La dernière journée des championnats de France élite en salle, à Liévin, a surtout permis à plusieurs athlètes de réaliser les précieux minima pour les championnats d’Europe en salle, dans deux semaines à Madrid. Et aux tauliers de l’équipe de France, Arron, Doucouré, Djhone en tête, de confirmer leur suprématie. Reportage.

En toile de fond, c’est bien les Championnats d’Europe de Madrid, qui se disputeront du 4 au 6 mars dans la capitale espagnole, qui furent la vedette de la dernière journée des championnats de France élite en salle version 2005. Pourquoi ? Parce que l’ultime session des France aura surtout permis aux patrons de l’athlétisme français de confirmer leur suprématie. Ce qui signifie, par voie de conséquence, que bien peu de résultats sont venus surprendre le public du stade couvert régional de Liévin, à peine un peu plus garni que la veille. Ceux qui auront eu la bonne idée de venir assister aux exploits des meilleurs athlètes français (ne serait-ce que parce qu’ils ont ainsi échappé à l’avalanche de neige qui tombait du ciel nordiste) ont ainsi pu assister aux victoires attendues de Christine Arron sur 60 m (7’’13), de Ladji Doucouré sur les haies (7’’56), ou de Leslie Djhone sur 400 m (en 46’’33 malgré une cuisse douloureuse, soit la deuxième meilleure performance française de tous les temps en salle derrière les 46’’02 de Stéphane Diagana). Vanessa Boslak l’a emporté à la perche à 4,30 m, et Nicolas Aïssat a devancé de peu son complice Florent Lacasse sur 800 (1’49’’39 contre 1’49’’50).

Mais il est intéressant de noter que plusieurs aspirants à l’équipe de France auront profité de ces locomotives de luxe pour obtenir leur billet pour Madrid. Sur 60 m plat, si Sylvie Mballa Eloundou, à deux reprises, est passé pour un petit centième sous les minima (7’’26), elle ne courra plus pour l'équipe de France puisque la jeune femme souhaite désormais courir à nouveau pour son pays d'origine, le Cameroun. Les minima se sont par ailleurs refusés à Linda Ferga (7’’28), qui avait abandonné les haies cet hiver. Sébastien Denis et Cédric Lavanne pourront accompagner Ladji Doucouré (qui a profité de l'occasion pour améliorer d'un centième son record de France du 50m haies en 6''57) sur 60 m haies. Et d’autres disciplines pourront compter sur trois représentants pour défendre les couleurs de la France en Espagne. Fabé Dia, enfin débarrassée de ses soucis physiques, a profité de sa victoire sur 200 m (en 23’’42) pour entraîner dans son sillage Lina Jacques Sébastien (23’’50) et Sylviane Félix (23’’51) sous les minima (23’’70). Sur 400 m masculin, les gars feront aussi le déplacement en triplette. Derrière Leslie Djhone, deux jeunes pousses du quart de mile tricolore, qui avaient déjà fait leurs dents lors des mondiaux en salle de Budapest l’an dernier, ont gagné leur billet : Brice Panel (47’’08) et Rémi Wallard (47’’14) sont tout deux passés sous les 47’’17. Aurore Pignot, elle, est passée au-dessus des minima. Tant mieux, direz-vous, puisque la demoiselle fait de la perche. Et elle sautera très certainement à Madrid puisqu’elle a conquis la deuxième place derrière Vanessa Boslak à 4,25 m.

Pour le reste, on retiendra de cette dernière levée quelques moments forts. Au premier rang desquels la victoire au poids de Gaëtan Bucki avec 19,69 m devant Yves Niaré, à 19 centimètres seulement du record de France d’Yves Brouzet et à 22 cm des minima. Les progrès du Nordiste peuvent en tout cas le laisser espérer de toucher, dans un avenir proche, à la barre mythique pour un Français des 20 m… Du côté du sautoir à la perche, après Jérôme Clavier l’année dernière, c’est un nouveau représentant de la jeune garde qui est venu cueillir la couronne de champion de France. Dans un concours où les quatre premiers bloquèrent à 5,50 m, Vincent Favretto se retrouvait champion du jour au gré des décomptes d’essais. Jean Galfione, quant à lui, était retombé de haut en ne parvenant pas à passer les 5,40 m. Mais le Breton pourra encore, dans deux semaines à Madrid, se prouver qu’il a retrouvé le niveau international. Les triple-sauteurs, eux, n’iront pas à Madrid. Ni Julien Kapek, ni Sébastien Pincemail, ni Karl Taillepierre n’ont pu atteindre, comme on les en pensait capables, la ligne des 16,58 m. Mais les deux premiers ont au moins le mérite d’avoir offert au public un scénario plein de suspense, sur le même modèle que le déroulement de leur concours 2004, à Clermont-Ferrand. Kapek, blessé à l’échauffement, devait se contenter d’une entrée en matière très éloignée de ses objectifs. Mais oubliant peu à peu la douleur, il venait coiffer sur le fil, au dernier essai et pour un centimètre, le sociétaire de Paris-Joinville (16,44 contre 16,43 m) ! Et l’ultime tentative de Pincemail ne le verra retomber qu’à 16,36 m… Pour en finir avec le triple saut, on retiendra que Liévin aura été le théâtre du record de France espoirs de la spécialité chez les filles. Térésa Nzola Meso, avec 13,86 m, a échoué à 10 cm des minima pour Madrid. Mais son saut dépasse nettement les 13,61 d’Amy Zongo en 2002. Après le record de France de Salim Sdiri samedi à la longueur, le sable aura donc été à l’honneur à Liévin. Reste à espérer qu’ils en sera de même pour les Bleus à Madrid, en passant, pour certains d’entre eux, par le meeting du Nord, la semaine prochaine, dans la même enceinte.

