La deuxième journée des championnats de France Elite d’Aubière a, comme prévu, offert à Renaud Lavillenie une scène idéale pour régaler son public d’un nouveau récital à la perche. Dans un stadium Jean-Pellez plein à craquer, le perchiste a franchi 6,01 m, avant de tenter par trois fois de battre son propre record du monde à 6,18 m. Kafétien Gomis s’est qualifié in extremis pour les championnats d’Europe de Prague à la longueur en bondissant à 8,18 m au dernier essai, alors que Marie Gayot
et Gaël Quérin
ont aussi brillé.
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Le Temps Fort |
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Depuis hier, la billetterie affichait « sold out », signe de l’engouement extraordinaire autour de Renaud Lavillenie pour cette édition 2015 des championnats de France en salle. « Ça faisait longtemps que j’avais coché cette date dans mon agenda », admettra-t-il plus tard. Lors de la présentation, le recordman du monde de la perche ne semblait pourtant pas très sensible à la pression, puisqu’il multipliait les facéties avec son frère Valentin et Kevin Menaldo. Pour lui, les choses
sérieuses ont commencé quand
(presque) tous les autres avaient déjà enfilé le survêtement. A 5,72 m, un petit souci de réglages l’a obligé à s’y reprendre à deux fois pour oblitérer son ticket vers les sommets d’Auvergne.
Superstitieux et amateur de chiffres, il demande alors 5,94 m, pour améliorer le record de la salle. Validé au premier essai. Puis 6,01 m, pour un nouveau clin d’œil. « Bubka avait réussi 6 m à la Maison des sports en 1994, il me tenait à cœur de récupérer le record de ma ville, vu que je détiens aussi le record de la sienne », expliquait-il à son bruyant public, à la fin du concours. Nouvelle réussite avec une aisance déconcertante - « De loin, l’un des meilleurs sauts de ma carrière. J’étais
sans problèmes
à 6,10 ou 6,15 m sur cet essai ».
Après le record de la salle et le record de la bourgade, vient naturellement le temps du record du monde. Après avoir échoué plusieurs fois à 6,17 m ces dernières semaines, Renaud a choisi de s’attaquer à 6,18 m. Lors de ses deux premières tentatives, il a donné des frissons à toute une salle, debout, téléphone portable ou caméra en main pour immortaliser l’instant. « Si je tente une telle barre, ce n’est pas pour faire joli. J’ai réussi à prendre la perche la plus dure de ma carrière, et je savais que si
je la maitrisais, je pouvais aller très haut. Mais j’ai senti mes jambes lourdes en fin de concours. » Après son dernier échec, le héros des 3500 spectateurs a pris le temps de longuement saluer son audience, avant de jeter un œil à la barre qui s’est refusée à lui. Sans doute pour lui donner rendez-vous, à Malmö ou à Prague.
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La Perf' |
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Il ne faut jamais enterrer Kafétien Gomis. Cette antienne revient, de façon quasi systématique, à chaque championnat ou grand rendez-vous. Avec 8,18 m à son dernier essai au concours de longueur, le sauteur de Lille Métropole Athlétisme a décroché in extremis son billet pour les championnats d’Europe. Retour sur le phénomène Kaf’ en cliquant ici.
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Le Chiffre |
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Le chiffre : 6065
C’est le total de points compilés par Gaël Quérin à l’heptathlon. Le Lillois, arrivé à Aubière avec une performance de 5772 points, a largement amélioré ses résultats tout au long du week-end pour devenir le sixième Français à dépasser la barre des 6000 points en salle. Au cours du week-end, il a couru son 60 m en 7’’07, sauté 7,27 m à la longueur, expédié son poids à 13,94 m, franchi 2,00 m à la hauteur, bouclé son 60 m haies en 8’’14, effacé 4,95 m à la perche et expédié son 1000 m en 2’32’’46. « J’ai
encore
de la marge de progression, sauf au 1000 m », confiait-il à l’issue de ses travaux multiples.
