Dans l’oeil du coach : Rémi Magro à Toulouse | ||||
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![]() Pistard, routard, combinard, sauteur, lanceur, jeune, compétition, loisir, haut niveau, découverte, nature, ville. Autant de mots à combiner qui, au sein des près de deux mille clubs, font l’athlétisme en France. Parmi les rouages essentiels de chaque structure, l’entraîneur, quel que soit son profil, occupe une place à part. Athle.fr vous invite chaque mois à la rencontre de ces hommes et femmes de l’ombre. Aujourd’hui, c’est Rémi Magro, 29 ans, entraîneur à l'Athlé 632, qui s’y colle. Il fait partie de ces jeunes entraîneurs novateurs mais qui ne perdent pas de vue les valeurs que l’athlétisme véhicule. Rémi Magro n’a pas encore 30 ans mais semble déjà vous donner rendez-vous dans trois décennies, tant son vécu, sa passion et ses idées débordent de ses mots. En attendant, il œuvre sur le terrain pour du haut niveau mais aussi de l’apprentissage et du ludique. Votre définition de l'entraîneur ? Elle peut évoluer en fonction des années et des situations. Il y a pourtant des choses qui ne changeront jamais dans mon esprit : faire transpirer notre passion pendant les séances et embarquer les athlètes dans notre monde. Le meilleur technicien de la planète ne sera pas le meilleur entraîneur s'il est ennuyeux. Faire comprendre pourquoi on fait une chose et pas une autre, inclure la mécanique de leur discipline et sa philosophie, c’est important. Un entraîneur doit aussi s'adapter en permanence. Il doit adapter à son public (éveil, minimes, haut niveau, etc..) sa façon de transmettre ses consignes, la mise en place de la motivation pour chacun, parfois son approche des épreuves. Si on s'adapte à un nouveau milieu, à un nouveau défi, on progresse. L'entraîneur doit chercher à progresser comme ses athlètes. Mais attention, s'adapter veut aussi dire être capable de dire : “Je ne sais pas” ou “Je ne peux pas”. A ce moment-là, laisser la main, c’est important. Nous sommes le plus souvent de passage dans la vie des athlètes que l'on accompagne. Avec certains, on tisse plus de liens, mais avec l'idée qu'ils viennent pour eux sur la piste et pas pour nous. Pour prendre le recul nécessaire, il est important de les rendre le plus autonome possible. Bon, ce discours je l'ai maintenant car j'ai plus d'expérience. A mes débuts, je faisais “mes armes”, je mimais un peu ce que j'avais connu, je ne voulais pas perdre de temps et je voulais surtout créer un fossé entre l'entraîneur que j'étais devenu et les athlètes qui avaient presque le même âge que moi. J'étais un peu militaire dans mon comportement. J'ai su évoluer, et tant mieux. Entraîneur à l’Athlé 632, c'est plus dur qu'ailleurs ? J'essaie de vivre de l'athlétisme depuis 2014. Après plusieurs expériences, j'ai commencé à intervenir dans ce club de l’ouest toulousain, en janvier 2017. J’ai reçu un très bon accueil avec des collègues supers, des élus motivés et une dynamique impressionnante en interne. Je me suis investi à fond, et on m’a offert un contrat salarié. La professionnalisation est trop lente en athlétisme, et le retrait des profs d'EPS et des bénévoles, qui s'usent à la longue, va malheureusement plus vite que les budgets nécessaires au club pour embaucher. Mais s'il y a des jeunes coaches motivés, il faut foncer. Il y a des solutions. En parallèle, j'ai le projet Track Déca, c’est une association non affiliée dont je suis le président et l'entraîneur bénévole. Le but était de donner de meilleures conditions d'entraînement aux athlètes qui sont venus me solliciter. Ils payent une cotisation, façon de marquer leur engagement et de respecter celui des entraîneurs, et ça permet d'amener du médical en compétition, d'avancer les frais. Aujourd'hui, j'ai 25 athlètes, dans dix disciplines, qui représentent dix clubs, un coach et un réseau médical au top. Je continue ce projet tant que je le peux mais, un jour, je n'aurai malheureusement plus le temps. J'ai de la chance car le club a compris que d'avoir ces athlètes sur la piste a un effet bénéfique sur les jeunes qui les voient en action et qui partagent les séances avec eux. Quand des petites cadettes s'entraînent avec Célia (Perron), forcément ça les motive. Quand les grands disent aux gamins qu'à leur âge, ils faisaient pareil, ça les fait réfléchir. Et comme on est un club avec beaucoup de minimes, cadets et peu d’adultes, c'est parfait pour leur montrer que l'on peut continuer, même après le lycée. L'athlétisme, ça se partage et j'ai la chance d'être dans un club ou quel que soit votre maillot vous êtes toujours le bienvenu sur la piste. L'ambiance est saine. Ce qui vous énerve et vous plaît le plus dans votre fonction ? Ce qui m'énerve, c'est de perdre du temps. Par exemple, quand j’entends : « J'attends mon copain, il arrive dans dix minutes ». Il