C’est sous une pluie battante que Liv Westphal a décroché le premier titre décerné lors de ces championnats de France Elite à Saint-Etienne, son troisième consécutif sur 5000 m. En tête dès les premiers mètres, elle a survolé la course en 15’55’’58. Avant l’orage, la touffeur et le soleil avaient permis à plusieurs athlètes de s’illustrer, devant une tribune d’arrivée bien garnie. Jimmy Vicaut a réalisé le niveau de performance requis pour les Mondiaux de Doha sur 100 m en 10’’02. Carolle Zahi sur la ligne droite, Benjamin Compaoré au triple saut, Alexie Alaïs au javelot, ou encore Ludvy Vaillant sur 400 m haies, se sont également illustrés.

Le Temps Fort

Westphal en trombe

Les années se suivent et se ressemblent pour Liv Westphal. Comme en 2018 à Albi, la fondeuse de l'Entente Sarthe Athlétisme a décroché le premier titre national du week-end, en remportant le 5000 m. Son troisième consécutif sur la distance. Si le scénario est assez similaire à celui de l'an passé, avec un cavalier seul, les conditions de jeu étaient très différentes. En cause, une météo « apocalyptique », les concurrentes ayant été douchées du départ à l'arrivée par une pluie rendant chaque foulée plus lourde et chaque respiration plus pénible. Malgré cela, Westphal a sensiblement amélioré son chrono de 2018 (15'55''58 contre 16'02''04, confirmant son regain de confiance en 2019. « C'est mon troisième 5000 m cette année, et aucun ne s'est fait dans des conditions acceptables, pestait la Sarthoise, trempée jusqu'aux os à l'arrivée. C'est vraiment dommage parce que j'espérais faire un chrono proche de 15'30'' pour essayer de me rapprocher des Mondiaux de Doha. C'est pas grave, je vais me contenter de ce titre, parce qu'il y a quand même deux jeunes qui commencent à mettre la pression derrière. »

La Perf'

Vicaut, le chrono avant l’orage

Il aurait pu ne pas prendre le départ des séries, sa performance d’engagement sous les minima IAAF lui permettant d’être exempté de ce premier tour. Mais Jimmy Vicaut avait envie d’enchaîner trois courses, dans la perspective des Mondiaux de Doha. Une compétition dont le niveau de performance fixé à 10’’06 lui échappait jusqu’à aujourd’hui. Le sprinter de la SCO Sainte-Marguerite Marseille et son entraîneur Dimitri Demonière ont peut-être aussi consulté les prévisions météo avant d’arriver à Saint-Etienne.
Car si « la température a un peu chuté » avant son entrée en lice à 19h05, comme il l’a lui-même souligné, le recordman d’Europe (9’’86) a pu profiter de conditions quasi idéales lors de sa ligne droite. Une belle démonstration de puissante, nette et sans bavures, pour l’emporter en 10’’02 (+1,4m/s) en repoussant loin la concurrence (le Togolais de l’EFS Reims Yendountien Tiebekabe 2e en 10’’53). « Je suis content, tout va bien, pouvait-il souffler. Je n’avais pas fait depuis un petit moment une perf’ comme celle-là. Je voulais me débarrasser des minima, c’est fait. En plus, j’ai bien aimé ma manière de courir. Mais demain, il y aura de la bagarre et ce sera beaucoup mieux. »
La menace, pour le natif de Bondy, pourrait venir de Mouhamadou Fall. Dans la série suivante, l’athlète de l’Entente Franconville Cesame Val d’Oise a amélioré d’un centième son record personnel son record personnel en 10’’12 (+1,7m/s). Ce qui ne l’a pas empêché de faire la fine bouche : « Je suis un peu dégoûté, le but était de réaliser les minima et je ne les ai pas sortis aujourd’hui. Ça me passe un peu sous le nez. » Il pourra retenter sa chance samedi, avant d’enchaîner dimanche avec le 200 m. « Ça serait un échec si je ne fais pas un NPR sur l’une des deux distances », prévient l’ambitieux Francilien. Reste à voir si un ciel capricieux ne viendra pas contrecarrer ses plans.

