Athle.fr vous fait revivre chaque jour, jusqu’à la fin de l’année, les grands moments d’une riche et belle saison pour l’athlétisme français. Des Jeux olympiques de Londres aux championnats d’Europe d’Helsinki, en passant par les Mondiaux Juniors de Barcelone, retrouvez avec plaisir et nostalgie le top 10 de la rédaction. 1er Lavillenie sur le toit de l’Olympe Une statue du Commandeur. Renaud Lavillenie vient d’être sacré champion olympique, après l’échec de Bjorn Otto à son troisième essai à 5,97 m. Mais il refuse d’exploser, de savourer et de réaliser. Il est encore dans son concours, le visage impassible, laissant pour l’heure les pleurs et le bonheur à ses proches. Il échouera d’abord à 6,02 m puis par deux fois à 6,07 m. Qu’importe, il vient d’entrer au panthéon du sport français. Petit retour en arrière, lors de sa dernière tentative à 5,97 m. Dos au mur, dans un remake des championnats d’Europe d’Helsinki, Renaud n’a plus le choix. Les Allemands Otto et Holzdeppe sont passés au premier essai à 5,91 m. Le Français a donc fait l’impasse à cette hauteur après un premier échec et, après un saut raté à 5,97 m, il joue sa dernière cartouche. Va-t-il résister à la pression, le jour le plus important de sa vie d’athlète ? Oui ! Il efface 5,97 m grâce à un saut magnifique et très propre. C’est l’heure d’exulter, les poings serrés, en quittant le sautoir au sprint dans un hurlement de bonheur. L’athlétisme français attendait depuis seize ans un champion olympique. Ce 10 août, lors d’un doux soir d’été londonien et sous un ciel sans nuages, il a trouvé un successeur à Jean Galfione, sacré dans la même discipline en 1996. En 1984, c’était aussi un perchiste, Pierre Quinon, qui s’était couvert d’or à Los Angeles. Renaud Lavillenie est leur successeur. Il est aussi aujourd’hui le plus grand perchiste français de l’histoire. 2e L’argent du bonheur pour Mekhissi-Benabbad
 Le métal et la joie sont les mêmes qu’il y a quatre ans. Mais l’histoire est différente, et la révélation des Jeux de 2008 évolue désormais dans une autre dimension. En décrochant à Londres la médaille d’argent olympique, le Français a répondu aux attentes et résisté à la pression. Dans un curieux parallèle avec 2008, Mahiedine termine à nouveau entre deux Kényans, Ezekiel Kemboi et Abel Kiprop Mutai (Brimin Kipruto, cinquième, a chuté à un peu plus de six cents mètres de l'arrivée). Le premier nommé était au-dessus du lot. Vainqueur en 8’18’’56 avec un dernier kilomètre bouclé en 2’35’’31, il s’est même permis de terminer la course au couloir huit. Avec ses 8’19’’08, le Rémois n’a jamais pu l’inquiéter. Il a même fait trembler son entraîneur, en attendant les 250 derniers mètres pour réagir à l’attaque de Kemboi et remonter de la cinquième ou sixième place au deuxième rang. Il ne manque désormais plus qu’un titre mondial ou olympique à Mahiedine Mekhissi-Benabbad pour enrichir un palmarès déjà très fourni, avec également deux titres européens et une médaille de bronze mondiale. Son bonheur partagé avec Ezekiel Kemboi après l’arrivée, et leur échange de maillots, resteront comme un des moments forts de cette édition 2012 des Jeux olympiques. 3e Doublé français sur le 100 m des championnats d’Europe d’Helsinki