y a aussi certains jeunes talentueux qui ne viennent pas assez, mais à part leur répéter notre vision des choses, que faire de plus ? Ils s'entraînent pour eux, pas pour moi. Tant pis ! Il faut se concentrer sur ceux qui sont là. Ce qui me plaît, c'est la diversité du poste. Entraîner toutes les catégories est stimulant et ça fait du bien. Ça remet les pieds sur terre et permet de se recentrer sur les basiques. Ce qui est magique, c'est de voir des gamins émerveillés qui tout d'un coup sont surpris d'une perf’ venue d'ailleurs. Ils ont un visage tellement souriant et éclairé que je ne m'en lasserai jamais. Le haut niveau est une aventure au long court, mais les jeunes sont très importants dans mon équilibre.. Vous êtes un coach "connecté" ou un entraîneur ‘’à l'ancienne"? Je dirais quand même assez connecté. J'utilise la vidéo, je fais les plans à l'ordinateur avec des graphiques, j'adore faire des statistiques sur Excel. Les athlètes ont des Drive personnels. On est obligé de suivre le monde et ça fait gagner du temps. Par contre, je pense que je manage à l'ancienne, un peu militaire peut-être, encore une fois. Votre plus beau souvenir ? C'est certainement un des plus récents : le titre de Célia Perron aux derniers championnats de France Elite en salle, avec un dénouement incroyable sur le 800m de son pentathlon. Je n'ai pas eu besoin de lui dire que j'étais heureux, elle le comprenait par mon silence. Ca m'a laissé sonné quelques minutes. Ça venait récompenser cinq ans de travail, et c'est amplement mérité pour elle. Je l'attends toujours à un niveau minimum, c'est ma manière de prendre de la distance, et à chaque fois elle me dit : “tu verras je vais dépasser le niveau que tu projettes”. Pour moi, il est clair que la performance appartient à l'athlète. Les souvenirs forts, ce sont aussi les athlètes qui sont un peu à bout de souffle et que tu prends en cours de route. Les accompagner et rallumer la flamme. Les voir de nouveau s'épanouir par des performances ou juste pour le plaisir, c'est merveilleux. Quelle est votre relation avec les athlètes ? Je vais avoir 29 ans cette année, et j'entraîne depuis douze ans déjà. A Montpellier, j'étais encore athlète et déjà adjoint à 18 ans. Je coachais mes camarades d'entraînement. En revenant à Toulouse et en prenant mes premiers athlètes à temps plein, ça a été compliqué. Je mettais beaucoup de distance et j'étais parfois dur. Avec les plus jeunes, c'était facile, ça roulait. Avec les plus âgés, je ne lâchais parfois qu’une dizaine de mots dans la séance. J’avais beaucoup de pudeur, de prudence. Et puis on grandit, on avance, on fait des rencontres. Je dois avouer que ma compagne m'a fait beaucoup progresser, et je suis devenu plus incisif, plus percutant dans ma posture. Et très à l'écoute. Pouvoir dire qu'on joue un rôle qui va un peu plus loin que le sportif, c'est plaisant. Depuis, j'accepte d'endosser la casquette dont chacun a besoin. Il faut parfois être un ami, faire la morale, un grand frère, un père. Certains me disent qu'ils me voient plus que leurs parents et ça me fait parfois bizarre. Mais tout compte fait, quand tu ouvres la porte à des gens bien, l'entraînement n'en pâtit pas et les relations sont encore meilleures. Beaucoup font partie de ma famille maintenant. Avez-vous un modèle d'entraîneur, dans l’athlétisme ou dans un autre sport ? Le modèle parfait n'existe pas. Avec toutes les rencontres que j'ai eu la chance de faire, je dirais le trio de Montpellier Jean-Yves Cochand, Bertrand Valcin et Gilles Follereau. Jean-Yves est une mine d'or, tu peux l'écouter parler d'athlé pendant des heures, et il représente parfaitement l'esprit des combinés. Bertrand, c'est la précision, la justesse. Et Gilles, la force tranquille, hyper modeste. Il m'a beaucoup aidé sur le regard de la vie personnelle d'un entraîneur, sur l'équilibre de la vie familiale et sportive. J'ai été leur ombre pendant quatre ans et je leur dois ma façon de voir le haut niveau et les combinés comme je les vois aujourd'hui. Ajoutons à cela, deux de mes premiers coaches. Eric Pons pour sa disponibilité : il m'a transporté dans tous les coins de France. Et Jean-François Crespy, qui est toujours mon coach de perche, il est la définition de l'expression "avoir le sens du détail". Je l'ai embarqué avec moi dans mon association, il est ravi et jamais rassasié. C'est inspirant pour un jeune entraîneur de voir ça. Hors athlétisme, ça serait Fabien Galthié, le sélectionneur de l’équipe de France de rugby. Il a une démarche incroyable, vouloir s'entraîner à entraîner pour atteindre la perfection dans son coaching. Ça demande du recul et de ne pas se satisfaire de sa position. Trois mots pour définir votre groupe ? Solidarité. Folie. Plaisir. Propos recueillis par Renaud Goude pour athle.fr
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