A Liévin, Cyril Pocréaux pour athle.com

Ils ont dit :

Christine Arron, championne de France du 60 m en 7’’13 :
« Le chrono est enfin descendu alors que j’étais resté à 7’’20 tout le week-end. Mais je pensais tout de même faire mieux ce week-end. Mais c’est bien d’avoir couru ici en vue des championnats d’Europe. Il me reste à gagner en vitesse et à régler encore mon départ. En salle, c’est le départ qui compte. La semaine prochaine, je courrai un 200 m en salle ici, à Liévin. »

Phara Anacharsis, championne de France du 400 m en 53’’07 :
« C’est super, je n’aurais pas pensé finir aussi bien, je pensais que j’allais me désunir sur la fin. Mais j’ai bien attendu derrière Virginie Fouquet. Les minima pour les Championnats d’Europe étaient un objectif, je ne les atteints pas et je suis un peu déçue. Mais c’est tout de même bien. »

Leslie Djhone, champion de France du 400 m en 46’’33 :
« Je me suis fait mal pendant la course, à la fin du premier tour. J’ai senti que les ischios n’étaient pas contents… J’étais venu ici avec beaucoup de doutes, mais j’avais un statut à défendre, d’autant que je n’avais jamais été champion de France du 400 m. C’est pour ça que je voulais gagner, même si je n’étais pas au mieux de ma forme. Il me manque un mois d’entraînement, et nous allons essayer de combler les brèches. Je vais voir le médecin. Pour l’instant, les Europe sont toujours d’actualité, mais s’il y a le moindre problème, je n’irais pas. »

Fabe Dia, championne de France du 200 m en 23’’42 :
« Je suis très très contente. Voilà trois ans que je n’avais pas bien pu courir en hiver parce que j’étais blessée. Même si je n’avais pas gagné, j’aurais été contente de finir ma course sans blessure, alors… Voilà deux semaines, je ne visais plus rien tant je n’avançais pas. Je pense pouvoir aller plus vite d’ici deux semaines aux Europe. Je suis sur une forme ascendante. »

Julien Kapek, champion de France du triple saut avec 16,44 m :
« Je me suis blessé sur mes dernières gammes à l’échauffement, une sorte de foulure à l’orteil. Je gagne au dernier essai ? Oui, comme d’hab (rires) ! Je pensais quand même faire 16,60 m, mais je manque de concours car c’est la première fois que je saute de la saison : ils sont en train de refaire la piste de mon université aux Etats-Unis, et je n’ai pu m’entraîner que sur l’herbe… »

Jean Galfione, pas de marque en finale de la perche (trois échecs à 5,40 m) :
« Sur une piste comme celle-là, j’ai du mal à m’adapter, car elle est assez molle et je cours en rythme. Je n’ai pas su passer en vitesse, c’est une erreur de ma part. Bref, je suis passé à côté de mes France… »

Cédric Lavanne, médaille d’argent sur 60 m haies (7’’69) :
« Je suis content d’être revenu à un bon niveau. Je fais encore des fautes au départ et sur les deux premières haies, mais c’est juste une question de réglages. Je peux donc améliorer mon record, qui est à 7’’67. Ce sera mon objectif aux Europe, tout comme entrer en finale. »

Ladji Doucouré, champion de France du 60 m haies en 7’’56 :
« Je voulais courir en moins de 7’’60 ce week-end, l’objectif est donc atteint. Aux Europe, il y aura une belle opposition. Mon ambition sera donc déjà d’entrer en finale, après on verra. Cela ne sert à rien de déclarer des choses à chaud. »

Laëtitia Valdonado, championne de France du 800 m en 2’04’’68 :
« J’avais prévu de partir vite pour faire un bon chrono. Je pensais aller un peu plus vite, mais même si on court pour la performance, le titre est également très important. Je pense pouvoir courir plus vite, en 2’02’’ au moins, mais je ne courrai plus que les championnats d’Europe désormais. J’espère y entrer au moins en finale. »

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