Expérience paradoxale pour Mélina Robert-Michon à Zurich. La Lyonnaise a réalisé en Suisse, selon ses propres dires, son pire concours de l’année sur le plan technique. Elle a pourtant décroché l’argent européen, un an après être devenue vice-championne du monde à Moscou. La preuve qu’elle a su résister à la pression engendrée par son nouveau statut. Prochain challenge pour la protégée de Serge Debié : passer un cap en meeting, en réussissant à s’y exprimer avec autant de talent que sous le maillot de l’équipe de France.

Athle.fr : Mélina, vous avez décroché cette année votre deuxième médaille en deux saisons en grands championnats…
Ça a été dur à Zurich. Techniquement, ça a été pratiquement mon pire concours de l’année. J’ai encore de la marge. Je dois gagner en stabilité technique. En 2014, j’ai effectué beaucoup de déplacements, avec des intervalles difficiles à gérer entre les compétitions. A chaque fois, j’avais trop peu de temps pour effectuer quelques séances et pas assez pour ne rien faire. Heureusement, j’ai réussi à retrouver des sensations lors de la préparation terminale.

Comment avez-vous abordé la compétition ?
J’ai ressenti beaucoup de pression. Pour la première fois, j’arrivais dans un grand championnat en tant que favorite, entre guillemets (derrière la Croate Sandra Perkovic, NDLR). J’avais envie de confirmer mon argent mondial. Ça a été dur à gérer. Heureusement, ça s’est bien terminé. Je sais maintenant que je peux y arriver, même en ayant du stress.

Savez-vous pourquoi il existe un tel fossé entre vos performances sous le maillot de l’équipe de France et celles que vous réalisez en meetings ?
Je n’ai pas trop d’explications. En championnat, la motivation vient toute seul. Alors que lors des autres compétitions, la place et l’argent à gagner ne sont pas suffisants pour que je me transcende. Je vais essayer de progresser à ce niveau-là en 2015, en allant plus souvent à la bagarre avec les autres lanceuses, même lorsqu’il n’y a pas d’enjeux. C’est un nouveau cap à passer.

En dehors des compétitions, vous côtoyez régulièrement des lanceurs d’autres pays…
C’est ce qui rend le stage en Afrique du Sud (en janvier prochain, NDLR) important. A Potchefstroom, les conditions d’entraînement sont bonnes et, surtout, il y a de la confrontation. L’an dernier, des Polonais et des Néerlandais étaient présents. Piotr Malachowski (deux fois vice-champion du monde et médaillé d’argent olympique) m’a dit qu’il était content de lancer avec moi car j’avais une bonne technique. Quand tu entends ça, tu te dis que tu as bien bossé. Je participerai peut-être également à un stage avec les Allemands. Ces échanges nous permettent, à Serge et à moi, de progresser. Ça nous met aussi en confiance par rapport à ce que l’on peut faire au quotidien.

Cette saison, y aura-t-il des nouveautés dans votre préparation ?
Ce seront plus des évolutions que des révolutions. Je vais pousser encore un peu plus loin dans la finesse technique et continuer à progresser physiquement. Je sais que j’ai encore de la marge.

Dans quel état d’esprit avez-vous repris l’entraînement ?
J’ai repris le 6 octobre, après trois semaines de coupure. J’étais contente de retrouver le stade et mon groupe d’entraînement. J’ai participé à la Coupe de France des spécialités (59,05 m au disque et 13,90 m au poids) avec mon club, Lyon Athlétisme. C’est un rendez-vous qui me tient à cœur. Il s’agit d’une des premières compétitions à laquelle j’ai participé quand j’ai commencé l’athlétisme, et qui m’a donné envie de continuer. Si ça peut être pareil pour d’autres athlètes du club, c’est super.

Propos recueillis par Florian Gaudin-Winer pour athle.fr

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