Chaque jour, retrouvez ici une présentation d’un ou une athlète ayant marqué une édition des Jeux olympiques de son empreinte. Records du monde, collections de médailles et exploits de légende seront au menu cette rubrique. Au départ du marathon olympique de Rome en 1960, sur la place du Capitole, bien malin est celui qui a misé sur le futur vainqueur. Quatre ans auparavant, le grand Emil Zatopek, auteur du fabuleux triplé 5 000 m - 10 000 m - marathon à Helsinki, avait connu la défaite face au Français Alain Mimoun. Les deux héros ne sont plus là en 1960, et la course semble ouverte. Le Marocain Rhadi Ben Abdesselem en est le grand favori, mais ils sont nombreux à rêver du titre suprême. Pendant trente kilomètres, il mène sans sourciller, mais une silhouette inconnu le suit toujours. Flanqué du numéro 11, un Ethiopien inconnu aux pieds nus tient la cadence. Il était arrivé dans la ville éternelle avec une performance d'engagement de 2h17. Toutefois, ce chrono réalisé à Addis Abeba, dans des conditions incertaines, paraît fantaisiste. Mais le sergent de la garde impériale d'Haile Selassie, découvert par hasard par un entraîneur suédois exilé du nom de Niskanen, tient le rythme de Rhadi. Il accélère même sur la fin de course et vient couper la ligne en 2h15'16, nouveau record du monde. Son triomphe a lieu sous l'arc de Constantin donne une dimension symbolique à cet exploit, 25 ans après l'invasion de l'Ethiopie par les forces armées italiennes. Le nouveau champion olympique, qui a la modestie chevillée au corps, déclare que « beaucoup de mes camarades de la garde impériale aurait pu l'emporter à ma place ». Après cela, Abebe espace ses apparitions en Europe, la plupart du temps pour des cross. Le record de l'heure, alors référence mondiale du fond, n'intéresse pas le coureur de nature qu'est Bikila. L'homme court à l'instinct, le chronomètre ne fait pas partie de son univers. Son unique objectif est la défense de son titre à Tokyo. Il passe tout près d'en être privé, puisqu'il est opéré, en urgence et dans le plus grand secret, d'une appendicite le 16 septembre 1964, synonyme de quinze jours d'arrêt. Cinq semaines plus tard, il offre un nouveau récital au public japonais. Désormais chaussé de souliers de marque, il boucle son marathon en 2h12'11, et améliore encore la meilleure marque planétaire. A peine essoufflé, il repousse les infirmières venues à sa rencontre à l'arrivée, et débute une séance d'assouplissements, provoquant l'hilarité générale dans le stade. Bikila est fêté en héros à son retour au pays. Abebe revient à Mexico, encore favori malgré ses 36 ans. Habitué à la préparation en altitude, il est toutefois handicapé par une blessure à un genou, consécutive à une fracture du péroné en 1967. Il n'a d'ailleurs pas disputé les sélections nationales pour cette raison, et a été retenu sur sa classe naturelle et son palmarès. Il ne peut toutefois qu'abandonner avant la mi-course, et laisser son compatriote Mamo Wolde l'emporter dans un temps modeste. C'est le début d'une fin tragique pour le héros éthiopien. Victime d'un accident de la route l'année suivante sur une route de campagne, qui le laisse paralysé, il s'éteint cinq ans seulement après son dernier marathon. Etienne Nappey pour athle.fr -------------------- 11/08 - C'était il y a... : Robert Korzeniowski, le marcheur volant 10/08 - C'était il y a... : Le 4x100 m féminin, l’épreuve des légendes 09/08 - C'était il y a... : Jonathan Edwards, la grâce et la gloire 08/08 - C'était il y a... : Jackie Joyner-Kersee, polyvalente dans l’excellence 07/08 - C'était il y a... : Al Oerter, la bête de concours 06/08 - C'était il y a... : Kevin Young survole le monde 05/08 - C'était il y a... : Jesse Owens, symbole malgré lui 04/08 - C'était il y a... : Carl Lewis au firmament 03/08 - C'était il y a... : Raymond Ewry voit triple |