 Cinquante après Claude Piquemal et Jocelyn Delecour, Christophe Lemaitre et Jimmy Vicaut offrent à la France un magnifique doublé sur le 100 m des championnats d'Europe, en 10’’09 et 10’’12. L’attente a été longue sur la piste d’Helsinki. Christophe Lemaitre et Jimmy Vicaut attendaient, sans mot dire et immobiles, que le résultat final de ce drôle de 100 m s’affiche sur l’écran géant situé au sommet du premier virage. Et soudain, le nom de Christophe Lemaitre, accompagné de son chrono de 10’’09 (-0,7m/s), est apparu. Le sprinteur aixois a alors sprinté vers la pelouse et s’est agenouillé dans l’herbe, la tête dans les mains, submergé par l’émotion. Celle d’une victoire conquise de haute lutte, pour devenir le quatrième athlète à conserver son titre européen sur la ligne droite. Il n’a pas eu le temps de voir un deuxième nom s’inscrire sur l’écran. Jimmy Vicaut, en 10’’12, devant le Norvégien Jaysuma Ndure (10’’17). Doublé français, comme en 1962 avec la victoire de Claude Piquemal devant Jocelyn Delecour à Belgrade. Le Parisien n’a pas explosé de joie. Par pudeur, peut-être, et sans doute aussi un peu par déception. Car pendant quatre-vingt mètres, il put croire au titre. Après deux rappels du starter et la disqualification de l’Italien Simone Collio, c’est lui qui avait le mieux jailli des starting-blocks. Et cette fois, contrairement à Albi lors des championnats de France, il n’allait pas se désunir. Mais, comme toujours au niveau continental, Christophe Lemaitre revenait et le coiffait sur le fil, au prix d’un cassé audacieux. « C’était un peu le cassé de Doucouré en 2005 », sourira quelques minutes plus tard le champion d’Europe. 4e Nana Djimou décroche l’or européen
 A quelques minutes d’un titre de championne d’Europe, des pensées irrationnelles peuvent parfois vous traverser l’esprit. Pendant un court instant, en voyant la pluie s’abattre abondamment sur la piste du stade olympique d’Helsinki, Antoinette Nana Djimou a cru que le 800 m, dernière épreuve de l’heptathlon, allait peut-être être annulé. Mais non, rien ne pouvait l’empêcher de remporter sa première victoire à ce niveau, en plein air. Avec 6544 points, la protégée de Sébastien Levicq est devenue la première championne d’Europe française de l’heptathlon (Arlette Ben Hamo a été titrée au niveau continental en 1950, mais au pentathlon). Bien sûr, il manquait en Finlande quelques pointures européennes, à l’image de la Britannique Jessica Ennis. Mais cela ne doit pas dévaloriser le résultat de la Tricolore, qui a signé en Finlande la troisième marque française de tous les temps. Un record personnel qu’elle améliorera à nouveau lors des Jeux olympiques de Londres. Sous le déluge, la Montreuilloise se lance dans un tour d’honneur qu’elle partage, comme le veut la tradition, avec ses camarades heptathloniennes. Indifférente aux trombes d’eau, elle savoure sa victoire, tout simplement. 5e Jour de fête au stade olympique de Barcelone
 En ce samedi 14 juillet, jour de fête nationale, l’équipe de France a vécu l’une de ses plus belles journées lors d’un championnat du Monde juniors. C’est tout d’abord du côté de la cage du lancer de marteau que sont venues les premières émotions où Alexandra Tavernier et Alexia Sedykh faisaient figure de favorites. Nos deux jeunes lanceuses n’auront pas déçu, occupant tour à tour la tête du concours. Avant qu’Alexandra n’assomme définitivement la concurrence avec un magistral quatrième essai mesuré à 70,62 m, nouveau record de France et des championnats. Alexandra Tavernier devenait ainsi la neuvième championne du monde française de l'histoire et offrait avec Alexia Sedykh (deuxième avec 67,34 m) un doublé inédit à l’équipe de France. Quelques instants plus tard, Aurélie Chaboudez se présentait au départ de la finale du 400 m haies. Après un départ assez rapide, Aurélie s’accroche et se retrouve, dans la dernière ligne droite, à la lutte pour la deuxième place avec l’Américaine Little placée à son intérieur. C’est alors que cette dernière commet une faute et chute sur le dixième obstacle, laissant le champ libre à Aurélie pour sprinter jusqu’à la ligne d’arrivée et remporter la médaille d’argent. Le chronomètre s’affiche alors : 57’’14, nouveau record personnel et record de France junior de la discipline. Bilan de cette journée, trois médailles, un titre mondial, un doublé historique et deux records de France. Un vrai feu d’artifice ! 6e Vanessa Boslak devient vice-championne du monde en salle
