Christelle Daunay (Entente Sarthe Athlétisme) et Hassan Chahdi (EA Centre Isère) étaient intouchables ce dimanche. Ils ont respectivement remporté leur troisième et quatrième titre national, sur le parcours très roulant de l’hippodrome de Saint-Galmier. La première a cependant dû longtemps batailler avec Sophie Duarte (CA Balma), contrairement au second qui a réalisé une course en solitaire. Sur cross court, Elodie Normand (SCO Sainte-Marguerite Marseille) a remporté sa troisième couronne nationale en huit jours, alors que Mohamed-Amine El Bouajaji (Strasbourg Agglomération Athlétisme) a réalisé de brillants débuts chez les grands. Retour sur les temps forts de la journée.

« La marathonienne est sage, alors que la demi-fondeuse est plus impulsive. » Sophie Duarte a le sens de la formule, à l’heure de résumer le cross long féminin qui vient de s’achever. Une course qu’elle a longtemps animée, en plaçant de brutales accélérations. « J’ai voulu faire des attaques à la kényane, au risque de m’épuiser avant le dernier kilomètre », confie l’ex-steepleuse de 35 ans, qui tente de se reconvertir sur la route depuis deux ans. Christelle Daunay est, elle, une des meilleures marathoniennes au monde depuis dix ans. La fondeuse sarthoise de 42 ans a fait parler sa science de la course, sur un parcours de plus de huit kilomètres aussi roulant que celui qu’elle avait emprunté lors de ses trois premiers titres dans les labours (Vichy en 2007, Aix-les-Bains en 2009 et Paray-le-Monial en 2011). « J’ai laissé faire Sophie puis je me suis montrée pour dire que j’étais là », raconte-t-elle.

La recordwoman de France du marathon a ensuite placé sa seule accélération en fin de course, à un endroit stratégique, alors que l’Ethiopienne Chaltu Negasa (Amicale Athlétisme du Roumois) s’était déjà envolée vers la première place. « J’ai attaqué après les rondins de bois, détaille-t-elle. Comme Sophie est steepleuse, elle les passait mieux que moi. J’ai vu qu’elle était moins bien après, donc je suis partie. » Christelle Daunay remporte son quatrième titre national seniors, en plus de coiffer la couronne master. Pas forcément le plus attendu, puisqu’elle n’était venue au départ que pour donner un coup de main à son club de l’Entente Sarthe Athlétisme (vainqueur par équipes). Blessée lors du marathon olympique à Rio, elle n’avait repris l’entraînement qu’en fin d’année. « Je suis en forme mais pas encore à 100 % », reconnaît-elle d’ailleurs. Autant dire qu’au top de sa forme, la championne d’Europe 2014 du marathon semble encore capable de jouer la victoire pendant quelques saisons.
Derrière Christelle Daunay et Sophie Duarte, Claire Perraux décroche la médaille de bronze. Un joli vent de fraicheur puisque la sociétaire de la SCO Sainte-Marguerite Marseille s’alignait pour la première fois sur le cross long, ayant toujours privilégié le « court » jusque-là. Chez les espoirs, le titre revient, comme attendu, à Cassandre Beaugrand. La triathlète de l’AS Monaco, partie en tête de peloton pendant les premiers hectomètres, est vite rentrée dans le rang. Dans le dur pendant une bonne partie de l’épreuve, elle a fini la course exsangue.
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Chahdi au-dessus du lot

Si le duel entre Daunay et Duarte a permis aux milliers de spectateurs de vibrer, le cross long masculin a, lui, été beaucoup plus limpide. La faute à Hassan Chahdi, qui n’a laissé planer aucun suspense. Privé de ses deux « meilleurs » adversaires, Morhad Amdouni, finalement absent, et Florian Carvalho, le fondeur de l’EA Centre Isère s’est envolé en tête de course dès les premiers mètres. Seul le Kényan Abel Maina Ndemi (Clermont Athlétisme Auvergne) a tenté un temps de le suivre, avant de rétrograder. Pendant plus de dix kilomètres, le désormais triple champion de France du cross long s’est plus battu avec lui-même qu’avec ses concurrents. « Ça n’était pas facile de rester concentré sur ma respiration, je voyais les sourires », avoue celui qui participera en avril au marathon de Paris, avec dans le viseur un chrono sous les 2h10. Il s’est tout de même permis de taper dans les mains des spectateurs ou d’encourager un coureur attardé à qui il prenait un tour, bien avant la dernière ligne droite. Dans les ultimes mètres, il a fait un sympathique clin d’œil à Florian Carvalho, papa depuis jeudi dernier, en mimant un bébé qu'on berce.
Vingt-deux secondes derrière, Michael Gras, titré par équipes avec Alès Cévennes Athlétisme) décroche une belle médaille d’argent, après avoir pris ses responsabilités en partant seul en chasse derrière l’Isérois. Troisième place pour Emmanuel Roudolff-Levisse (Amiens UC), qui incarne l’avenir de discipline en montant sur la plus haute marche du podium chez les espoirs.
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Normand s’offre le triplé

