Le projet de loi santé, adopté par l’Assemblée nationale le 10 avril dernier, permet aux médecins de prescrire du sport aux personnes atteintes d’affection de longue durée (ALD). Un texte qui s’inscrit complètement dans la démarche entreprise depuis plusieurs années déjà par la Fédération française d’athlétisme, qui propose un panel d’activités adaptées à tous les publics, encadrées par du personnel qualifié.

« Depuis près d’une dizaine d’années déjà, nous proposons des activités pour améliorer la santé des gens, à travers notamment la pratique de la marche nordique » : Martine Prévost, vice-présidente de la Fédération française d’athlétisme, se félicite que le projet de loi de santé, adopté par l’Assemblée nationale le 10 avril dernier, conforte la FFA dans l’orientation de sa politique. Egalement médecin, elle rappelle que, parmi les piliers des traitements pour le diabète, les maladies coronariennes et l’artérite, l’insuffisance respiratoire ou l’obésité, il y a toujours eu l’activité physique.

La nouveauté concerne le cancer. Depuis deux-trois ans, des études ont prouvé que l’activité physique diminuait le risque de développer un cancer du sein ou du colon, et que suite à un traitement pour un cancer du sein,  elle améliorait le pronostic et diminuait le risque de rechute. « En fonction de l’activité pratiquée et de la pathologie, on peut réduire le risque de récidive de 2 à 50% », souligne Martine Prévost. La population bien portante mais sédentaire se voit également proposer par la FFA des créneaux d’activité physique encadrée par du personnel qualifié, histoire de prévenir avec succès les pathologies.

Informer les médecins
« Notre atout, c’est que nous avons dix ans de recul en la matière, ajoute la vice-présidente de la FFA. Nous disposons de cadres ayant suivi une formation spécifique pour un public fragile, formation qui a su évoluer en fonction de la demande tout en assurant un maillage du territoire ». La preuve : il existe aujourd’hui près de 110 coaches athlé santé et un millier d’animateurs de marche nordique. « En tant que médecin, je constate une prise de conscience de la population sur la nécessité de pratiquer une activité physique. Les gens se mettent à bouger », poursuit Martine Prevost.

Dans une démarche de communication et dialogue avec le monde médical, la FFA a diffusé un document qui vise à informer les médecins sur l’offre athlé santé loisir, afin de leur montrer qu’elle ne propose pas que des activités tournées vers la performance mais aussi des activités encadrées pour tous les publics. « Le médecin prescrit une activité physique à son patient. Mais où, quoi, comment ? Nous devons donner des contenus aux médecins, les informer de nos offres, afin qu’ils puissent nous confier leurs patients. »

La marche nordique, un second souffle
Benjamin Oury, coach athlé-santé à Reims, espère, quant à lui, que cette loi va « permettre aux médecins d’être encore plus conscients des bienfaits de l’activité physique. Car ils n’ont peut-être pas toutes les informations pour envoyer des personnes atteintes de maladie chronique vers de l’activité physique. » En région champenoise, le réseau sport-santé-bien-être permet de recenser les clubs qui disposent de personnels qualifiés et les activités proposées. « Souvent, les gens sont envoyés vers ce réseau, explique Benjamin Oury. Ils passent un test d’effort et selon le résultat et l’envie, on leur propose une activité physique adaptée. »

A Reims, il existe une section santé et une section bien-être. Chacune propose différentes intensités. « Nous avons un créneau sur la section santé avec des gens atteints de cancers. L’objectif est de les amener vers la section bien-être. Certains y arrivent. Des gens qui sortent juste d’opérations, toujours suivis médicalement, veulent passer à autre chose. La marche nordique leur a donné un second souffle. »
« Le bouche à oreille fait son œuvre, le patient en parle à son médecin », souligne Benjamin Oury, en évoquant l’appréciation de l’action d’athlé santé loisir. « Lors de journées de promotion, on aperçoit des médecins qui viennent voir comment cela fonctionne car ils veulent être rassurés au niveau de la qualité de l’encadrement. » Et ils le sont.

Un carnet de suivi pour dialoguer
Il n’empêche, l’instauration d’un véritable dialogue avec les médecins s’impose. Le lancement du carnet de suivi, qui permet notamment au médecin de faire ses recommandations au coach mais aussi de signaler des restrictions sur certaines activités, est un premier pas. « Ce carnet est clair, simple, précis, tout le monde va s’y retrouver, que ce soit l’éducateur, le médecin ou le pratiquant », se félicite Benjamin Oury. « Le médecin ne doit pas avoir peur de prescrire l’activité, il doit savoir que son patient peut la faire avec un encadrement compétent. Nous devons faire savoir que les clubs de la Fédération française d’athlétisme possèdent des personnels qualifiés. »
« J’espère une prise de conscience des médecins, enchaîne Benjamin Oury. Mais l’idée fait son bonhomme de chemin. Après, si cette démarche est couronnée de succès, il faudra aussi avoir les moyens d’accueillir ces personnes. »

Arthur Delimard pour athle.fr