Suite à plusieurs affaires extrasportives auxquelles la Fédération Française d’Athlétisme a été confrontée au cours des derniers mois, André Giraud, président de la FFA, a souhaité s’adresser à l’ensemble des licenciés et, plus largement, à tous ceux qui aiment notre sport. Chers amis et passionnés d’athlétisme, Nous traversons actuellement une période particulièrement compliquée. C’est le moment de resserrer encore davantage les liens qui nous unissent au sein de la famille de l’athlétisme, afin de mettre en valeur tout le travail réalisé dans la perspective des championnats d’Europe de Paris 2020 et des Jeux olympiques de Paris 2024. Nous avons consacré beaucoup de temps et d’énergie à ces affaires, au détriment de notre projet et de nos actions. La lutte contre le dopage Nous avons été touchés par une affaire de dopage. Ce n’était pas la première et, malheureusement, ce ne sera pas la dernière, Le combat contre ce fléau reste une priorité de la Fédération. Nous avons été une des premières fédérations à prendre cette problématique à bras-le-corps il y a vingt ans, en mettant notamment l’accent sur la prévention et la formation de nos athlètes, entraîneurs, dirigeants et officiels. A chaque fois qu’un nouveau cas survient, nous sommes amenés à être encore plus rigoureux et offensifs. On ne pourra l’être qu’avec le soutien de toutes et tous. Nous avons aujourd’hui la volonté d’être beaucoup plus proches de nos athlètes et de leur environnement, quitte à bousculer certaines habitudes. La création du pôle des équipes de France, qui permet de fédérer encore plus efficacement les compétences, s’inscrit dans cette volonté. Nous allons, par exemple, labelliser des lieux de stage, et tenir compte encore plus de l’encadrement des athlètes lors de leurs déplacements. Les stages non fédéraux ne seront autorisés et pris en charge que si la direction technique nationale a pu s’assurer au préalable de la qualité de l’environnement des athlètes.
L’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) a mis en œuvre une réforme de la procédure disciplinaire. Nous avons été la première Fédération à expérimenter ce nouveau processus, qui permet à l’AFLD, depuis le 1er mars dernier, de mener seule la procédure disciplinaire lors des affaires de dopage. J’ai eu l’occasion de rencontrer la présidente de l’AFLD, Dominique Laurent, et nous avons engagé une nouvelle forme de collaboration, qui va dans les deux sens. Nous partageons les mêmes objectifs, comme celui d’améliorer la politique de prévention, et souhaitons fonctionner dans un esprit de transparence totale. Pour fluidifier le dialogue, nous allons d’ailleurs désigner au sein de la FFA un unique interlocuteur qui sera habilité à échanger avec l’AFLD.
Des membres de l’équipe de France, comme notamment Kevin Mayer, Mélina Robert-Michon et Hassan Chahdi, se sont mobilisés pour défendre la cause de notre sport, notamment en s’engageant dans le dispositif Quartz Elite qui propose à des sportifs de haut niveau de publier leurs données biologiques. Leur engagement doit être salué. Je trouve la réaction de ces athlètes très louable. Ce n’est pas parce qu’une minorité est tombée dans des dérives qu’il faut jeter l’opprobre sur l’ensemble des sportifs. Nous avons été amenés à rencontrer les acteurs de Quartz à l’occasion d’une réunion de travail et nous sommes intéressés par ce dispositif, dont nous allons suivre avec attention l’évolution.
Au-delà de la question du dopage, nous souhaitons aujourd’hui développer de nouveaux outils pour lutter contre toutes les formes de dérives. Un comité d’éthique et de déontologie a été mis en place sous la précédente mandature, à l’initiative de la Fédération et du groupement des internationaux français d’athlétisme (GIFA). Il a pour objectif de mettre en lumière les valeurs de notre sport et de rappeler les règles de bon comportement à suivre. Nous souhaitons désormais aller encore plus loin. En nous appuyant sur tout le travail qui a déjà été réalisé, nous avons pour projet de mettre en place un code éthique, qui est en cours de formalisation et qui viendra compléter la charte éthique déjà existante. L’importance de la transparence Lors de mon élection à la présidence de la FFA en décembre 2016, je me suis engagé à être très transparent sur toutes les actions menées, notamment sur le plan budgétaire. Un rapport de la Cour des comptes et un signalement effectué par des inspecteurs généraux de la Jeunesse et des Sports ont fait ressortir que lors de la précédente mandature, des recettes prévues au budget n’avaient pas été versées. Tous ces sujets ont été abordés lors de l’Assemblée générale de la Fédération, le 27 avril à La Chapelle-sur-Erdre. J’ai pu y rappeler que nous avons été amenés à régulariser cette situation. Pour apurer nos comptes et faire face aux créances non versées, nous avons utilisé nos fonds propres. Le bilan budgétaire 2018 a été approuvé à 92 % par les délégués des clubs. Aujourd’hui, la FFA n’a aucune dette. L’objectif de cette année 2019, lors de laquelle nous avons été amenés à prendre des mesures d’économie, est de reconstituer nos fonds propres pour démarrer la prochaine olympiade avec plus de marge et de sérénité.
