De retour d’un stage fédéral… jeunes, en Espagne, Yoann Kowal fait une pause dans l’Hexagone avant de repartir en Afrique du Sud, après le premier tour des Interclubs. L’occasion pour le steepleur de revenir sur cette cure de jouvence inattendue, et sur ses ambitions pour la saison estivale.

Athle.fr : Yoann, vous revenez tout juste d’un stage à Valence, en Espagne. Un stage fédéral, mais un stage jeunes. C’est plutôt rare, comme démarche…

J’avais prévu de partir à Capbreton, mais j’ai entendu parler de ce stage jeunes avec la Fédé. Plutôt que de me retrouver tout seul, j’ai demandé aux référents nationaux, Patricia (Taillard) et Gilles (Garcia) si ma présence était possible sur ce regroupement. En fait, c’était un peu dans la continuité de ce que j’avais fait en janvier au Portugal. J’y avais trouvé une belle cohésion et un bel état d’esprit. Là, ça m’a fait du bien, et ça a eu un intérêt pour les jeunes, aussi, je pense.

C’est-à-dire ?

Ben, je ne me jette pas de fleurs, mais j’ai un vécu de sportif de haut niveau, j’ai fait des places honorables, alors que je n’étais pas le plus fort de ma génération chez les juniors, espoirs. Du coup, on a beaucoup échangé, ils me posaient pas mal de questions.

De quel type ?

Ce qui revenait le plus souvent, c’était de savoir comment j’avais fait pour courir le 1500 m en 3’33 alors que je n’ai pas vraiment de vitesse de base, que je suis nul en côtes ! Comment arriver au haut niveau et y rester longtemps, pendant dix ans… Je leur répondais que la régularité à l’entraînement est le plus important, tout comme le cadre hors sport. Ils sont très curieux, cherchent des repères : « Il faut bien dormir ? Bien manger ? Quels sites pour les stages ? Quelles séances types ? »

Vous avez l’air d’avoir apprécié ces discussions…

J’ai un brevet d’Etat d’éducateur sportif, j’aime bien entraîner les enfants de mon club. J’ai vraiment envie de transmettre. Là, c’est encore mieux : je me retrouve face à des athlètes qui aspirent au haut niveau, qui ont envie de tout casser. Je devais parfois les calmer, leur dire qu’il ne faut pas tout arrêter à côté, ne pas délaisser le côté professionnel. Ils ont les dents longues, mais il faut savoir ne pas aller trop vite quand on est jeune. A côté de la piste, l’humain et l’environnement sont importants car l’athlé, on n’en vit pas forcément.

Sur la piste, comment les choses se sont-elles passées ?

A titre personnel, ça m’a été très utile. Je n’avais pas vraiment de programme, je me greffais sur le leur. Quand on faisait de la vitesse, ils ne me faisaient pas de cadeau ! C’était un peu en décalé pour moi, qui vais reprendre la saison plus tard qu’eux, mais ça fait du bien. La dernière séance, dimanche soir, a été super. Un 1000 m, dans lequel j’ai annoncé ce que je voulais faire, et qu’on a pris comme une compét’. Tout le monde nous chauffait sur le bord de la piste, la cloche au dernier tour…

Et alors ? On a envie de savoir…

Ah ben je me suis fait éclater ! J’étais pas armé à ce moment de la saison ! Les gars me dépassent dans le dernier 250, c’est Alexis Miellet qui gagne, je fais trois. Mais on a fait des chronos énormes et tout le monde était content. Après, j’ai fait quelques 400 m avec barrières pour revenir à ma discipline en travaillant sur la fatigue. Et aussi pour faire croire que je n’étais pas fatigué, alors qu’en fait j’avais tout donné (rires) !

Que retenez-vous de leurs entraînements ?

Je trouve qu’ils font parfois des séances plus costaudes encore que celles que je fais quand je sors des gros chronos. C’est pour ça aussi que je pouvais leur être utile : leur rappeler d’y aller progressivement.

Bilan positif, donc, au final ?

Vraiment, oui. Le dernier jour, on a fait un rassemblement pour échanger, débriefer sur le stage. Quand tout le monde a le sourire aux lèvres, c’est bon signe. Quand les gars m’envoient des messages persos pour dire qu’ils ont apprécié, tout le monde est gagnant. Ça me fait plaisir. D’ailleurs, la veille du meeting de Décines (le 15 juin), je ferai un colloque dans ce sens, sur l’évolution des jeunes et leur passage en seniors.

Vous commencerez donc votre saison là-bas, près de Lyon ?

Oui, sur un 2000 m steeple. Je n’en ai pas fait depuis junior, ce sera bien. Enfin, normalement, car ma femme doit accoucher à cette période-là, et il y aura peut-être un imprévu pour ce meeting… Mais ce sont les grandes lignes, oui, avec Décines, Monaco (12 juillet), puis les Elite (26 au 28 juillet) et Paris (24 août). Et je reprends aux Interclubs ce week-end, avant de partir pour quatre semaines en stage en Afrique du Sud.

La saison est plus compliquée à gérer, avec des championnats du monde très tardifs, du 28 septembre au 6 octobre ?

C’est la première fois que je connais cela en seniors, oui. Ce sera bizarre. Du coup j’ai fait une coupure de trois semaines puis de la natation et du vélo après la saison hivernale. J’ai décalé tout mon programme de plus d’un mois, en fait. Mais je ne m’inquiète pas, je vais monter en forme et en puissance.

Avec quels objectifs, pour cette saison ?

Me faire plaisir, comme en salle cet hiver. Revenir à un bon niveau de chronos après une saison dernière catastrophique (ndlr : 8’27’’08 au steeple et 4e aux championnats d’Europe, malgré tout). Je veux refaire moins de 8’20 en tout cas, et même mieux, être au moins finaliste aux Mondiaux. Marquer les esprits.

Propos recueillis par Cyril Pocréaux pour athle.fr