Attendu comme la relève du marathon français, Michaël Gras a tenu son rang pour sa première sur la distance, en devenant champion de France en 2h18’32, après une démonstration de maîtrise. Chez les dames, le duel annoncé entre Corinne Herbreteau et Aline Camboulives s’est avéré passionnant et a sacré la polyvalente Camboulives. Le décor proposé par le Marathon vert de Rennes était parfait pour une grande première. Un ciel pleinement ensoleillé, un
temps frais, et un parcours agréable. Michaël Gras a transformé l’essai en un coup de maître. Après avoir renoncé au marathon de Paris sur blessure au printemps, le médaillé de bronze du 5 000 m en 2015 avait donné rendez-vous à l’automne. Le plan du sociétaire de l’US Talence s’est déroulé sans accroc. Faussant compagnie, avec la complicité de son frère Damien,
à ses plus dangereux adversaires après quinze bornes, il a progressivement creusé l’écart pour ne jamais être inquiété. Son jumeau l’a suivi jusqu’au vingt-cinquième kilomètre, avant de faiblir et de terminer finalement quatrième (en 2h23’40). « J’avais deux objectifs : le titre et un chrono en moins de 2h20. Au final, tout est bon, savourait-il à l’arrivée. Je pensais rester plus longtemps avec les autres Français. La deuxième partie du parcours était plus descendante, mais peut-être en raison de
mes jambes plus lourdes, je l’ai trouvée un peu plus dure que la première moitié. » A l’heure du premier bilan, à chaud après 2h18'32 d'effort, il confiait que « pendant la course, je me disais que le marathon n'était pas tellement mon truc, que je préférais les distances plus courtes, mais quand je me pose, je me rends compte que c’est une épreuve agréable, sur laquelle j’ai envie de perfer. » On le reverra donc sur 42,195 km en 2016, en un lieu qui reste à définir. Avec comme première ambition de faire tomber la barre
des 2h15. « J’avais dans un coin de ma tête les 2h11 qui permettraient d’aller aux Jeux olympiques, mais j’ai compris que ce serait très dur. Je crois que viser désormais 2h15 sera plus sage dans un premier temps. Je vais en tout cas m’y préparer dès que j’aurai récupéré de ce premier marathon, en repartant sans doute au Kenya comme je l’ai fait cette année, mais en y restant plus longtemps, pour faire plus de séances spécifiques. » 
Derrière lui, Guylain Schmied a fait parler son expérience quand Romain Carette (Lille Métropole Athlé) et Alban
Chorin (Stade Lavallois) ont craqué à l’approche du trentième kilomètre. Le Master de l’Entente Oise Athlétisme a ensuite repris Damien Gras dans les trois derniers kilomètres pour s’emparer de la médaille d’argent au scratch, en 2h21’47. A sa plus grande surprise. « J’avais couru un marathon au Jeux mondiaux militaires il y a quinze jours en Corée du Sud, sur un parcours très exigeant, et je ne savais pas comment
aborder un marathon quinze jours plus tard. J’ai écouté mes sensations, et jusqu’au semi, j’étais très bien. Quand les frères Gras sont partis, j’avais même envie de partir avec eux, mais j’ai rongé mon frein prudemment. Finalement, je me retrouve tout seul et j’ai géré la fin de course. Ma grosse préparation pour Séoul m’a bien servi. Deuxième des France, pour un vétéran, je suis vraiment surpris. C’est une belle cerise sur le gâteau. » La troisième place est revenue à Sébastien Charnay (Pont de Vaux 01 Pulsion), en 2h22’08. « J’avais très envie de revenir sur le podium des France, après une grosse blessure au tendon d’Achille en avril. Comme j’avais peu couru en 2015, j’ai préféré faire une course prudente. Cela m’a permis d’avoir un gros finish, et de décrocher cette médaille. J’en suis très heureux. » 
Camboulives enchaîne Expert en matière de course sur route, Jean-François Pontier, le manager du hors stade à la FFA, ne s’était pas trompé au jeu des pronostics. Après avoir désigné Michaël Gras comme favori chez les hommes, il avait prévu « une grosse bagarre » entre Aline Camboulives (AS Saint-Julien 74) et Corinne Herbreteau (AS Saint-Sylvain d’Anjou). La grande explication a été somptueuse. Après deux kilomètres de mise en jambes, les deux se sont marquées à la culotte pendant plus de vingt-cinq kilomètres, en permanence dans la foulée l’une de l’autre. La décision de ce mano a mano s’est finalement faite dans une petite bosse à treize kilomètres de l’arrivée. « J’ai profité d’un petit coup de cul pour accélérer un peu, mais sans trop y croire, raconte Aline Camboulives. Comme
j’ai des restes de coureuse en montagne, j’ai entendu à sa respiration qu’il y avait un coup à faire, et que je ne devais pas me relâcher au sommet, mais un peu après. J’ai vu que j’avais fait le trou, et j’ai continué à ce rythme. Je savais Corinne très costaud, et capable de revenir, alors jusqu’à 500 m de la ligne, je n’étais pas certaine de gagner. Comme moi, c’est une battante. Elle reste une référence en France », explique, avec respect, la championne de France 2015, après avoir coupé la ligne en 2h37’02. « Y’a
deux secondes qui m’embêtent, faisait-elle semblant de rouspéter. Bon, c’est un beau titre, et une belle victoire, et je n’aurais pas pensé à une course comme ça. Surtout après ma grosse chute aux championnats de France de semi-marathon il y a trois semaines. A cause de ça, j’ai deux côtes fêlées, et ça a bien compliqué ma préparation », souffle la double championne de France (scratch et masters), trois semaines après avoir réalisé le doublé aux championnats de France de semi à Fort-de-France. « Aujourd’hui, elle était plus forte, je ne peux pas le cacher », reconnaissait
sans peine la sociétaire de l’AS Saint-Sylvain d’Anjou. Deuxième en 2h38’15, Herbreteau espérait battre son record personnel, établi à Paris au mois d’avril (2h36’26). Mais elle doit pour cela s’habituer à une nouvelle situation professionnelle, après avoir renoncé à son salon de coiffure. « J’ai pris un travail à Décathlon, en plus d’être coiffeuse à domicile, depuis le mois de septembre. Ce n’est pas facile à gérer, et je dois encore prendre des repères. C’est un choix, et je sais que cela
ira beaucoup mieux à l’avenir. Je suis confiante. » Avant de se tourner vers une nouvelle sortie sur marathon en avril, elle pense d’abord « au cross et au 10 km pour cet hiver ». Troisième des engagées au bilan, Sophie Le Beherec (ASVEL Villeurbanne) a confirmé en prenant la médaille de bronze, abaissant au passage son record à 2h44’48, contenant ainsi les sœurs Anaïs et Emeline Siard (AS Tourlaville), qui briguaient également une place sur le podium. A Rennes, Etienne Nappey pour athle.fr Tous les résultats en cliquant ici |