En dehors de la grave blessure de Teddy Tamgho, les bonnes nouvelles ont été nombreuses pour les athlètes français sur la piste du Parc des Sports du Lac de Maine. Dans la foulée d’un Jimmy Vicaut très impressionnant sur 100 m (9’’88), Cindy Billaud (12’’83 sur 100 m haies) et Bastien Auzeil (8191 points au décathlon) ont réalisé le niveau de performance requis pour les Jeux olympiques de Rio. Plusieurs jeunes pousses ont, elles, profité de conditions climatiques idéales pour faire
un grand pas vers les championnats d’Europe d’Amsterdam.
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La Perf' |
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La locomotive Vicaut
Avec lui, il va bientôt falloir arrêter de compter ses chronos sous les 10’’ (seize dans des conditions régulières depuis 2013 !). Pour comptabiliser, à la place, ses temps sous les 9’’90. En remportant la finale du 100 m en 9’’88 (+1,9m/s) à Angers, Jimmy Vicaut est descendu pour la troisième fois de sa carrière (et pour la deuxième fois de l’année) sous les 9’’90. Pas de quoi troubler le flegmatique Parisien, actuellement en pleine confiance et sûr de ses forces. « Je commence
à monter en puissance, apprécie-t-il. C’est un début de saison parfait. Mentalement, tout va bien. Physiquement aussi. »
En 2012, le sprinter du CA Montreuil 93 avait dû se contenter de la médaille d’argent sur cette même piste du Parc des Sports du Lac de Maine, derrière Christophe Lemaitre. Privé cette fois de la présence de l’Aixois (voir plus bas), il n’a eu besoin de personne pour aller vite. Il a rapidement fait le trou sur la concurrence, en dégageant une impression de puissance désormais habituelle. « J’ai essayé de mettre beaucoup de cadence, raconte-t-il. J’ai senti quelqu’un derrière moi mais je me suis dit
: ''Tu ne lâches pas !'' »
Ce quelqu’un, c’est Stuart Dutamby, son camarade d’entraînement, finalement médaillé d’argent en 10’’12. Jimmy Vicaut est aujourd’hui la locomotive du sprint français. Au niveau mondial, lui donner cette étiquette serait un peu présomptueux. Sauf que, ce samedi soir, il
possède les deux meilleures performances mondiales de l’année sur la ligne droite (à égalité avec Usain Bolt pour la deuxième).
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Le Temps Fort |
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Auzeil s’est fait plaisir
« Ce n’est pas loin d’être un week-end de rêve. » Bastien Auzeil a les yeux brillants de bonheur, ce samedi soir, quelques minutes après avoir reçu sa médaille d’or en clôture de cette deuxième journée des championnats de France. Difficile d’imaginer que la veille, après trois épreuves, il n’en menait pas large. En retrait au classement après le 100 m, la longueur et le poids, le décathlonien de l’Entente Athlétique Grenoble 38 s’est relancé à la hauteur, en égalant son record
personnel avec 2,04 m. « Ça a été le déclencheur pour la suite de la compétition, confie-t-il. J’ai ensuite tout lâché sans complexe, et c’est passé quasiment partout. »
En particulier au lancer du disque, avec un record battu grâce à un jet à 47,02 m. Avant la dernière épreuve, le 1500 m, Bastien savait qu’il devait courir en moins de 4’45 pour atteindre les 8150 points, synonymes de niveau de performance requis pour les J.O. de Rio. Avec l’aide de Flavien Antille (Montbéliard Belfort Athlétisme), lièvre de luxe dans la plus pure tradition des épreuves combinées, il a parfaitement rempli son contrat en 4’38’’79. Le début de saison difficile est, d’un coup, complètement effacé.
« Ce week-end, j’étais prêt mentalement pour me battre dans toutes les épreuves, quel que soit le résultat », explique le combinard, qui participera peut-être aussi aux championnats d’Europe d’Amsterdam. C’est cet état d’esprit qu’il essayera ensuite de retrouver au Brésil. « Les J.O., c’est le rêve de tout athlète. Mais pour en garder un bon souvenir, il faut être performant et ne pas y aller en touriste. »
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Le Chiffre |
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Cindy Billaud est bien la petite fiancée des championnats de France. A la peine depuis le début de la saison, la hurdleuse de la Sco Sainte-Marguerite Marseille a pourtant remporté son quatrième titre national consécutif sur 100 m haies. Soit le grand chelem sur l’olympiade.
En série (2e en 13’’26 un centième derrière Aisseta Diawara), elle a évité d’un rien la chute, après une grosse erreur sur le neuvième obstacle. Mais elle a réussi à se remobiliser pour la finale. « Benjamin (Crouzet, son entraîneur) m’a dit : Tu oublies et tu remets les compteurs à zéro, raconte la vice-championne d’Europe 2014. Il m’a motivée, tout comme Thomas et Pascal (Martinot-Lagarde). Je les en remercie. »
Quelques dizaines de minutes plus tard, elle réalisait cette fois une course propre en finale, alors que Sandra Gomis partait à la faute. Résultat : une victoire en 12’’83 (+1,1m/s), deux centièmes sous le niveau de performance requis pour Rio. La saison de Cindy Billaud aurait pu s’arrêter ce samedi soir à Angers. Elle est désormais bien lancée. « En saison olympique, on se met plus de pression que d’habitude alors qu’on ne devrait pas réfléchir. Mais maintenant, je vais courir l’esprit libre
», promet la co-recordwoman de France.