La Promesse

Zahi prend rendez-vous

On l'avait quittée sous les trombes d'eau du meeting de Montreuil le 11 juin. Carolle Zahi est réapparue en compétition ce vendredi à Saint-Etienne, à l'occasion des séries du 100 m. Améliorer son chrono de 11''51 réalisé en Seine-Saint-Denis n'a été qu'une formalité. A l'aise, la sociétaire du CA Montreuil a déroulé pour bloquer le panneau d'affichage sur 11''23 (+1,4), soit la meilleure performance française de la saison.
« Si je n'ai pas beaucoup couru cette saison, c'est parce que j'ai été blessée il y a un mois, expliquait la tenante du titre à sa sortie de la piste. Je me suis préparée mentalement et physiquement pour être prête le jour J, et je pense que je le suis. En tout cas, aujourd'hui, je me suis sentie bien. »
Sur une piste qu'elle découvrait, et qu'elle a trouvé « plutôt rapide », Zahi a promis d'aller encore plus vite samedi avec la concurrence d'Orphée Néola, Orlann Ombissa-Dzangue et Marie-Josée Ta Lou, l'Ivoirienne du Stade Français qui a survolé la première série en 11''10, tout en relâchement.

La Décla

« C'était mieux que Monaco au niveau des sensations, même si la douleur était similaire à cause de la chaleur »

Pour Pierre-Ambroise Bosse, un 800 m sans acide lactique dans les jambes et tête qui tourne, ça n’est pas un 800 m. Désireux de s’offrir « une répétition des Mondiaux en simulant la demie aujourd’hui et la finale demain », le champion du monde en titre, déjà invité à Doha par la fédération internationale, a emmené sa série sur des bases rapides, avec un passage en 52’’25 à mi-course. Rapidement seul en tête, il n’a pas relâché son effort. Et si la dernière ligne droite par plus de 30° C a été difficile, avec un chrono final de 1’47’’45, le demi-fondeur du Lille Métropole Athlétisme a pu effectuer un test intéressant. Demain, l’élève d’Alain Lignier aura le choix entre deux stratégies : faire exploser le peloton en partant sur des bases très rapides, ou attendre tranquillement son heure. Une certitude : pour Pierre-Ambroise Bosse, une répétition de Mondiaux doit se terminer par une victoire.

Et Aussi

Compaoré express

Alexie Alais (CA Montreuil 93) a confirmé qu'elle a passé un cap au javelot. Un seul jet lui a suffi pour dépasser la ligne des 60 m lors des qualifications, avec 60,19 m. Une ligne qu'elle avait approché par trois fois à Sotteville il y a dix jours, après un début de saison convaincant à Halle début juin (61,04 m). De quoi espérer une grosse finale, avec cette fois six jets. Son camarade de club Benjamin Compaore a, lui aussi, fait bonne impression lors des qualifications du triple saut. Avec 16,71 m dès sa mise en action, le champion d'Europe 2014 a largement dominé tous ses adversaires, qu'il retrouvera en finale. Et même si les compteurs seront remis à zéro, l'Alsacien a retrouvé un niveau de performance qu'il n'avait plus touché depuis les France 2017 à Marseille. Et sans doute la confiance qui va avec.

Côté courses, Ludvy Vaillant ne s’est pas économisé en séries du 400 m haies. Le Martiniquais de l’Athletic Club Saléen avait dans le viseur le NPR pour Doha, fixé à 49’’10. Il a finalement terminé en 49’’59, son meilleur chrono de l’été. « Je voulais profiter des excellentes conditions météo pour faire un bon chrono. C'est raté, entre guillemets, mais c'est une bonne prise de repères pour les demies et la finale. » Le spectacle s’annonce passionnant avec également le chrono sous les 50’’ de Mamadou Kasse Hann (Montpellier en Athletic Méditerranée), large vainqueur de sa série en 49’’76.
Enfin, dans les épreuves combinées, Esther Turpin (RC Arras) vire en tête à l'heptathlon avec 3593 points mais rien n'est joué, les quatre premières se tenant en dix-sept unités. La compétition est déjà un peu plus décantée au décathlon. Derrière le Belge Benjamin Hougardy (Montpellier Athletic Méditerranée Métropole), qui mène les débats avec 4110 points, on retrouve solidement accroché à sa place de premier Français son camarade de club Makenson Gletty, avec 3988 points.

A Saint-Etienne, Florian Gaudin-Winer et Etienne Nappey pour athle.fr
Photos : © JM Hervio - M. Chapelle / FFA

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