Pistard, routard, combinard, sauteur, lanceur, jeune, compétition, loisir, haut niveau, découverte, nature, ville. Autant de mots à combiner qui, au sein des près de deux mille clubs, font l’athlétisme en France. Parmi les rouages essentiels de chaque structure, l’entraîneur, quel que soit son profil, occupe une place à part. Athle.fr vous invite chaque mois à la rencontre de ces hommes et femmes de l’ombre. Septième épisode avec Jean-Pierre Horbaty, entraîneur aux J3 Sports Amilly.

A quarante-et-un ans, Jean-Pierre Horbaty a toujours deux casquettes : lanceur de poids et entraîneur. Côté athlète, il a balancé la boule de 7,260 kg à 15,83 m cet été, ce qui le classe à un très honorable dix-neuvième rang national. Côté coach, il officie toujours aux J3 Sports Amilly, un petit club situé dans le Loiret. Au sein de son groupe de lanceurs, il a formé plusieurs athlètes ayant percé au niveau national, dont le champion de France Elite en titre du poids, Frédéric Dagée (aujourd’hui membre du pôle de Boulouris). Jean-Pierre Horbaty garde chevillé au corps l’envie de transmettre sa passion. Rencontre.

Athle.fr : Votre définition de l'entraîneur ?
L'entraineur doit être un passionné. C'est un élément essentiel s’il veut pouvoir consacrer beaucoup de son temps à ses athlètes. Il a aussi un rôle d'éducateur, en donnant des repères à travers des règles. Il a des devoirs envers ses athlètes, qui ont eux-mêmes des devoirs envers lui. L'entraineur doit avoir cette capacité d'analyse qui va lui permettre de tirer le meilleur des athlètes, en prenant en compte leurs capacités physiques, leurs qualités, leurs défauts, leurs motivations. Il est parfois psychologue et confident. Le temps passé avec les sportifs pouvant être considérable, l'entraineur devient bien plus qu'un entraineur. Attention, toutefois, à ne pas prendre les choses trop à cœur.

Entraîneur à Amilly c'est plus dur qu'ailleurs ?
Au contraire, s'entrainer dans un petit club comme Amilly permet d'être au cœur de la vie du club. Tout le monde se connait, c'est une grande famille où il fait bon s'entrainer sans rivalité ou guerre de clocher. Les installations permettent de s'entraîner été comme hiver (stade, gymnase, salle de musculation) aux horaires que l’on souhaite. J'ai moi-même les clefs de toutes les installations, ce qui me permet de bénéficier d’une grande autonomie.

Ce qui vous énerve et vous plaît le plus dans votre fonction ?
J'aime voir les athlètes se dépasser pour progresser et arriver au but qu'ils se sont fixés. Ceux qui se donnent des objectifs et qui ont des qualités pour les réaliser, mais qui ne se donnent pas les moyens de les atteindre en trouvant toutes les bonnes raisons de louper un entrainement ou de ne pas se donner à fond lors d'une séance, m'agacent très vite. C'est un manque de respect. Je veux bien donner de mon temps, mais c’est du donnant-donnant. Ou alors, il faut revoir ses objectifs à la baisse, et c'est dommage si les qualités sont là. Je regrette le manque de motivation de certains jeunes actuellement.

Vous êtes un coach "connecté" ou un entraîneur à l'’’ancienne" ?
Je suis un coach à l'ancienne. J'ai les grandes lignes de ma programmation en tête et, du coup, cela me donne plus de latitude et de réactivité pour adapter l'entrainement, en fonction des résultats et des signaux que les athlètes me renvoient. Maintenant, un peu de vidéo pour décortiquer les mouvements, c’est intéressant.

Votre plus beau souvenir ?
Tous les records de France de Frédéric Dagée (dix-sept records de minime à junior), formé au club et maintenant à Nice, champion de France Elite au poids cette année. Un autre bon souvenir, mais qui reste frustrant, c’est le jet mordu de Lucie Archenault, lors des championnats nationaux indoor à Nogent-sur-Oise. Un lancer qui lui a prouvé qu'elle était capable de réaliser un gros jet et de monter sur le podium.

Quelle est votre relation avec les athlètes ?
Je suis très exigeant avec eux. Si j'arrive moi-même à m'entrainer en gardant de l’intensité à mon âge, j'ai du mal à comprendre qu'avec vingt ans de moins, certains baissent les bras. Les relations peuvent être très conflictuelles avec certains athlètes, s'ils ne jouent pas le jeu. Mais elles sont habituellement plutôt bon enfant et je chambre beaucoup à l'entrainement. Il faut aussi être malin pour amener l’athlète là où on le souhaite, sans qu’il s’en aperçoive.

Avez-vous un modèle d'entraîneur, dans l’athlétisme ou dans un autre sport ?
Je n'ai pas vraiment de modèle d'entraineur, dans l'athlétisme ou ailleurs. J'aime bien Philippe Lucas pour son franc-parler, son exigence et ses méthodes auxquelles je pourrais m'identifier, à savoir qu’il faut bosser dur pour avoir un résultat. No pain, no gain.

Trois mots pour définir votre groupe ?
Actuellement, on ne peut pas dire que je m’occupe d’un groupe de compétition. J'ai plus des « compagnons d'entrainement », étant toujours moi-même un peu athlète. Mais je pourrais dire : sérieux, ambition et implication.

Propos recueillis par Renaud Goude pour athle.fr