La deuxième journée des Relais mondiaux a souri à l’équipe de France, qui repart de Yokohama (Japon) avec son premier titre dans l’histoire de la compétition. À la surprise générale, les relayeuses du 4x200 m tricolore se sont imposées face aux favorites jamaïcaines et américaines. L’autre excellente opération est à mettre au crédit du 4x400 m masculin, qui s’est qualifié pour les championnats du monde de Doha. Le 4x100 m messieurs a, quant à lui, pris une honorable cinquième place. Les sprinteuses de l’équipe de France ont du caractère. Après l’élimination du 4x100 m la veille suite à la chute du témoin, Carolle Zahi, Cynthia Leduc et Maroussia Paré ont pris une magnifique revanche, aujourd’hui, en finale du 4x200 m. Associées à Estelle Raffai, qui faisait son entrée dans la compétition, les Françaises affrontaient pourtant les relais de la Jamaïque et des États-Unis, avec des clientes telles qu’Elaine Thompson, Shelly-Ann Fraser-Pryce ou encore Jenna Pandrini. Au couloir neuf, sans repère sur la concurrence, Carolle Zahi a d’abord pris un départ canon pour mettre la fusée bleue sur orbite. Grâce à des passages efficaces, contrairement à ceux des Jamaïcaines et Américaines, Cynthia Leduc et Estelle Raffai ont ensuite conservé l’avance initiale pour donner le témoin à Maroussia Paré en tête dans la dernière ligne droite. La Bordelaise de l’US Talence a alors parfaitement résisté aux retours de la Chine, des États-Unis et de la Jamaïque pour remporter le titre mondial en 1’32’’16. Le quatuor en profite même pour améliorer d’un centième le vieux record de France établi par Laurence Bily, Liliane Gaschet, Chantale Rega et Raymonde Naigre en…1982 ! Un 4x200 m féminin revanchard « On était motivées et on n’avait rien à perdre », résume Cynthia Leduc. « On ne s’y attendait pas du tout, mais on voulait vraiment faire mieux par rapport à hier, se réjouit Carolle Zahi. On y est allées sans complexe, quelles que soient les filles en face, et on s’est toutes fait plaisir ! » « La start-list faisait peur au début, mais on ne s’est pas rabaissées, ajoute Maroussia Paré. Cela rattrape la déception d’hier, où on est rentrées déçues et sur notre faim parce qu’on voyait qu’on allait sûrement passer la ligne en tête... » Et visiblement, le couloir extérieur n’a pas posé problème, au contraire. « Je n’y ai pas vraiment pensé, témoigne Estelle Raffaï. Je pense qu’on s’est peut-être même données encore plus que dans un couloir central pour ne pas se faire dépasser. » De quoi redonner au relais 4x100 m l’espoir de se qualifier pour Doha plus tard dans la saison, comme le rappelle Patrice Gergès, le directeur technique national. « Avec cette victoire, les filles ont prouvé qu’elles avaient le niveau de forme nécessaire pour y arriver, observe-t-il. Elles étaient dans la frustration de leur 4x100 m, mais le fait d’être au couloir neuf leur a permis de se focaliser sur elles-mêmes. Elles sont allées au bout et ont poussé les autres à la faute. Après les garçons (en 2014 et 2015), la tradition de médaille sur 4x200 m est maintenue. » Objectif atteint pour le 4x400 m masculin L’autre belle performance française du jour est venue du 4x400 m masculin, qui était lui aussi resté sur sa faim après sa quatrième place de la veille en série (3’04’’11). En finale B, les Tricolores avaient pour mission de prendre l’une des deux premières places, synonymes de qualification pour le Qatar. Comme hier, Mame-Ibra Anne a très bien lancé le relais bleu, transmettant à Ludvy Vaillant légèrement en tête. Le coureur de l’Amiens UC a conservé son avance jusqu’à Thomas Jordier, qui a lui aussi donné le témoin en pole position à Fabrisio Saidy. Rapidement débordé par le Tchèque Pavel Maslak, triple champion du monde en salle du 400 m, puis par l’Italien Davide Re, le Réunionnais de 19 ans a cependant fait preuve de clairvoyance. Attendant son heure, il a débordé l’expérimenté Maslak dans la dernière ligne droite pour offrir à la France la deuxième place qualificative en 3’02’’99. Un finish qui rappelle celui des championnats d’Europe en salle de Glasgow, où il avait remonté deux concurrents dans les 50 derniers mètres du 4x400 m pour chiper le bronze. « J’ai couru relâché, sans stresser, parce que j’ai confiance en mon finish et mon instinct. J’ai laissé mon corps me guider », explique Fabrisio Saidy. « Chacun a fait un très beau parcours et couru intelligemment, analyse Ludvy Vaillant. On aurait pu aller en finale A, mais notre mission est accomplie en finissant parmi les deux premiers et en qualifiant le relais pour Doha. » « On a montré qu’on était présents aujourd’hui. On a pris notre ticket, et maintenant on va se concentrer sur la suite », ajoute Mame-Ibra Anne. « Ça fait plaisir de retrouver de bonnes sensations et un chrono qui augure de belles choses », complète Thomas Jordier. Doha : les relais bleus reçus quatre sur cinq Côté féminin, le 4x400 m français n’avait, au départ de la finale A, qu’à rejoindre la ligne d’arrivée pour valider sa place à Doha. Au couloir deux, Estelle Perrossier, Brigitte Ntiamoah, Kellya Pauline et Amandine Brossier espéraient se mêler à la lutte. Elles n’ont pourtant pas réussi à accrocher le bon wagon, terminant huitièmes en 3’36’’28. « Après la belle performance de la veille, on a voulu préserver des athlètes qui ont besoin de garder un peu de jus pour pouvoir se qualifier en individuel, et tester des athlètes qui n’avaient pas couru ou qu’on n’avait pas l’habitude de voir sur deux courses consécutives, explique Patrice Gergès. Malheureusement, ça ne s’est pas très bien passé. » En finale du 4x100 m messieurs, l’encadrement tricolore a conservé la composition de la veille, auteure du cinquième temps des séries (38’’46), mais testé un nouvel ordre de passage. Stuart Dutamby a ainsi échangé sa place de finisseur avec Mouhamadou Fall, qui lui a confié celle de partant. Résultat : au couloir neuf, le quatuor complété par Jimmy Vicaut (ligne droite opposée) et Meba-Mickael Zeze (deuxième virage) a décroché une jolie cinquième place et signé le chrono prometteur de 38’’31. Quant au 4x200 m masculin, il pensait lui aussi accéder en finale après sa deuxième place en série (1’22’’02). Marvin René, Gautier Dautremer, Ryan Zeze et Amaury Golitin en ont finalement été privés pour une transmission hors zone… Mais avec une médaille d’or (4x200 m féminin) et quatre relais qualifiés pour Doha (4x100 m masculin, 4x400 m féminin, masculin et mixte), l’équipe de France quitte le Japon sur un bilan positif. « On était là avant tout pour qualifier les relais pour les championnats du monde, rappelle Patrice Gergès. Sur le 4x100 m féminin (seul relais non-qualifié), il reste quelques ajustement techniques à faire pour espérer avoir cinq relais sur cinq à Doha. » Camille Vandendriessche pour athle.fr Photos : © Jiro Mochizuki
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