On peut ne pas aimer les cross et les gagner. Illustration avec Elodie Normand, qui a été la seule Française à réussir à accrocher la foulée de la championne olympique tunisienne Habiba Ghribi (Entente Franconville Cesame Val d’Oise), première à l’arrivée. « Je déteste les cross, c’est mon point faible, a lancé à l’arrivée la polyvalente athlète de la SCO Sainte-Marguerite Marseille.  Je pars dans l’inconnu et ça m’angoisse. » Sur le terrain parfaitement sec de Saint-Galmier, la pistarde n’a pourtant jamais tremblé. Elle décroche son troisième titre national en huit jours, après s’être imposée sur 1500 m et 3000 m à Bordeaux le week-end dernier.
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Sur la même distance mais chez les hommes, petite surprise avec la victoire de Mohamed-Amine El Bouajaji (Strasbourg Agglomération Athlétisme). Le cinquième junior des derniers championnats d’Europe de cross a superbement réussi son examen de passage chez les grands, dans une course dominée par le Belge de l’EFS Reims Tarik Moukrime. Au terme d’une course électrique, il l’emporte devant Felix Bour (Athlé 55) et Romain Collenot-Spriet (AJ Blois-Onzain). « J’ai toujours dit que, pour moi, espoir n’était pas une catégorie mais un concept », soutient l’Alsacien. Il l’a montré sur le terrain.
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Cavalier seul pour Lejeune

Des championnats de France de cross sans triathlètes aux avant-postes chez les jeunes, ça n’existe plus. La preuve chez les cadets et juniors, avec les victoires de trois spécialistes du triple effort. En juniors filles, Cécile Lejeune (EFS Reims) n’a laissé aucune chance à la concurrence, en réalisant un cavalier seul à la manière de Cassandre Beaugrand les années précédentes. La fugace recordwoman de France juniors du 10 km (34’22’’), rapidement loin devant tout le peloton, ne s’est jamais retournée.
Sans se mettre dans le rouge, elle l’a emporté avec près de trente secondes d’avance sur Leila Hadji (Athlé Sud 77) et Meline Rollin (GRAC Athlétisme). Souvent blessée, elle n’avait jamais participé aux championnats de France de cross et décroche donc son premier titre dans les labours.
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Chez les cadettes, Alessia Zarbo, pour sa première année dans la catégorie, a aussi réalisé une belle démonstration. Rapidement en tête, la demi-fondeuse de l’Espérance Antibes a fait craquer toutes ses adversaires pour l’emporter avec un peu moins de quinze secondes de marge sur Claire Carrère (Athlé Sud 77), titrée l’an dernier, et Julie Azas (Montpellier Athletic Méditerranée Métropole). Bonne nouvelle : l’Azuréenne donne pour l’instant priorité à sa carrière d’athlète. Elle visera d’ailleurs cet été une sélection sur 3000 m lors du Festival olympique de la jeunesse européenne.
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Son voisin provençal Boris Pierre est, lui, déjà spécialisé en triathlon. Le sociétaire de l’AMSL Fréjus, « très content de (s)’imposer sur le terrain des athlètes » a su réagir après un départ difficile. Longtemps au cœur d’un petit peloton de quatre coureurs, il a démarré au bon moment pour l’emporter en solitaire, devant Antoine Sénard (Villeneveu d’Ascq Frétin) et Alex Fournival (CA Ambilly).
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Seule entorse au triathlon : la victoire chez les juniors hommes de Yani Khelaf. Le pistard de l'Entente Franconville Cesame Val d'Oise, impressionnant cet hiver sur 1500 m, a décroché son premier titre dans les labours, deux ans après sa médaille d'argent aux Mureaux. Il n'a laissé aucune chance à Alexis Phelut (Clermont Athlétisme Auvergne) et Ilyes Boum (US Athlétiques de Liévin), deuxième et troisième de la course. Yani a dédié sa victoire au grand absent du jour, son camarade d'entraînement Louis Gilavert, blessé, qui l'avait devancé pour la victoire en 2015.
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Enfin, au cours d’une journée qui n’a offert aucun sprint pour la victoire, Djamel Bachiri a facilement imposé sa loi chez les masters, en accélérant au train pour sa première participation dans sa nouvelle catégorie. Le routard de Lille Métropole Athlétisme, âgé de 39 ans, a dédié son titre à sa mère, gravement malade. « Je lui ai dit hier : ’’Maman, ne t’inquiète pas, je vais gagner aujourd’hui’’. » Une promesse qu’il a brillamment tenue.
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Florian Gaudin-Winer pour athle.fr

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