Les sportifs de haut niveau, inscrits sur listes ministérielles, ne sont pas les seuls à pouvoir encore s’entraîner comme avant, malgré le confinement. C’est aussi le cas des pratiquants en situation de handicap ou disposant d’une prescription médicale d’activité physique adaptée, qui bénéficient d’une dérogation pour accéder aux établissements recevant du public. Une continuité indispensable pour eux, tant physiquement que moralement. Illustration avec trois clubs. « Quand on a donné l’information aux familles, elles ont été super contentes. Ça leur a fait énormément plaisir qu’on ne les lâche pas. » Julien Argouet, coach athlé santé au Stade Cubzaguais Athlétisme (Gironde), se souvient bien du moment où il a annoncé aux parents que leurs enfants, qui sont autistes ou ont une maladie cognitive, avaient encore la possibilité de venir s’entraîner au club. Deux d’entre eux ont déjà repris le chemin de l’entraînement, munis de leur attestation dérogatoire et de leur prescription médicale, en compagnie d’un licencié en situation d’obésité. Et la mairie, contactée par l’association, a accepté d’ouvrir les portes de son enceinte sportive pour des créneaux spécifiques. « Ces enfants sont heureux de pouvoir faire du sport comme les autres tout au long de l’année, poursuit l’entraineur. Il est essentiel pour eux de continuer à avoir une activité physique, même pendant le confinement. C’est un moyen d’aller mieux et de guérir, comme un traitement qu’il ne faudrait pas arrêter. » La dérogation accueillie avec soulagement Un discours repris par un autre club du département, l’US Talence. Ce dernier a noué depuis huit ans des partenariats avec plusieurs établissements de santé voisins, dont l’institut Bergonier, centre régional de lutte contre le cancer. Plusieurs dizaines d’adhérents souffrant de pathologies cancéreuses, de sclérose en plaque, d’obésité ou encore de problèmes cardiovasculaires, ont leurs habitudes sur la piste du stade de Thouars, connue pour accueillir le Décastar. Ils s’y adonnent à la course à pied mais aussi à la gym douce, au yoga, au pilates, au streching, ou bien à la remise en forme. Le coup d’arrêt de l’activité sportive au printemps dernier, suite au premier confinement, a été brutal pour cette population. « Pour la première fois, quatre bénéficiaires de notre programme sont d’ailleurs décédés, alors qu’il y avait d’habitude au maximum une disparition par an », souligne Claude Delage, le président du club. La dérogation accordée cette fois aux personnes disposant d’une prescription médicale d’activité physique adaptée a donc été accueillie avec soulagement par les encadrants de l’US Talence. « On a envoyé un mail à tous nos adhérents concernés, raconte le dirigeant. Certains ont transmis la fiche type de prescription à leur médecin, qui leur a été retournée par mail. D’autres ont pris rendez-vous, et pourront récupérer prochainement le document. On se demandait si les docteurs allaient suivre, et ça a été le cas. » Résultat : une trentaine de membres ont déjà fait leur retour, un chiffre qui devrait continuer à grimper au cours des prochaines semaines. Bon pour le moral En plus de ses bienfaits physiques, la poursuite de l’athlétisme en groupe et avec un entraîneur aide à garder le moral. « Parmi les six adhérents « santé » sur vingt-deux qui ont pu reprendre, l’un d’entre eux est diabétique, prend en exemple Emilie Thiery, coach athlé santé au Gap Hautes Alpes Athlétisme. Il le dit lui-même, il n’arrive pas à se motiver seul. Lui et les autres sont contents de se retrouver, de partager quelque chose ensemble. C’est important de garder ce lien social. Même pour moi, en tant que coach, ça me fait du bien de les voir. En visio, ça n’est pas du tout la même chose. » Un protocole sanitaire renforcé Pour ces athlètes, dont beaucoup font partie des personnes à risques en pleine pandémie de Covid-19, le respect d’un protocole sanitaire renforcé est primordial. Port du masque avant et après la séance, désinfection des mains et utilisation de son matériel personnel font partie des incontournables. « A l’US Talence, on a uniquement gardé les activités en extérieur, comme la marche nordique et le running, en faisant en sorte que les règles de distanciation physique soient bien respectées », complète Claude Delage. L’exception accordée à cette population de pratiquants est logiquement à ce prix. |