La délégation française a fait un retour triomphal à Paris mardi, les valises chargées des nombreuses médailles ramenées du Brésil. Au cœur des célébrations, les athlètes ont apprécié le soutien populaire qui les a accompagnés tout au long de la journée.

Quarante-huit heures après la fin des épreuves, le blues post J.O. n’avait pas encore commencé à faire effet pour les dizaines d’athlètes rentrés mardi matin de Rio, dans un avion spécialement affrété pour eux et pour leur wagon de médailles. A leur descente sur le tarmac de Roissy, tous avaient le sourire jusqu’aux oreilles, après un voyage euphorique entre la cité carioca et la ville lumière. Certains avaient aussi des yeux quelque peu fatigués après des heures de fête dans l’avion, en présence du ministre des sports Thierry Braillard et avec le cycliste Grégory Baugé comme disc jockey. « Il y avait tellement de pression pendant ces Jeux que la décompression est fulgurante », sourit Kevin Mayer.

Si l’on se fie aux quelques indiscrétions qui ont filtré après coup, Pierre-Ambroise Bosse en aurait profité pour se marier avec une rugbywoman pendant le trajet. Kevin Mayer et Dimitri Bascou, eux, ont avoué sans détour n’avoir « pas fermé l’œil de la nuit ». Même si les festivités n’étaient pas aussi développées qu’au retour de Londres en 2012, en raison du contexte sécuritaire français, cela n’a pas empêché des dizaines de badauds de venir rendre hommage aux champions de la nation à l’aéroport. Après avoir passé du temps à signer de nombreux autographes, les médaillés ont pris la route d’un hôtel de luxe à proximité de la Tour Eiffel, pour quelques heures très intense de partage avec les médias, avant de filer en fin de journée à l’Elysée, où ils ont été reçus par le chef de l’Etat François Hollande.

Un honneur à la hauteur de l’exploit réalisés par les Bleus au Brésil. « C’est une fierté d’avoir la reconnaissance de l’homme le plus important de France, mais aussi et surtout de tous les anonymes qui nous ont soutenus pendant ces Jeux. C’étaient des moments inouïs, exceptionnels, que j’ai dégustés à chaque seconde. Plus que le résultat, ce sont les émotions qui en découlent, avec mes proches et tous les Français qui m’ont regardé, qui m’ont marqué », souffle le médaillé d’argent du décathlon. Par message, par tweet ou de vive voix, toutes ces petites marques d’attention aident les médaillés à prendre la mesure de leur performance. « Je réalise petit à petit. La première étape a été de pouvoir rentrer chez moi auprès de mes proches. Là, d’être avec tous les autres médaillés olympiques réunis, cela me fait réaliser que j’ai moi aussi ma médaille », explique Mélina Robert-Michon, qui a atterri en France dimanche mais avait fait le déplacement jusqu’à la capitale mardi, pour profiter des festivités avec ses camarades.

« C’est un rêve qui était dans ma tête depuis plus d’une dizaine d’années. Tous les athlètes de haut niveau ont les JO dans la tête, et quand arrive la médaille, il faut un certain temps pour réaliser. C’était vraiment un moment magique. En arrivant aujourd’hui, on voit que cette magie était partagée par nos supporters français, qui sont encore plus heureux que nous ! », approuve Dimitri Bascou, avec sa médaille de bronze bien accrochée autour du cou. Habitué des podiums olympiques, Mahiedine Mekhissi n’en a pourtant pas encore fini de s’émerveiller du bonheur qui irradie autour des breloques suprêmes. « On profite, on savoure. A l’aéroport, c’était de la folie. On a été surpris par cet accueil. Je pense que s’il y avait autant de monde, c’est parce qu’on a marqué l’histoire, et on a fait vibrer les gens. Quand on était aux Jeux, on était coupés du monde, on ne savait pas trop ce qu’il se passait en France. On avait grave envie de battre le record de médailles de l’équipe de France olympique. Ce n’était pas facile au début, mais on s’est battus et on a bien terminés. »

Les impressions des Bleus de retour de Rio par FFAthletisme

« On est contents de rentrer car des Jeux olympiques, c’est long et éprouvants malgré les émotions fortes. J’en garde beaucoup de bons souvenirs. C’est bien de voir nos fans qui nous ont soutenus avant de retrouver nos proches. C’est vraiment important de partager ces bons moments parce qu’ils sont inoubliables et resteront gravés à vie », approuve Christophe Lemaitre. Ce dernier a d’ores et déjà donné rendez-vous à ses petits camarades au Stade de France samedi soir pour le Meeting de Paris, prévu pour être une fête de l’athlétisme. « Nous serons au Stade de France samedi soir pour continuer à fêter cette médaille avec le public français qui n’a pas pu se déplacer à Rio, et je pense que ça va être un grand et beau moment », synthétise Mélina Robert-Michon. Renaud Lavillenie, lui, a couru de sollicitation médiatique en sollicitation médiatique avant de filer plus tôt que les autres, pour attraper au vol un avion qui devait l’emmener à Lausanne, où il pliera à nouveau ses gaules dès jeudi soir. A peine rentrés, la vie d’athlète reprend déjà son cours…

Etienne Nappey pour athle.fr