Pistard, routard, combinard, sauteur, lanceur, jeune, compétition, loisir, haut niveau, découverte, nature, ville. Autant de mots à combiner qui, au sein des près de deux mille clubs, font l’athlétisme en France. Parmi les rouages essentiels de chaque structure, l’entraîneur, quel que soit son profil, occupe une place à part. Athle.fr vous invite chaque mois à la rencontre de ces hommes et femmes de l’ombre. Rencontre avec Alex Menal, 45 ans, entraîneur au pôle Espoir de Fontainebleau et au Pays de Fontainebleau Athle Sud 77. Ancien sprinter international (10’’34 sur 100 m et 20’’49 sur 200 m) et désormais coach, Alex Ménal évolue en terre bellifontaine depuis plus de vingt ans. Après avoir beaucoup appris aux côtés du célèbre formateur Jacky Verzier, il met aujourd’hui son savoir et sa passion au service de la jeunesse. En conseillant plusieurs pépites du sprint féminin, dont Carolle Zahi et Déborah Sananes. Athle.fr : Votre définition de l'entraîneur ? C’est avant tout une personne de confiance, qui forme des sportifs physiquement et mentalement afin qu’ils soient performants par rapport à leurs propres capacités. Quel que soit son niveau, ce qui compte, c’est la progression. Et pour cela, la relation entre l’entraineur et l’athlète doit être claire. On doit beaucoup se parler, bien se connaître, se faire confiance. A partir de là, tout est possible. Entraîneur à Fontainebleau, c'est plus dur qu'ailleurs ? Nous avons la chance d’avoir une structure très complète avec le Centre National des Sports de la Défense, ancien lieu de résidence du Bataillon de Joinville qui accueillait les sportifs de haut niveau au cours de leur service militaire. Les équipements sont situés dans un cadre agréable, cela nous permet de faire du bon boulot. Bien sûr, il faut aussi que les athlètes aient « faim » pour réussir dans un tel contexte propice à la pratique de l’athlétisme, parfois ce n’est peut-être pas assez le cas. C’est un peu l’époque qui veut cela. Ce qui vous énerve et vous plaît le plus dans votre fonction ? Je ne supporte pas la négligence, car c’est un frein à la performance. Un sportif, quel que soit son niveau, doit prendre soin de lui de façon à limiter les risques de blessures, les états de fatigues prononcés etc…Quand on veut quelque chose, on doit s’en donner les moyens. Encore plus à haut niveau. Quoi de plus satisfaisant qu’atteindre ses objectifs ? Alors pourquoi se mettre des freins ? Vous êtes un coach "connecté" ou un entraîneur à l'’’ancienne" ? Je fais un mélange des deux, de façon à répondre aux besoins et à l’attente de chacun. J’utilise beaucoup la vidéo car l’athlète a besoin de se voir pour évaluer ses défauts et ses qualités. Côté réseaux sociaux, il faut composer avec ces outils car cela fait partie de notre époque. Mais attention, car parfois, ils ne sont pas bien utilisés. J’estime que l’image que l’on donne de soi et d’un groupe est importante, alors tout n’est pas bon à mettre en ligne. Je me sers aussi de mon vécu en tant qu’ancien athlète de haut niveau, ce qui correspond à la partie « à l’ancienne ». Il y a des choses que je sens, je n’ai pas toujours les mots pour les expliquer mais je sais que c’est cela qu’il faut appliquer à tel moment. Votre plus beau souvenir ? J’en ai quatre que je ne peux pas séparer. Le jour où Déborah Sananes bat le record de France en salle espoirs sur 400 m (52’’83 le 5 février 2017 à Lyon). Je savais qu’elle en était capable, mais les choses à l’entraînement ne se passaient pas comme prévu, elle était très éloignée des performances qui pouvaient prédire un record de France. Ensuite, les 11’’13 de Carolle Zahi lors des championnats de France à Marseille cette année. Vu les conditions de vent annoncées, le but était juste de gagner, et ce jour-là, elle réalise sa meilleure performance. Il y a aussi Estelle Raffaï, encore junior. Après sa demi-finale aux championnats du monde de Londres sur 200 m cet été, elle avait des étincelles dans les yeux. Enfin, je me souviens de la première fois où Floriane Gnafoua est entrée en finale du 100 m lors d’un grand championnat, les Europe d’Amsterdam en 2016. Un grand moment. J’avoue que j’ai pleins de bons souvenirs avec l’ensemble des athlètes que j’entraîne. Quelle est votre relation avec les athlètes ? Pour bien entrainer mes athlètes, j’ai besoin de les connaître, de les comprendre, d’être en phase avec eux. Je vis chaque moment, bon ou mauvais, avec eux. Il faut donner du temps à ses athlètes, je pense que c’est le secret de la réussite. Il faut prendre le temps de transmettre ce que l’on sait mais, pour cela, il faut bien savoir à qui l’on a affaire en face de soi. Avez-vous un modèle d'entraîneur, dans l’athlétisme ou dans un autre sport ? Sans hésitation Jacky Verzier, qui a été mon entraineur de 1992 à 2004. La base de ce que je sais vient de son enseignement. C’est un entraîneur en qui j’ai mis toute ma confiance, je n’ai jamais hésité à appliquer ce qu’il me demandait. Je crois que la force de la relation entraîneur-athlète vient de cette confiance que l’on s’accorde mutuellement. En découle forcément la réussite. Trois mots pour définir votre groupe ? Travailleur, heureux, solidaire. Propos recueillis par Renaud Goude pour athle.fr |