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Le Coup Dur |
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Lemaitre à l’arrêt
Le couloir 6 était vide en finale du 100 m. Il aurait dû être occupé par Christophe Lemaitre, qui ne s’est pas présenté au départ de la ligne droite après une série pourtant bien bouclée en 10’’09 (+0,7m/s), NPR pour les J.O. de Rio en poche. On a pu craindre le pire mais, au final, le sprinter de l’AS Aix-les-Bains s’est voulu plutôt rassurant. Après avoir dû faire un écart à l’arrivée de sa série pour éviter un juge, il a ressenti une tension au niveau du tendon d’Achille droit.
A moins de deux semaines des championnats d’Europe d'Amsterdam, le principe de précaution a logiquement prévalu. L’athlète entraîné par Pierre Carraz ne sera pas non plus au départ du 200 m demain.
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Les promesses |
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Gunnarsson mène la nouvelle vague
Les championnats de France d’une année olympique marquent souvent l’apogée d’une génération. A Angers, une partie de ceux que l’on attendait plutôt pour la prochaine olympiade a bousculé avec un peu d’avance le portillon de la cour des grands. Le plus bel exemple est Lisa Gunnarsson, de retour sur un stade qu’elle a fréquenté
assidûment pendant deux ans avant d’émigrer à Nantes. La Suédoise a égalé son propre record du monde cadettes à 4,50 m, avec le maillot d’Angers Athlétisme sur le
dos, avant de s’attaquer de façon convaincante à une barre fixée à 4,55 m qui lui aurait offert un billet pour les Jeux olympiques. Elle devance une autre « jeunette » prometteuse, Ninon Guillon-Romarin (EA Cergy-Pontoise), qui a damé le pion tricolore aux habituelles taulières Vanessa Boslak, Marion Lotout, Marion Fiack ou Maria-Leonore Ribeiro Tavares. En franchissant 4,40 m, son nouveau record personnel, l’élève de Fabrice Le Monnier a concrétisé les progrès entrevus depuis
le début du printemps, même s’il lui a manqué un peu d’expérience pour franchir les 4,50 m qui lui aurait permis de prendre une place dans l’avion pour Amsterdam.
La Hollande, Stuart Dutamby (Lille Métropole Athlétisme), Mickaël-Meba Zeze (Val de Reuil AC) et Floriane Gnafoua (Athlé 91) y seront dès dimanche prochain, pour une première expérience internationale chez les seniors sur la ligne droite. Le premier nommé a profité de l’aspiration de Jimmy Vicaut pour porter son record à un 10’’12 de très bonne facture. Mickaël-Meba Zeze s’est également mêlé à la lutte et en a récolté un nouveau record personnel de 10’’21. En plus d’une qualification continentale sur la ligne droite, ce chrono lui ouvre de
jolies perspectives pour le 200 m programmé dimanche. La troisième s’est démenée pour résister aux assauts de Stella Akakpo, en séries comme en finale. Avec 11’’19 (+0,9) puis 11’’20 (-0,4), elle a prouvé qu’elle pouvait désormais briller aussi fort l’été venu que pendant l’hiver
sur 60 m, une distance qui colle parfaitement à ses qualités d’explosivité. Enfin, Frédéric Dagée a décroché son premier titre de champion de France Elite, après les avoir collectionnés chez les jeunes. Le Niçois, deuxième avec 19,21 m derrière le Congolais de l’EFCVO Franck Elemba Owaka (20,60 m), est venu à bout de son aîné Gaëtan Bucki (Artois Athlétisme, 19,02 m), et de Willy Vicaut (CA Montreuil), autre valeur montante de la discipline.
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Et Aussi |
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Rénelle Lamote (Athlé Sud 77) a ajouté une nouvelle couronne nationale à son palmarès, en triomphant en 2’02’’09 sur un 800 m qu’elle a dominé de main de maître et de bout en bout. A noter que Pierre-Ambroise Bosse ne sera pas présent demain sur cette distance. Deuxième de sa serie, il souffre d'une grippe depuis plusieurs jours. Florian Carvalho (US Nemours Saint-Pierre) n’a pas tremblé non plus dans le dernier tiers de son 1500 m, qu’il a bouclé en 3’44’’70 après avoir décramponné tout le monde dans le dernier virage. Marine Vallet (Stade Rennais Athlétisme) s’est montrée toute aussi dominatrice à la hauteur, en franchissant
toutes ses barres dès la première tentative jusqu’à 1,88 m, avant d’échouer à 1,92 m. Souveraine en séries comme en finale, Stella Akakpo (Amiens UC) s’est appuyée les deux fois sur la concurrence de Floriane Gnafoua (Athlé 91) pour s’offrir un nouveau record et un premier titre en plein air chez les Elite. Jessica Cérival (EFCVO) n’avait pas de rivale à sa mesure au poids, mais était très déçue d’avoir raté le niveau de performance requis pour les championnats de treize petits centimètres,
même en ayant réussi son meilleur jet de la saison (17,47 m). Sur la route de sa préparation pour les Jeux de Rio, Emilie Menuet (AJ Blois Onzain) s’est régalée lors d’une agréable promenade sur 5000 m marche, en 21’51’’91, synonyme de nouveau titre de championne de France pour celle qui détient le record hexagonal. Enfin, Annaëlle Nyabeu Djapa (CA Montreuil) a décroché la timbale pour la première fois de sa vie, en venant à bout de la farouche résistance de Laura Arteil (EFCVO) dans le 800
m terminal de son heptathlon, conclu avec un total de 5 768 points.
A Angers, Etienne Nappey et Florian Gaudin-Winer pour athle.fr
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