4x100 m avec ses camarades de jeu des Pays-Bas. Le tout alors qu’elle est déjà deux fois mère de famille, à une époque où la légitimité du sport féminin fait encore débat. Elle gagne ainsi le surnom de « ménagère volante ». Première à comprendre les bienfaits et l’intérêt d’un entraînement intensif, la Hollandaise fait entrer l’athlétisme féminin dans une nouvelle ère. En guise de deuxième relayeuse, Wilma Rudolph pour éclairer la ligne opposée de sa gracieuse silhouette. Aux Jeux de Melbourne en 1956, la toute jeune « Skeeter » prend la troisième place du 4x100 m avec le relais américain. Quatre ans plus tard, l’étincelante Gazelle noire éclabousse de son talent les Jeux olympiques de Rome en 1960. Âgée d’à peine 20 ans, elle fait parler la poudre sur 100 m puis sur 200 m, qu’elle boucle à chaque fois avec plusieurs mètres d’avance sur ses poursuivantes. Elle récidive encore sur 4x100 m quelques jours plus tard. Ses fines jambes, qui ont combattu un accès de poliomyélite dans sa jeunesse, et la souplesse de son allure font penser à une décennie remplie d’or et de records. Mais elle met fin à sa carrière dès 1962 pour élever ses enfants. Son influence sur le sprint américain et mondial perdura bien longtemps après sa retraite. Pour le deuxième virage, l’excellente vireuse Betty Cuthbert. L’Australienne s’offre un triomphe à domicile en 1956, dans le stade olympique de Melbourne, alors qu’elle vient de fêter ses 18 ans ! Moins à l’aise sur 100 m que sur la distance supérieure, elle parvient néanmoins à décrocher les deux titres, puis même un troisième avec le relais local. Cela n’a rien d’une surprise, puisque la « Golden Girl » a amélioré le record du monde du demi-tour de piste quelques semaines auparavant, pour le porter à 23’’2. Une blessure l’empêche de défendre ses chances convenablement sur 100 m quatre ans plus tard, et elle ne peut offrir une résistance digne de ce nom à Wilma Rudolph. Lassée, elle annonce la fin de sa carrière. Mais elle sort bien vite de sa retraite et se fixe alors sur 400 m. Lors des Jeux de Tokyo en 1964, elle décroche un nouveau titre suprême, et reste à ce jour la seule athlète (hommes et femmes confondus) à avoir remporté une couronne olympique sur 100 m, 200 m et 400 m. Enfin, comment ne pas finir avec Evelyn Ashford, la dernière dans l’ordre chronologique. L’Américaine, elle aussi phénomène de précocité, débute aux Jeux à Montréal en 1976. Elle y prend la cinquième place du 100 m, mais ne peut empêcher la déroute du 4x100 m US, qui échoue à la 7e place. Absente en 1980 en raison du boycott de Moscou par l’Oncle Sam, on la retrouve en 1984, pour une revanche de son abandon en finale des premiers championnats du Monde organisés l’année précédente. Elle fait aisément le doublé avec le 4x100 m. En 1988, bien qu’en grande forme, le phénomène Florence Griffith-Joyner la relègue à un rôle de faire-valoir, et Evelyn doit se contenter de l’argent sur la ligne droite. Son association avec Flo-Jo pour le relais fait évidemment des merveilles et les Etats-Unis conservent leur titre. La carrière d’Ashford touche à sa fin au début des années 90, mais Ashford pousse le plaisir jusqu’à Barcelone, où elle participe à ses quatrièmes Jeux olympiques et prend part au relais 4x100 m américain qui devance d’un souffle la CEI, héritage de feu l’URSS. La boucle est bouclée. Les règlements internationaux nous obligeant à sélectionner deux remplaçantes, Bärbel Wöckel et Shirley Strickland sont aussi de la partie. L’Allemande de l’Est a remporté par deux fois le 200 m des Jeux olympiques ainsi que le 4x100 m. D’abord à Montréal en 1976, puis quatre ans plus tard à Moscou, même si la deuxième édition de cet exploit fut, peut-être, un peu facilité par l’absence des Etats-Unis. L’Australienne Shirley Strickland est peut-être la moins rapide intrinsèquement de ce groupe de jeunes filles, mais elle est celle qui compte le plus de médailles olympiques à son palmarès : sept, dont trois titres. Une analyse postérieure de la photo-finish du 200 m de Londres en 1948 montre que Strickland méritait le bronze ce jour-là, alors qu’elle fut classée 4e et donc privée d’une huitième breloque. Elle remporta en revanche par deux fois le 80 m haies, en 1952 et 1956. Elle fut également membre du relais australien sacré à Melbourne, aux côtés de Betty Cuthbert, ce qui lui offre une place dans ce collectif imaginaire, qui a fière allure. Etienne Nappey pour athle.fr -------------------- 09/08 - C'était il y a... : Jonathan Edwards, la grâce et la gloire 08/08 - C'était il y a... : Jackie Joyner-Kersee, polyvalente dans l’excellence 07/08 - C'était il y a... : Al Oerter, la bête de concours 06/08 - C'était il y a... : Kevin Young survole le monde 05/08 - C'était il y a... : Jesse Owens, symbole malgré lui 04/08 - C'était il y a... : Carl Lewis au firmament 03/08 - C'était il y a... : Raymond Ewry voit triple |