 Elle est perdue à côté du sautoir et manque de traverser la piste d’élan du triple saut en plein concours. Vanessa Boslak va-t-elle se réveiller ? Non, car elle n’est pas dans un rêve. Elle est bien vice-championne du monde en salle du saut à la perche avec 4,70 m, record de France indoor battu de cinq centimètres. Sur la piste stambouliote, la protégée de Gérald Baudouin n’a été devancée que par la Russe Elena Isinbaeva (4,80 m). Elle a réalisé une finale quasi parfaite, en effaçant 4,30 m, 4,45 m, 4,55 m, 4,65 m et 4,70 m au premier essai, avant d’échouer face à une barre à 4,75 m. Si pudique et raisonnée, la Lilloise n’a pas pu retenir ses larmes de bonheur avant la fin du concours. Gravement blessée en 2009 avec une rupture du ligament antérieur du genou gauche, on disait Vanessa Boslak perdue pour l’athlétisme après plusieurs opérations. Elle s’est toujours accrochée, malgré l’envie, parfois, de tout plaquer. Pour finalement décrocher sa première médaille internationale chez les grandes à vingt-neuf ans. 7e Premier sacre continental pour Eloyse Lesueur
 Après plusieurs récompenses acquises chez les jeunes (vice-championne du Monde cadettes en 2005, vice-championne d’Europe juniors en 2007 et médaillée de bronze européenne chez les espoirs en 2009) Eloyse Lesueur, a décroché, lors des championnats d’Europe d’Helsinki son premier podium international chez les seniors après une multitude de déceptions depuis 2008. L’athlète de Saint-Denis Emotion n’a pas fait les choses à moitié puisqu’elle s’est couvert du plus beau métal en devenant championne d’Europe du saut en longueur. La jeune francilienne n’aura pas beaucoup tremblée lors de cette finale européenne. Elle plia le concours dès son premier essai, en s’envolant à 6,81 (+0,5m/s). Un joli pied de nez au destin, elle qui a tant de fois peiné à débuter ses finales. La Française n’a connu qu’une seule alerte, avec les 6,74 m de la Bélarusse Volha Sudarava au cinquième essai. Mais elle n’a finalement jamais vraiment tremblé, prenant ensuite beaucoup de risques, avec trois essais mordus, pour essayer de réaliser le saut parfait. Eloyse pouvait alors fondre en larmes, tout d’abord dans les bras de son entraîneur, Renaud Longuèvre, puis lors de la « Marseillaise » quelques instants plus tard sur le podium. Un très beau moment d’émotion et une belle récompense pour une des athlètes les plus douées de sa génération. 8e Deux médailles d’or aux Jeux paralympiques de Londres pour Assia El Hannouni
 Elle en aura bavé pendant deux ans pour revenir à son meilleur niveau. Avec, pour récompense, deux nouvelles médailles d’or aux Jeux paralympiques de Londres. A 31 ans, Assia El Hannouni a confirmé en septembre dernier qu’elle était bien la plus grande athlète de l’histoire de l’athlétisme français handisport. Première victoire sur 400 m, sa distance de prédilection, en 55’’40. Partie sur des bases très élevées afin de mettre la pression sur ses adversaires, la protégée de Bruno Gajer sort du virage en tête et résiste au retour de l'Ukrainienne Oxana Botorchuk. Deux jours plus tard, elle s’impose sur 200 m en 24’’47 devant deux Chinoises. A 31 ans, elle décroche sa huitième médaille d’or olympique. Assia El Hannouni a désormais pris sa retraite sportive, avec le sentiment du devoir accompli. Mais elle entend bien continuer à jouer un rôle dans le milieu du handisport français. Elle est d'ailleurs la marraine des championnats du monde d’athlétisme handisport, qui se tiendront en juillet prochain à Lyon.