Par ailleurs, je tiens à rappeler que le rapport de la Cour des comptes a été largement positif dans son appréciation du travail réalisé par la Fédération. Il a notamment souligné la qualité de notre plan de développement 2013-2017, qui a abouti à une forte augmentation du nombre de nos licenciés, et nous a encouragés à poursuivre notre politique de diversification des pratiques afin de nous adresser au plus grand nombre. Il a aussi mis en avant les excellents résultats sportifs obtenus par nos équipes de France au cours des dernières saisons.
Pour aider à faire la promotion de ce plan de développement mais aussi pour accompagner les équipes de France, la FFA avait choisi de s’appuyer sur des athlètes de renom, par le biais de contrats d’image. En étant chacun d’eux en charge de porter la bonne parole sur un secteur du plan de développement, ils ont été une véritable force pour mobiliser les clubs, convaincre les partenaires publics et privés, intégrer dans nos actions la réalité et les exigences du haut niveau, et transmettre leur expérience aux nouvelles générations. Leur statut social était cependant source d’insécurité juridique pour la FFA. C’est la raison pour laquelle, dès mon arrivée à la tête de la FFA, nous avons salarié une partie de ces athlètes.
La reconversion des athlètes de haut niveau après leur carrière est une problématique aujourd’hui bien mieux prise en compte. La Fédération a choisi d’assumer véritable un rôle social. La ligue nationale d’athlétisme a été créée en 2007 et a permis de professionnaliser entre 25 et 30 athlètes chaque année. Il y a un an, nous avons souhaité pérenniser ce dispositif en le faisant évoluer et en l’intégrant à la Fédération, avec nos propres fonds. Nous avons pratiquement doublé les effectifs, puisque nous accompagnons désormais environ 60 athlètes de haut niveau. A notre élite se sont ajoutés les membres des collectifs relais et les aspirants professionnels, dans le cadre du projet Athlé 2024 qui vise à former la génération amenée à briller lors des Jeux olympiques à Paris. L’objectif est aussi de leur permettre de mener un double projet et de réfléchir dès maintenant à leur après-carrière. L’équipe de France, notre vitrine L’équipe de France, c’est la véritable vitrine pour le développement de toutes les pratiques. Notre objectif est d’amener le plus grand nombre d’athlètes en finale des grands championnats. Sur ce terrain, notre rôle est basé sur l’accompagnement personnalisé des athlètes. L’action de la Fédération est triple : optimiser, renforcer et relancer.
Optimiser tout d’abord tous les paramètres de la haute performance, en proposant un suivi médical efficace et en ajustant les critères de sélection au grand championnat. La coopération internationale doit permettre de favoriser la confrontation et de lutter contre l’isolement de nos meilleurs athlètes nationaux.
Renforcer et pérenniser les acquis de l’olympiade précédente, en continuant à proposer un environnement favorable à la performance. Cela passe notamment par la préservation de l’état d’esprit positif des athlètes et un travail de cohésion de groupe.
Relancer et soutenir toutes les spécialités pour éviter les décrochages. La Fédération travaille pour tendre à un maximum d’équité entre toutes les spécialités tout en portant une attention particulière envers les disciplines en difficultés. Trois cibles prioritaires ont été retenues : Les spécialités à potentiel, les athlètes féminines et l’Outre-mer. Une stratégie évènementielle avec et pour les clubs et nos structures déconcentrées Nous avons choisi de mettre en place trois grands événements patrimoine, maitrisés à 100% par la Fédération pour garantir leur pérennité, leur qualité d’organisation et la stabilité de leur financement : le meeting Diamond League de Paris et le meeting de Paris indoor, ainsi que l’Ekiden de Paris. Ils permettent de recruter de nouveaux adhérents, de fidéliser les plus assidus, et de contribuer plus largement au rayonnement de l’athlétisme. Ils sont aussi un véritable vecteur de promotion de toutes les disciplines. Nous avons aussi dû faire des choix, dans un souci de rentabilité, en mettant fin au DécaNation et au Fly Europe.
Au côté de ces événements patrimoine, les 40 championnats de France organisés sur tout le territoire sont la clé de voûte de notre politique en matière d’organisation. Ils sont l’essence même de notre fédération et permettent de mettre en valeur les talents de toutes les familles de notre sport : athlètes, entraîneurs, officiels, dirigeants, volontaires... L’échange d’expérience et la professionnalisation de nos structures déconcentrées nous permettent aujourd’hui de capitaliser sur une organisation territoriale, dès que le comité d’organisation est mis en place. La création de contenus, dans le cadre de l’Organisme de formation de l’athlétisme (OFA), y contribuent d’ailleurs largement.
Nous en sommes bien conscients : nos clubs ne vont pas se structurer d’un coup de baguette magique. Notre rôle est de leur permettre d’évoluer et de progresser, en leur proposant des leviers sur lesquels s’appuyer à l’image de l’Organisme de formation, que je viens d’évoquer, du programme Héritage mis en place dans le cadre des championnats d’Europe de Paris 2020 pour préparer l’avenir, et de nombreux autres outils mis à leur disposition. Nos clubs doivent continuer à diversifier et accroitre leurs ressources financières, en se structurant pour pouvoir accueillir tous les publics. L’augmentation des ressources propres, humaines et financières, est la clé du changement. Nous devons tous, à cet effet, innover et inventer le club de demain, les formats de pratiques, et même sans doute un nouveau modèle fédéral. Bonne fin de saison à toutes et tous et vive l’athlétisme ! |