A quelques jours du premier Sommet de la course à pied, Thierry Braillard, le Secrétaire d’Etat chargé des Sports, présente sa vision de la discipline. Le Lyonnais, qui fera partie des intervenants le mercredi 25 mars à Paris, croit en son potentiel, ainsi qu’aux vertus préventives et thérapeutiques de l’activité physique. Pour poursuivre le développement du running, il encourage les clubs à continuer de s’adapter aux nouveaux besoins exprimés. Interview. Les pouvoirs publics peuvent-ils (et doivent-ils) chercher à encadrer le phénomène de masse que représente la course à pied ? En tant que ministre des sports, il est de mon devoir d’encourager les Français à une pratique d’activités physiques et sportives régulière, dès lors que celle-ci se déroule dans des conditions de sécurité satisfaisante. Le premier moyen pour mettre en place cet encadrement, c’est de favoriser la pratique en clubs. Mais ces derniers doivent s’adapter aux nouveaux besoins exprimés. L’objectif, pour près de deux millions de participants aux épreuves françaises de course à pied, c’est de se lancer un défi, de participer à une fête, mais aussi souvent de pratiquer en groupe. Ces groupes sont issus d’initiatives individuelles ou d’entreprises. L’idée qu’il y a derrière ces pratiques, c’est de conserver une forme de liberté tout en bénéficiant d’une forme d’encadrement pour améliorer sa performance. Vous parlez beaucoup de l’importance du collectif… Cette pratique de groupe peut permettre d’affiner la préparation physique et de cibler les exercices que recherchent les pratiquants. Les clubs sont tout à fait capables de répondre à cette demande. Pour cela, ils doivent par exemple savoir utiliser au mieux les réseaux sociaux, mais également créer des rendez-vous hors les murs, dans le milieu naturel ou urbain. Pourquoi, par exemple, ne pas s’adapter aux pauses méridiennes et créer des rendez-vous dans les zones où les gens travaillent ? Les options sont si nombreuses ! Comment l’État peut-il aider à impulser et/ou structurer certaines mutations socio-économiques liées à la course à pied (développement du tourisme sportif, besoin de créer et sécuriser des parcours d’entraînement…) que connaissent les collectivités locales ? Beaucoup de villes ont déjà créé des espaces de promenades, qui deviennent de fait de très beaux espaces de pratique. Pour prendre l’exemple de Lyon, en 2007, après la construction des berges du Rhône, on a constaté que c’était un espace très prisé des runners. J’ai donc demandé l’ajout d’un marquage tous les cent mètres pour que ces derniers retrouvent leurs outils habituels de chronométrage ou de fractionné. C’est dans l’intérêt des villes de proposer des parcours fléchés par niveau avec des codes couleurs simples, pour passer non seulement dans les plus beaux espaces de running mais aussi de tourisme. Je pense qu’il y a là un puissant outil de réappropriation du territoire via le sport. La technologie permet en plus d’affiner ces dispositifs avec des puces dans le panneautage pour proposer des exercices et des explications touristiques. C’est un des derniers projets sur lesquels j’ai travaillé en tant qu’adjoint aux Sports et je sais que mon successeur poursuit dans cette voie. Et côté ministère ? Il pourra permettre de concentrer ces informations, en y ajoutant à la fois nos messages de prévention et les coordonnées des acteurs locaux de la course à pied, que ce soit les clubs ou les comités. Notre pôle ressources national « Sports de nature » a déjà travaillé sur ces questions. Or, ces usages qu’on retrouve en ville, on sait déjà y répondre depuis des années en pleine nature. Je tiens à dire que ce pôle se tient à l’entière disposition des collectivités dans leurs réflexions et leurs projets pour répondre à ces nouvelles pratiques. Peut-on envisager, à moyen ou long terme, que la pratique de course à pied dans un club ou une association agréée puisse être prise en charge par la sécurité sociale au vue des bienfaits qu’elle peut apporter ? L’activité physique et sportive est bénéfique non seulement dans la prévention de maladies, mais aussi à des fins thérapeutiques non médicamenteuses. Sur ce sujet, on a l’expérience menée dans l’agglomération de Strasbourg qui offre des résultats très encourageants et une vraie amélioration de la santé des patients. L’intérêt, c’est qu’elle est construite en collaboration avec l’ensemble des acteurs locaux. Elle incite à la pratique sportive et permet aussi à des disciplines comme la marche nordique, l’aquagym, le taïchi et bien d’autres de se faire mieux connaître. Le ministre Patrick Kanner et moi-même travaillons aujourd’hui, dans le cadre du projet de loi santé, à faire faire reconnaître ces potentiels préventif et thérapeutique de l’activité physique et sportive. Plus d’informations sur le Sommet de la course à pied en cliquant ici |