Le traditionnel stage d’automne des jeunes internationaux a rassemblé près de 80 athlètes et leurs coaches personnels tout au long de la semaine à Boulouris (Var). L’occasion pour l’encadrement technique national de faire un point complet sur leur parcours, et de leur donner les clés de l’accession au plus haut niveau international, afin de lancer l'opération Athlé 2024 sur le chemin du succès. Tous les ans au mois d’octobre, les meilleurs jeunes athlètes de France et de Navarre prennent leurs quartiers sur la Côte d’Azur, au Creps de Boulouris. Une question d’habitude et de confort, la météo et la qualité des infrastructures rendant le lieu incomparable. Du dimanche au vendredi, le pôle varois a vu défiler pas moins de 79 jeunes athlètes, nés entre 1998 et 2002, ainsi que 43 de leurs entraîneurs personnels, conviés pour l’occasion. Tous les sélectionnés des championnats d’Europe juniors juniors et des Mondiaux cadets, ainsi que les médaillés du Festival olympique de la jeunesse européenne, avaient été invités. Si certains d’entre eux pourraient se retrouver aux Jeux de Tokyo en 2020, c’est évidemment du côté de Paris qu’ils lorgnent, quatre ans plus tard. « C’est la génération qui est susceptible de faire les Jeux à domicile dans sept ans. L’enjeu est donc de lancer une politique un peu plus affirmée du fait de cette échéance exceptionnelle », pose Thierry Cristel, responsable du stage. Les athlètes et leur coaches ont suivi un emploi du temps relativement chargé, de leur arrivée le dimanche 22 octobre à leur départ le vendredi 27 octobre. En plus des différentes séances d’entraînement purement sportif, chacun a pu profiter de divers ateliers thématiques : préparation mentale, souplesse, renforcement musculaire, nutrition et alimentation, gestion du sommeil, les spécificités féminines. De plus, deux nouvelles thématiques ont été abordées cette année : le suivi socio-professionnel d’une carrière de haut niveau, et les réseaux sociaux, avec l’intervention du nageur champion olympique Fabien Gilot. « Notre souhait était de sensibiliser ou renforcer les connaissances de nos jeunes athlètes sur ces questions, en leur offrant à chaque fois une loupe très précise dans ces domaines, par des intervenants spécialisés et pertinents. Si tous les athlètes ne sont pas au même niveau dans chacun de ces domaines, le contenu qui leur a été donné leur sera utile dans les années à venir », souligne Philippe Leynier, membre de l’encadrement technique national. Chacun des athlètes présents a également pu bénéficier d’un bilan médical complet et individuel. « Nous procédons à des évaluations dans le domaine de la souplesse, des capacités physiques, au niveau postural, et pour dépister d’éventuels problèmes ou blessures, explique Jean-Michel Serra, médecin des équipes de France. En fonction, nous pouvons préconiser des rééducations ou du travail particulier pour raffermir le corps, voire conseiller sur des domaines où l’athlète serait défaillant, comme l’alimentation, le sommeil, l’hydratation. L’intérêt est double, car avec leurs coaches à proximité, on peut échanger avec eux sur ce que nous constatons nous, mais aussi sur leurs éventuels besoins ou attentes. Nous essayons aussi de mettre en évidence des problématiques ciblées selon les différentes disciplines de l’athlétisme, afin de faire un retour auprès de la DTN et des entraîneurs de spécialité de manière à ce qu’ils puissent orienter au mieux les directives nationales dans ce domaine. Depuis que nous avons mis en place ce dispositif il y a quatre ou cinq ans, on note que la situation s’améliore sur le plan médical. » 
