Renaud Lavillenie a été élu, vendredi soir, athlète de l’année par la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF), lors de son gala annuel organisé à Monaco. Une grande première pour l’athlétisme français, dont aucun représentant n’avait jamais reçu cette glorieuse récompense. Le Clermontois, auteur d’une saison quasi parfaite, a battu en février le mythique record du monde de Serguei Bubka en effaçant une barre à 6,16 m, puis décroché son troisième titre européen en plein air à Zurich. Favori des pronostics, il a gagné. Encore une fois. « C'est un rêve devenu réalité, je ne pouvais pas espérer mieux. C'est un immense plaisir d'avoir la reconnaissance de mon sport », a réagi Renaud Lavillenie au moment de recevoir son trophée lors du Gala annuel de l'IAAF à Monaco. Avant d'immédiatement se projeter sur l'avenir, et son désir de « gagner les championnats du monde de Pékin en 2015, que je n'ai pas encore accroché à mon palmarès ». Même Marie-José Pérec, double championne olympique (200 m et 400 m) à Atlanta, n’avait pas reçu le trophée le plus prestigieux de l’athlétisme mondial, celui d’athlète de l’année. La « gazelle » s’était fait damer le pion, en 1996, par la Russe Svetlana Masterkova, elle aussi auteur d’un doublé retentissant (800 m - 1500 m) en Géorgie. Mais, cette fois, il était dit que l’heure d’un Français avait sonné. Et personne n’a pu résister à Renaud Lavillenie, qui faisait figure de grandissime favori. Ni le génial homme caoutchouc qatari Mutaz Essa Barshim, recordman d’Asie du saut en hauteur avec 2,43 m et auquel le record du monde de Javier Sotomayor (2,45 m) semble promis, sauf si Bondarenko vient lui griller la politesse. Ni l’impressionnant Kényan Dennis Kimetto, premier homme sous les 2h03 sur marathon (2h02’57’’) depuis les 42,195 km de Berlin, en septembre dernier. Il faut dire que le Clermontois de vingt-huit ans avait frappé un énorme coup dès le début d’année. Le 15 février, sur les terres de Serguei Bubka à Donetsk (Ukraine), il effaçait d’un centimètre le mythique record du monde du « Tsar » en franchissant 6,16 m au premier essai. Blessé dans la foulée, à la suite d’une folle tentative à 6,21 m, le champion olympique faisait l’impasse sur les Mondiaux en salle de Sopot avant de remporter, l’été venu, presque tous ses concours, dont celui des championnats d’Europe de Zurich. L’année parfaite ? « Oui, parce que j’ai réalisé tout ce que je voulais, confiait jeudi, en conférence de presse, Renaud Lavillenie. En fait, j’ai même fait mieux que ce que j’espérais. La saison en salle a été incroyable. En plein air, ça a été plus compliqué car il y avait beaucoup d’attentes et les conditions climatiques n’ont pas été très bonnes. Dans ce contexte, je suis fier d’avoir gagné vingt-et-une de mes vingt-deux compétitions. » La soirée avait commencé idéalement pour la France, avec le trophée de l'étoile montante de l'année décerné à Wilhem Belocian. Le hurdleur guadeloupéen, champion du monde et recordman du monde juniors du 110 m haies, est devenu cet été le premier athlète de sa catégorie à passer sous les 13'', en 12''99. Le triomphe de Renaud est venu compléter le magnifique tableau. 
Le premier sauteur récompensé depuis Edwards Le protégé de Philippe d’Encausse succède, au palmarès, à des légendes du calibre de Carl Lewis, premier lauréat chez les hommes en 1988, Colin Jackson, Michael Johnson, Haile Gebreselassie, Hicham El Guerrouj et Usain Bolt. Surtout, il est le premier non coureur récompensé depuis le recordman du monde du javelot Jan Zelezny en 2000, et le premier sauteur mis à l’honneur depuis le Goéland Jonathan Edwards en… 1995. « Un spécialiste des concours récompensé, ce serait une bonne chose pour notre sport, estimait Renaud Lavillenie jeudi. Quand les gens viennent au stade, c’est pour voir de la longueur, des lancers et tout le reste. Mais c’est vrai que, la plupart du temps, ce sont les épreuves de sprint et de fond qui les intéressent le plus. J’espère inspirer des gens avec ce que j’ai réalisé cette année et leur donner envie de rejoindre la famille du saut à la perche. » Il était dit que l’édition 2014 serait hors normes. Elle l’a été jusqu’au bout avec la victoire méritée, chez les femmes, de Valerie Adams. La spécialiste du poids a disputé quinze concours cette saison, pour autant de victoires. Encore plus fort, elle est invaincue depuis le… 18 août 2010, lors du Weltklasse de Zurich. La Néo-Zélandaise est la première lanceuse de l’histoire sacrée athlète de l’année. Historique, on vous dit.
Florian Gaudin-Winer et Etienne Nappey pour athle.fr
|