« Monsieur Gomis, il va falloir se préparer pour cet été et les championnats du monde vétérans, à Lyon ! » Renaud Longuèvre interpelle, rigolard, le nouveau champion de France Elite de la longueur. « Kaf » fêtera le 23 mars prochain ses trente-cinq ans. « Oui, je suis bientôt éligible pour les compétitions vétérans », sourit-il. Mais en attendant de se lancer dans sa nouvelle catégorie, le sauteur en longueur de Lille Métropole Athlétisme a encore des concours à survoler chez les seniors.

Ce dimanche, il est déjà assuré du titre national, avec un troisième saut à 7,91 m, lorsqu’il s’élance pour son sixième essai. Les spectateurs du Stadium Jean-Pellez sont des connaisseurs. Ils observent donc attentivement le sautoir en longueur. Kafetien Gomis a une réputation à défendre, celle de l’homme du dernier essai. «  A ce moment, je ne peux plus hésiter, raconte-t-il. Si je me loupe, ça n’est pas grave. Si ça passe, tant mieux pour le spectacle ! Je ne pouvais pas me contenter de 7,91 m. » L’envol est magnifique. Le Nordiste retombe à 8,18 m sous les clameurs du public. Meilleure performance européenne et meilleure performance mondiale de l’année.
De bon augure, à deux semaines des championnats d’Europe en salle de Prague. Mais Kafetien Gomis, showman sur la piste, n’est pas du genre à s’enflammer devant un micro. « La meilleure performance mondiale, ça a un sens à la fin de la saison hivernale, lâche à mi-voix le vice-champion d’Europe. Je ne vais pas m’en satisfaire ni me relâcher. Pour gagner en République Tchèque, il faudra sauter à 8,20 m, voire à plus de 8,30 m. »

Enfin en bonne santé
Dès demain, il retrouvera la halle Maigrot de l’Insep, où il s’épanouit depuis plusieurs saisons sous la houlette de Renaud Longuèvre et de Robert Emmiyan. « Depuis que je suis à Paris, je profite d’une grosse dynamique,  confie-t-il. C’est ce que je recherchais en allant là-bas. Entre Eloyse (Lesueur) et moi, il y a une petite émulation. On a des profils et des façons de sauter différentes mais on se rejoint dans la performance. Elle m’a déjà mis la pression à Zurich en montant sur la plus haute marche du podium. J’espère que cette fois, à Prague, il y aura deux médailles d’or ! »
Il y a bientôt deux ans, après une saison estivale 2013 compliquée, « Kaf » aurait pu raccrocher les pointes. Il s’est finalement relancé en prenant du plaisir, son principal moteur, lors des dernières compétitions de l’année. Depuis, tout roule. « Cela fait deux ans que je n’ai pas eu de bobos en période de préparation. » A un détail près : « En rentrant d’Afrique du Sud en janvier, j’ai eu un œdème à l’ischio à cause de la fatigue, révèle le nouveau champion de France Elite. J’ai fait deux semaines sans compétitions mais j’ai pu entretenir la forme. Je me sentais bien physiquement aujourd’hui. » Effectivement, cela s’est vu sur le sautoir.

A Aubière, Florian Gaudin-Winer pour athle.fr