« Cela faisait un petit moment que je n’avais pas eu de titre en hiver (NDLR : depuis 2011, déjà à Aubière), et cela me fait bien plaisir. Depuis le début de la saison, j’avais les Europe de Prague en tête, et je vais aller là-bas pour me battre ». Sous-entendu : pour le podium. Sa performance du jour place en effet Quérin à la troisième place des bilans mondiaux et européens, trois rangs devant Bastien Auzeil. Le Grenoblois, à la lutte avec son pote Gaël tout au long du week-end, a affiché
des progrès en
demi-fond, pour glaner 5 999 points. Rageant, sans doute, de passer si près de la barre fatidique, mais il devrait se consoler avec une première sélection en grand championnat chez les seniors. En République Tchèque, les deux compères auront l’occasion d’améliorer leur classement aux bilans français tous temps. Et peut-être, rêvons un peu, de s’approcher du record de France de France de Christian Plaziat, figé à 6418 points depuis vingt-deux ans.
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Les Promesses |
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L’AS Aix-les-Bains a fait le doublé 60 m - 200 m chez les hommes ce week-end. Si le sacre de Christophe Lemaitre était prévisible, celui de Pierre-Alexis Pessonneaux l’était beaucoup moins. « Même pour moi, c’est une surprise », avouait-il sans détour en zone d’interviews. Crédité du troisième chrono des engagés, Pessonneaux espérait « un titre et courir sous les 21’’ ». Le deuxième souhait, il l’a réalisé dès les séries, en 20’’99. En finale, il a parfaitement contrôlé Pierre
Vincent pour bloquer l’horloge
sur 20’’87. Un temps qui le ravit, et ravive en lui des perspectives prometteuses pour cet été. Dans sa ligne de mire, le relais 4x100 m qui se déplacera à Pékin.
Après la disqualification de Floria Gueï en séries (engagée ce dimanche sur une compétition interrégionale à Lyon, elle a claqué un excellent 52''34, une performance largement inférieure aux 52''80 requis pour espérer aller aux Europe, NDLR), Marie Gayot avait devant elle une voie royale vers le titre de championne de France du 400 m. L’élève de Laurent Hernu, licenciée à l’EFS Reims, ne s’est pas manquée, et s’est approchée tout près de son record personnel indoor (51’’98), après une course tout en contrôle, conclue en 52’’14. « Je suis hyper contente de la manière dont j’ai couru, en étant à la fois rapide et relâchée. Cela me met vraiment en confiance
pour les championnats
d’Europe dans deux semaines », savourait-elle à chaud.
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Et Aussi |
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Dans la dernière finale de la journée, le 60 m haies, le duel entre Sandra Gomis (Athletic Clubs du Littoral 44) et Alice Decaux (US Ivry) a tenu toutes ses promesses. La seconde nommée, impressionnante en séries avec ses 8’’07, a pourtant dû se contenter de la médaille d’argent. Elle a été devancée en finale de deux centièmes par la jeune maman Sandra Gomis, titrée en 8’’10. Sur l’anneau, le 200 m féminin a été remporté par Brigitte Ntiamoah en 23’’57. Une première pour la sprinteuse
d’Entente Grand Mulhouse
Athlé, tout comme pour Toumany Coulibaly (ES Montgeron), impérial sur les deux tours de piste en 47’’22. Les 800 m ont donné lieu à de belles courses de patrons, signées Brice Leroy (Martigues Sport Athlétisme), vainqueur en 1’51’’66, et Rénelle Lamote (Athlé Sud 77), au-dessus du lot en 2’03’’21. Toujours côté demi-fond, le 1500 m masculin s’est résumé à un long vite-lent-vite. Au final, avantage à Bryan Cantero (AS Aix-les-Bains), qui s’est imposé en 3’45’’25, deux dixièmes devant
le champion d’Europe du 3000
m steeple Yoann Kowal (Entente Périgueux Trélissac Athlétisme). Sur 3000 m, victoire de Fanny Pruvost (RC Arras) en 9’44’’48. Sur la même distance mais chez les marcheuses, la première place est revenue logiquement à Emilie Menuet (AJ Blois-Onzain), en 13’02’’87. Chez les hommes, septième titre sur 5000 m marche pour Antonin Boyez (Doubs Sud Athlétisme). En 19’59’’28, le Bisontin poursuit son impressionnante razzia sur la distance. Enfin, première place au pentathlon pour Annaëlle
Nyabeu Djapa (CA Montreuil 93),
qui a porté son record personnel à 4230 points. Sa camarade de club Antoinette Nana Djimou est montée, elle, sur la deuxième marche du podium de la longueur avec 6,21 m. Elle a été devancée par Haoua Kessely, auteure d’un cinquième essai à 6,34 m.
A Aubière, Etienne Nappey pour athle.fr
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