6e place chez les seniors femmes, 11e pour les juniors garçons, dans la foulée des très belles courses de Sophie Duarte (16e) et Alexandre Saddedine (29e) : l’équipe de France a rempli son contrat lors des Mondiaux de cross de Bydgoszcz, en Pologne. Tout en donnant la sensation qu’elle peut nourrir de grosses ambitions à court terme dans ces deux catégories.

Un bilan collectif conforme aux prévisions et deux belles performances de pointe : les Mondiaux de cross de Bydgoszcz, en Pologne, ont accouché d’un bilan à la fois attendu et prometteur pour la petite délégation bleue. Le fait d’arme de la journée pour le camp français ? La 16e place de Sophie Duarte, arrachée au terme d’une course pleine d’audace, où la sociétaire du CA Balma a longtemps tenu tête aux coureuses africaines en se plaçant aux avant-postes, avant de céder du terrain dans le dernier kilomètre. Côté français, les éloges pleuvent. « Une énorme course, pleine, où elle a été solide quasiment jusqu’à l’arrivée puisqu’elle est encore devant Britton (ndlr : l’Irlandaise double championne d’Europe de la spécialité) à 500 m de la ligne », observait Philippe Dupont, responsable du demi-fond à la DTN. « Elle a osé et a montré l’exemple », renchérit son collègue Patrice Binelli. La spécialiste de steeple entraînait en effet dans sa foulée l’équipe féminine jusqu’à la 6e place (deuxième nation européenne juste derrière l’Irlande) grâce également au bon tir groupé de Laurane Picoche (33e), Christelle Daunay (35e), Christine Bardelle (38e) et Clémence Calvin (45e). Peu après l’arrivée, Duarte prenait déjà du recul : « Je ne me suis pas surprise ce dimanche. Je savais que j’avais le niveau, que j’étais prête. J’étais déjà dans la même forme que lors des championnats de France, mais cette course me fait tellement peur que je me suis ratée… Là, je suis partie d’entrée dans le paquet de tête. Les Africaines n’étaient pas loin de moi à mi-course. J’ai recollé plusieurs fois. Mes stages au Kenya m’ont complètement décomplexée par rapport à elles. Et puis, le parcours était sinueux avec beaucoup de relances. C’était parfait pour moi, qui suis à la base une steepleuse. »

Les coureurs présents en Pologne ont en effet eu droit à un parcours bien plus difficile que prévu, nettement plus compliqué que ce que les Mondiaux offraient ces dernières années. Une grosse côte, des passages en devers, des appuis rendus fuyants par les dernières couches de neige… Un tracé qui n’a pas perturbé, bien au contraire, Alexandre Saddedine. Le champion de France junior s’est offert une très belle 29e place, à un peu plus de deux minutes du vainqueur, l’Ethiopien Habos Gebrhiwet. La meilleure performance d’un junior français à ce niveau depuis la 23e place d’un certain Hassan Chahdi en 2008. « En plus, il perd quatre places sur la fin, pointe Pascal Machat, responsable des jeunes demi-fondeurs à la DTN. C’est un très beau résultat qui laisse penser qu’il pourra jouer le titre européen junior en individuel en décembre prochain. » Derrière lui, les autres bleuets finissait eux aussi en rangs serrés avec Daniel Delattre (54e), Mehdi Belhadj (56e), Emmanuel Roudolff-Lévisse (62e), Hamza Abjaoui (66e) et Theodore Klein (69e). Au final, la 11e place pour l’équipe et le rang de troisième nation européenne derrière l’Italie (6e) et la Grande Bretagne (9e), dans une des courses les plus denses de ces dernières années. Enfin, Johanna Geyer-Carles, seule engagée chez les jeunes filles, accrochait la 60e position (15e place européenne) après un départ un peu trop rapide qui l’a amenée à craquer après un tiers de course.

Le bilan mondial suggère, lui, que des coups ponctuels restent envisageables pour les équipes qui n’auraient pas eu la bonne idée de venir d’Afrique de l’Ouest. Certes, le Kenya et l’Ethiopie se partagent tous les titres par équipes, et même la quasi-totalité des secondes places. Individuellement, le Kenya s’arroge trois titres sur quatre, et une seule petite médaille de bronze a échappé aux deux grands rivaux pour tomber dans l’escarcelle de l’Erythrée. Mais les Etats-Unis ont créé la surprise en s’octroyant devant le Kenya une breloque d’argent chez les hommes (où la France n’avait pas engagé de concurrent). Et les juniors féminines de Grande-Bretagne se sont hissées sur la 3e marche du podium, derrière les deux géants africains. « Je pense que le résultat de Sophie peut désinhiber certaines filles et permettre de revoir les objectifs à la hausse », souffle Pascal Machat. « Il y a une dynamique qui s’entretient, poursuit Philippe Dupont. Ces résultats, comme ceux des derniers championnats d’Europe, débouchent sur l’envie de mieux faire. Et donc de décrocher des titres européens en décembre prochain. » Une ambition relayée à sa façon par Sophie Duarte, qui a déjà dans un coin de sa tête le marathon qu’elle prépare pour 2014 : « On est un peu déçues du résultat par équipe mais on a passé un super week-end toutes ensemble, en étant très soudées. Il nous manquait peut-être à tous une participation à un grand championnat… ». Une manière de se dire que, chez les filles comme pour les juniors, Bydgoszcz servira peut-être de tremplin vers de futurs succès.

Pour athle.fr, Cyril Pocréaux (avec F.G.W.)

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