Annoncés favoris sur la ligne de départ des championnats de France de semi-marathon, organisés sur le tracé de la Voie Royale à Saint-Denis, James Theuri et Patricia Laubertie n’ont pas tremblé pour donner raison aux bookmakers. Tous deux y ont également ajouté un joli chrono pour donner un peu plus de cachet à leur premier titre national sur la distance. Rusé (ou visionnaire), Jean-François Pontier, le manager du hors stade à la direction technique nationale, nous avait livré le scénario de la course avant même le coup de pistolet. « James Theuri et Mounir Hsain sont les deux favoris qui se détachent. Theuri devrait pouvoir profiter de la présence d’étrangers rapides, comme Niyonkuru, pour faire la décision au train », annonçait-il. Bingo ! Sur un tracé qui voyait les coureurs s’élancer au pied du Stade de France, puis serpenter dans la ville de Saint-Denis, croisant la majestueuse Basilique où reposent moult Rois de France, le Burundais Abraham Niyonkuru (Endurance 72) a joué les faiseurs de roi. D’entrée de jeu, c’est lui qui a assuré le tempo en tête de course, accompagné par James Theuri (Sco Sainte-Marguerite Marseille) et son camarade de club sarthois Anouar Assila. Doucement mais surement, le trio a creusé l’écart sur le reste du peloton, au sein duquel Mounir Hsain (Décines Meyzieu Athlétisme) n’était pas dans un grand jour. Lorsque les trois hommes de tête sont revenus aux abords du mythique stade dionysien, Niyonkuru a choisi de durcir encore le ton, Theuri essayant tant bien que mal de suivre ce lièvre de luxe pour faire la différence. « Je savais que Niyonkuru était trop fort, car à Paris-Versailles, il avait terminé douzième. Donc j’ai essayé de relancer pour tester Anouar, que je connais bien. Je suis content de voir que j’étais bien, pas trop fatigué. Le chrono n’a aucune importance aujourd’hui, le plus important était de finir dans les trois. C’est un titre de champion de France et je n’en ai pas eu beaucoup dans ma carrière. J’avais un peu perdu le sourire ces dernières semaines, mais aujourd’hui est un jour meilleur », confiait-il après course. Deuxième en 1h04’39, soit vingt-cinq secondes de plus que Niyonkuru, Theuri décroche là sa deuxième couronne nationale, après celle acquise en 2013 sur 10 km. « Félicitations à lui, il était plus fort aujourd’hui. Je me suis accroché depuis le début, car je reviens de blessure. Je suis de retour, et j’ai même battu mon record », savourait son dauphin du jour, Anouar Assila. Derrière, le vétéran Driss El Himer (Strasbourg Agglomération Athlé) a fait parler son inégalable expérience dans les derniers kilomètres pour prendre le dessus dans la lutte pour la troisième place. En 1h06’14, le vétéran alsacien agrémente son titre de champion de France d’une troisième place au scratch. « Je ne rappelle plus combien de podiums j’ai fait lors des championnats de France », s’amusait-il à sa descente du podium. Avant de promettre qu’il reviendrait l’an prochain défendre son titre du côté de Fort-de-France. « Si en plus, on peut enchaîner avec une semaine de vacances après la course » suggérait-il, tout sourire, avant de s’éclipser. Beaugrand, d’une pierre deux coups Chez les dames, le suspense a rapidement été réduit à la portion congrue, Patricia Laubertie (Corrèze Athlétisme) ayant décidé de ménager le scénario. C’est sans doute sa dauphine, Karine Pasquier (Endurance 72), qui le raconte le mieux. « Je savais que Patricia était en forme en voyant son chrono de Rennes. J’avais fait le même il y a trois semaines, sauf que depuis j’ai été obligée de lever le pied à cause d’une blessure. J’ai manqué d’entraînement, et j’ai su dès le départ que je ne pouvais pas rivaliser. Dès les premiers kilomètres, elle était à l’aise, dans le tempo et dans sa foulée. A mi-course, elle a commencé à me distancer, et je me suis accrochée autant que j’ai pu. Je suis à ma place aujourd’hui, et j’en suis heureuse », expliquait la Bretonne d’origine, qui a passé la ligne en 1h15’46. « Ce championnat était un objectif, le premier de la saison. Je me sentais bien et je suis partie un peu plus vite que j’avais prévu. Au final, ça s’est bien terminé puisque je bats mon record de quarante secondes, en 1h14’50 », savourait la nouvelle championne de France du semi. « Le parcours était roulant, je me suis fait plaisir. Désormais, je vais me concentrer sur les cross, où j’espère décrocher ma qualification pour les championnats d’Europe. Ce sera un tout autre type d’effort, et l’entraînement va donc être complètement différent, ce sera forcément difficile. Mais ma performance d’aujourd’hui est un bon signe pour la suite », concluait-elle. La troisième place du podium est revenue à la jeune Marion Joly-Testault (Amiens UC), toute à sa joie d’avoir, elle aussi, battu son record personnel en 1h16’57. Faute d’avoir pu compter sur la présence des meilleurs coureurs sur route de l’Hexagone, le public de Saint-Denis a pu avoir un aperçu de la relève, puisque ceux qui s’étaient levés assez tôt pour assister au 10 km servant d’épreuve « de chauffe » aux championnats de France de semi-marathon, ont vu la triathlète Cassandre Beaugrand faire tomber le record de France juniors de la distance, alors qu’elle n’est que cadette. Vice-championne du monde du triple effort cet été dans sa catégorie, la sociétaire de l’AS Monaco a bouclé la distance en 35’03, effaçant ainsi des tablettes Stella Metays, qui avait couru en 35’20 à Saint-Médard en septembre 1995. Et dire qu’elle n’était venue que « pour découvrir la distance, que je vais désormais devoir couvrir à la fin de mes triathlons »… A Saint-Denis, Etienne Nappey pour athle.fr Tous les résultats en cliquant ici Quelques photos de la compétition en cliquant ici |