L’équipe de France de cross s’envolera vendredi pour Bydgoszcz (Pologne) et ses championnats du monde de cross avec quelques ambitions, malgré une délégation réduite et la sévère concurrence dans la discipline au niveau mondial. Revue de détails avec Philippe Dupont, responsable du demi-fond à la FFA, avant la compétition de dimanche. Athle.fr : Philippe Dupont, un mot, d’abord, sur la sélection, qui ne compte que deux équipes, juniors garçons et seniors femmes, et Johanna Geyer Carles, championne de France junior ?
Philippe Dupont : On avait la possibilité et l’envie d’envoyer des équipes si elles étaient performantes, même si on sait qu’on ne peut pas jouer au niveau mondial les premiers rôles comme en Europe. Au vu de ce critère d’avoir une équipe performante, il était très compliqué d’envoyer en Pologne une équipe de juniors filles. On s’en est donc tenus à la règle qu’on avait fixée – envoyer la championne de France. Notre intérêt pourrait être d’avoir des équipes partout, mais on veut aussi inculquer une culture de la gagne, qui suppose qu’on s’aligne sur une compétition pour avoir des résultats, pas uniquement en représentation. Or on est en difficulté chez les juniors filles. On peut dire que ça les motiverait d’avoir l’objectif d’aller aux Mondiaux… On pense plutôt qu’elles doivent d’abord se motiver pour obtenir des résultats. Chez les garçons, en revanche… Ça se passe bien chez les juniors garçons, avec une équipe qui a fini 2e des championnats d’Europe en décembre dernier, à un point des premiers (ndlr : la Russie). Trois des garçons qui étaient là sont toujours dans l’équipe, et les trois autres sont à peu près au même niveau sur ce qu’on a vu aux France. On a donc une équipe homogène qui peut viser autour de la 10e place, ce qui correspond généralement à la place de la première équipe européenne. Les seniors femmes ont elles aussi un bon collectif… On se posait des questions sur leur niveau depuis quelques années car elles ne parvenaient même plus à monter sur les podiums aux Europe. Et puis, en décembre, elles ont créé la surprise en terminant 2e des Europe avec le même nombre de points que les premières, les Irlandaises. Il y a une dynamique dans cette équipe, et avec l’apport de Christelle Daunay, nous avons quatre mousquetaires habituées aux joutes internationales (ndlr : Christelle Daunay, Sophie Duarte, Christine Bardelle et Laurane Picoche), même si Laurane a un peu moins d’expérience. S’y ajoute Clémence Calvin (ndlr : championne de France senior), qui était espoir l’an passé mais qui a prouvé aux championnats de France qu’elle pouvait rivaliser avec les meilleures. Elles peuvent toutes jouer autour de la 20e place, et quand on classe quatre filles à ce niveau, on tourne autour de la 5e place par équipes… Ce serait une remarquable performance. Chez les hommes, a contrario, aucun représentant… Non, car des coureurs comme Denis Mayaud ou Benjamin Malaty préparent le marathon et n’ont pas intégré les Mondiaux de cross à leur préparation. Hassan Chahdi, lui, prépare déjà la saison de piste. Avec les absences ou blessures de garçons comme Meftah, Amdouni, Smaïl, ça devenait compliqué de constituer une équipe. Yassine Mandour, le champion de France, pouvait prétendre à la sélection… Oui, mais il était surtout motivé pour un résultat collectif, avec une équipe. Il était désolé qu’il n’y ait pas d’équipe, mais c’est un concours de circonstances. Il faut aussi voir qu’une 30e place aux Mondiaux de cross, ce qu’il aurait pu réaliser et qui est une très belle performance, passe aujourd’hui complètement inaperçu… Je crois de toute façon qu’on arrive à la fin d’un système avec des Mondiaux de cross aussi tard dans la saison. Ça reste une très belle compétition, mais pour que tous les protagonistes puissent y participer, entre volonté de courir sur piste et sur marathon, il faudrait sans doute qu’ils arrivent plus tôt dans la saison, même si je suis conscient des problèmes de calendrier que cela pose. Un mot, enfin, sur le parcours ? Bydgoszcz avait déjà accueilli les Mondiaux de cross il y a trois ans. Il n’y a pas de grosses difficultés au niveau du relief, mais il y a de la boue… Actuellement, le parcours est enneigé, ce qui risque de compliquer les choses. Mais historiquement la France s’est toujours bien comportée dans des conditions difficiles, alors… Propos recueillis par Cyril Pocréaux pour athle.fr |