C’est dans le car Marseille-Martigues, dans lequel elle monte tous les soirs de la semaine après avoir suivi des cours en licence de psychomotricité (un compromis passionnant entre la psycho et les sciences pures) dans la cité phocéenne, que Clémence Calvin répond aux questions d’athle.fr. Heureuse, après s’être emparée de son premier record de France début octobre. Celui du 10 km espoirs, avec une course bouclée en 33’53’’ (ancien record : 34’22’’ par Patricia Laubertie en 2010) lors des 10 km de Paris Centre, le 7 octobre. Athle.fr : Clémence, vous attendiez-vous à battre le record de France espoirs du 10 km de près de trente secondes ? Clémence Calvin : L’an dernier, je devais déjà m’attaquer à ce record lors de la corrida de Houilles fin décembre, après les championnats d’Europe de cross, mais je m’étais blessée. J’ai mis du temps à reprendre l’entraînement et je n’ai pas non plus battu cet été le record de France du 5000 m espoir. J’ai pris un mois de pause et je suis retournée à l’entraînement fin août. En fait, j’ai sans doute assimilé tout le travail effectué l’été dernier puisque j’ai très vite été en forme après ma reprise. Je voulais battre le record de France mais je n’imaginais certainement pas l’améliorer d’autant. Comment vous êtes-vous sentie pendant la course ? Je n’avais pas spécialement confiance en moi donc je suis partie lentement, en 3’27 sur les premiers kilomètres. Je suis passée à mi-course en 17’04 puis j’ai réussi à bien relancer, avec deux kilomètres avalés chacun en 3’18. Je n’ai pas souffert, malgré une baisse de régime classique au septième kilomètre. Ce n’était que le quatrième 10 km (ndlr : en fait, le cinquième) de ma carrière. Je manquais de repères. Lors du prochain, j’aurai moins d’appréhension. Que représente cette performance pour vous ? C’est mon premier et seul record de France. J’ai été vachement frustrée de ne pas m’emparer de celui du 5000 m espoirs donc je me console avec celui-ci. Un record, c’est mieux qu’un titre car ça permet parfois de rester longtemps sur les tablettes. Après un bon début de saison hivernale fin 2011, on vous a ensuite beaucoup moins vue. Que vous est-il arrivé ? J’ai été victime d’une ténosynovite (ndlr : tendinite caractérisée par une inflammation d'un tendon et de sa gaine synoviale) du long fibulaire (ndlr : un muscle qui s'étend du haut de la face externe de la jambe au premier métatarsien du pied) à la jambe droite. Cette blessure est apparue d’un coup à la fin de l’échauffement, la veille des championnats d’Europe de cross. Elle est vraiment tombée au mauvais moment. J’ai essayé de reprendre au bout d’un mois mais je sentais toujours la douleur. J’ai ensuite alterné les périodes de reprises et de repos. J’ai pu faire mon premier entraînement sur piste début avril puis ma première séance spécifique début mai. On vous a vu faire ensuite une incursion réussie sur 3000 m steeple, avec un titre de championne de France espoirs… Après le 5000 m des championnats de France Elite, lors duquel j’ai échoué tout près du record de France espoirs, je me suis dit : pourquoi ne pas tenter le steeple pour changer d’air ? J’ai fait une seule séance technique. J’arrivais à franchir la rivière mais il n’y avait qu’un grand tapis à la place de l’eau. Le jour de la compétition, j’ai pris confiance sur les barrières mais j’ai atterri à chaque fois pieds joints après la rivière. Le steeple m’a tout de même pas mal plu. Je réessayerai sans doute. Votre record de France a-t-il aiguisé votre appétit pour la suite de la saison ? J’espère déjà tenir la saison jusqu’au bout sans me blesser. J’axe ma préparation sur le renforcement pour éviter les blessures bêtes. Je participerai au cross seniors à Allonnes mais je participerai normalement avec les espoirs aux championnats d’Europe. L’an dernier, j’ai terminé huitième après avoir fait la course aux avant-postes. J’ai beaucoup appris et j’espère faire mieux. A Londres, en l’absence de Christelle Daunay à cause d’une blessure, il n’y avait aucune Française en demi-fond et fond. C’est dur de prendre la relève ? Le niveau international est élevé en demi-fond. Il y a deux générations actuellement : celle de Christelle et puis nous, qui sommes en train de nous former. Cela va venir mais nous avons besoin de temps. C’est normal qu’il y ait un creux à un moment. Propos recueillis par Florian Gaudin-Winer pour athle.fr Retrouvez la biographie de Clémence cliquant ici
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