9e Les équipes de France de 24 heures dans le gratin mondial
 Les équipes de France de 24h ont remporté pas moins de 7 médailles dont 3 individuelles et 4 par équipes, ce 9 septembre 2012 en Pologne à Katowice. Cette course servait de support commun aux Championnat d’Europe et Championnat du Monde des 24 heures. Tous les athlètes de ce groupe de « grand-fond » s’étaient essentiellement préparés pour monter sur la « boite » sur le plan collectif, et ce fut donc une très bonne surprise lorsque deux coureurs ont gravi le podium à titre individuel : Ludovic Dilmi, 3e du mondial avec une performance de 257,819 km et second européen et Cécile Nissen, 4e mondiale suite à un cumul de 234,524 km et 3e européenne. Ces résultats individuels ont confirmé l’excellente santé de nos deux équipes de France sur le plan collectif, puisque les hommes terminent seconds derrière les Allemands et devant les Américains dans le cadre du mondial, et aussi deuxième à l’échelle européenne, tandis que les féminines se classent deuxièmes du mondial derrière les USA et accèdent à la plus haute marche du podium européen. C’est dans un contexte international de plus en plus relevé chaque année (35 nations présentes et 260 concurrents au départ en 2012) et confrontés au gratin mondial que les athlètes des équipes de France ont obtenu ces excellents résultats. Les autres sélectionnés français terminent aux places suivantes : Emmanuel Fontaine est 8e avec 251,128 km, Jean-François Harruis 12e avec 247,762 km, Thierry Douriez 53e (222,461 km), Denis Morel 120e (193,068 km) et Jean-Marc Bordus 160e (177,660 km) tandis que dans la course femmes Anne-Marie Vernet termine 10e avec 223,160 km, Pascale Bouly 23e avec 208,557 km, Sylvie Peuch 34e (194,193 km) et Catherine Massif 56e (175,430 km). 10e Meilleure performance mondiale -18 ans de tous les temps pour Wilhem Belocian
 Le cadet guadeloupéen Wilhem Belocian a éclaboussé de tout son talent la deuxième journée des championnats de France cadets-juniors, à Lens, en remportant la finale du 110 m haies en 13’’12. Soit un nouveau record de France et, surtout, une nouvelle meilleure performance mondiale de tous les temps sur des haies à 91 cm. Surclassé chez les juniors, il était allé chercher, une semaine plus tôt, le bronze en finale des Mondiaux de Barcelone en améliorant le record de France, sur des obstacles à 99 cm, en 13’’29. Second coup de tonnerre lors des championnats de France de sa catégorie. En délicatesse avec ses ischios, le hurdleur du Stade Lamentinois décide de tout donner en finale. Largement en tête dès la première haie, il déroule ensuite sa partition avec une maestria de vieux briscard. En s’appuyant sur une technique tout en souplesse, il coupe la ligne d’arrivée avec déjà un œil sur le panneau électronique. 13’’14, vite corrigé en 13’’12 (+0,8m/s). Immense clameur dans les tribunes, où l’on comprend qu’on a assisté à un de ces moments d’exception que peuvent réserver les championnats de France jeunes. Le record national de Ladji Doucouré est explosé (13’’26 en 1999). Mais c’est aussi une meilleure performance mondiale de tous les temps, loin devant les 13’’18 de l’Américain Wayne Davis en 2007. Soit le plus bel exploit du rendez-vous national des cadets-juniors depuis les inoubliables lignes droites de Christophe Lemaitre il y a quelques années. Wilhem, d’habitude si pondéré, peut laisser exploser sa joie…
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