Les habitués en redemandent Le dialogue entre athlètes, entraîneurs, cadres techniques et intervenants est une donnée essentielle de ce dispositif. « Que les coaches personnels soient présents, c’est capital, appuie Philippe Leynier. Certains sont des habitués, d’autres viennent pour la première fois. Ils ont à la fois des choses à nous apprendre car ce sont eux qui connaissent le mieux leurs athlètes, mais aussi des choses à apprendre des échanges, formels ou informels, qui se créent pendant la semaine, et pas seulement au sein de leur discipline de prédilection. Au début, on en avait une petite vingtaine. Aujourd’hui, le chiffre a doublé, c’est le signe que les lignes ont bougé et que des habitudes se sont créées. » La méthode mise en place par la direction technique nationale a fait ses preuves à travers le temps, et chaque athlète y trouve son compte. La plus jeune du regroupement, Heather Arneton, a pleinement profité de cette expérience. « C’est super bien d’avoir des gens autour de toi, surtout pour moi qui m’entraîne toute seule pour l’instant. Il y en a que je vais croiser dans les années à venir sur les compétitions, c’est important d’apprendre à se connaître. Cela donne une bonne ambiance. Comme on fait toutes la même chose dans notre programme de la semaine, on peut échanger plus facilement. » Grand habitué du rendez-vous, qu’il honorait pour la cinquième fois consécutive, le lanceur de javelot Lukas Moutarde est sur la même longueur d’ondes. « Ce stage est plus décontracté que les autres, car c’est encore le début de saison. Retrouver les potes de l’équipe de France qu’on n’a pas forcément revus depuis les championnats estivaux, c’est cool ! Sur les conférences et les ateliers, il y a toujours un ou deux trucs à prendre, une info à laquelle on n’avait pas forcément pensé et qui peut nous aider, même quand on les a déjà faits dans le passé. Et en plus, le cadre est beau ! » 
MRM en marraine Mercredi après-midi, Loïc Fournet a, ainsi, animé une séance de renforcement musculaire avec des sprinters, leur proposant une série d’exercices aussi ludiques qu’efficaces, les obligeant à se déplacer dans des positions inhabituelles. Non loin de là, sa compagne Mélina Robert-Michon, présente à chaque édition du stage d’automne depuis cinq ans en tant que marraine, a pris en main le groupe des lanceurs de disque (Tom Reux, Maxime Nallet, Maëlle Philippe et Amanda Ngandu-Ntumba), en prêtant au passage ses chaussures à une des athlètes, un peu tête en l’air. Sur un exercice de placement d'appuis, la vice-championne olympique y va de ses précieux conseils : « Rassurez-vous, moi aussi j'ai mis du temps à piger le truc ! » Sur le bord du terrain, l’ensemble des coaches de lancer présents dans le Var se délecte de la master class délivrée par la recordwoman de France. « Je trouve ce stage génial pour les jeunes. C’est une première étape pour leur apprendre ce que va être la vie d’athlète de haut niveau. Ça leur donne un aperçu. On leur donne les clés et les outils pour franchir les étapes qui mènent au haut niveau. A eux de voir ce qu’ils veulent en faire. Tous ces jeunes ne seront pas champions olympiques. Mais ils ont, quoi qu’il arrive, tous de belles choses à vivre. Le but, c’est qu’ils s’éclatent dans ce qu’ils font. Pouvoir échanger avec eux, c’est une chance. C’est l’occasion de leur raconter que j’ai fait plein de choses, que je me suis éclatée, mais que j’ai aussi vécu des moments difficiles qui m’ont permis de grandir. C’est important de leur dire qu’il n’y a pas que des bons moments. Si, en discutant, je peux leur éviter de faire des erreurs que j’ai pu moi-même commettre au cours de ma carrière, ça leur fera peut-être gagner un peu de temps », apprécie Mélina. En plus de la Lyonnaise, régulièrement présente sur ce stage d’automne auprès des jeunes pousses, les champions de demain ont pu croiser quelques-uns de leurs aînés : les lanceurs Frédéric Dagée et Lolassonn Djouhan, les sprinters Marvin René et Meba-Mickaël Zeze et la sauteuse Eloyse Lesueur, qui s’entraînent sur place à l’année, mais aussi Estelle Perrossier, qui avait fait le déplacement en même temps que sa camarade d’entraînement Marine Mignon et leur entraîneur Franck Matamba. Dans quelques années, certains d’entre eux seront, sans doute, à leur place, pour distiller les bons conseils qu’ils ont eux même reçus. Etienne Nappey pour Athle.fr |