Les meilleurs entraîneurs de France se sont donné rendez-vous pour alimenter cette rubrique, qui reviendra tous les soirs sur une épreuve de la journée. On y parlera technique, gestion et émotion. Jacques Danail a suivi avec attention les lanceurs de javelot lors de leur finale, et nous livre son sentiment sur cette finale étonnante. Avez-vous été aussi surpris que le grand public de cette victoire de Keshorn Walcott ? Oui, c'est vraiment un concours surprise. Il réalise la meilleure performance mondiale junior de l'année. Je pense que c'est la première fois dans l'histoire qu'un junior remporte le titre olympique au javelot ! Je l'avais vu lancer à Barcelone il y a un mois lors de son titre mondial junior. Il avait gagné lors du dernier essai. C'est un bon lanceur, mais de là à l'imaginer champion olympique... Les favoris ont presque tous failli dans ce concours... Effectivement. Le plus déçu d'entre eux doit être Vesely, qui a lancé à plus de 88 m en qualifications avec une facilité extrême. Il avait vraiment marqué son territoire tout au long de la saison, et si j'avais eu un pari à faire, j'aurais misé sur lui les yeux fermés. Sur ce que j'ai vu de lui, il n'était pas dans le rythme, à côté de l'évènement. J'ai également été déçu par Thorkildsen, qui a lui aussi manqué de rythme. Ce qu'il a fait est très loin de ce qu'il fait habituellement, et c'est tout de même une référence technique. Peut-être que sa blessure lors des Europe l'a handicapé. Il y a eu aussi Vasilevskis, De Zordo ou Bannister éliminés dès les qualifications. Finalement, seul Pyatnytsya a tenu son rang. Comment expliquer ces défaillances ? Je ne sais pas. Je n'étais pas sur place, et j'attends avec impatience de savoir quelles étaient les conditions de lancer. Le vent a pu changer beaucoup de choses. Après, ils ont peut-être été bluffés tout simplement par le junior qui lance 83 m puis 84,50 m dès ses deux premiers essais et ne sont jamais revenus. C'était vraiment un concours hyper bizarre. Ce n'était pas un grande finale, mais il y avait un grand junior ! Peut-on parler d'une relève du javelot ? On ne sait pas ce que Walcott fera dans les années à venir, s'il arrivera à se maintenir. On peut en tout cas parler d'une évolution certaine du javelot dans les années à venir, parce qu'en plus de ce junior, il y avait aussi le Kenyan Julius Yego présent dans cette finale. Tous les deux ont une technique encore « brute de fonte ». C'est correct, mais ce n'est pas du niveau des habituels leaders du javelot. Ils compensent avec une grosse vitesse de bras et des qualités physiques impressionnantes. Ce qu'il faut souligner, c'est que Trinidad-et-Tobago et le Kenya sont deux pays qui ne sont pas des pays de javelot. Cela veut dire qu'il y a une ouverture qui est en train de s'opérer au plus haut niveau mondial. Même s'il y a toujours trois Finlandais en finale olympique, les choses commencent à changer. Ça peut donner des idées, notamment à la France. Etienne Nappey pour athle.fr -------------------- 10/08 - L'oeil du technicien : la finale du saut à la perche masculin 09/08 - L'oeil du technicien : le décathlon masculin 08/08 - L'oeil du technicien : la finale du saut en longueur féminin 07/08 - L'oeil du technicien : la finale du 100 m haies féminin 06/08 - L'oeil du technicien : la finale du 400 m masculin 05/08 - L'oeil du technicien : la finale du 3000 m steple masculin 04/08 - L'oeil du technicien : la finale du 100 m féminin 03/08 - L'oeil du technicien : la finale du lancer du poids masculin |