Il a été, avec Sasha Zhoya sur 110 m haies, l’un des deux Français médaillés d’or lors des Mondiaux juniors de Nairobi, au mois d’août. Le sauteur en longueur Erwan Konate (Amiens UC) revient pour athle.fr sur son été brillant, marqué également par une troisième place aux championnats d’Europe et un record de France U20 porté à 8,12 m.

Athle.fr :  Dans quel état d’esprit abordiez-vous l’enchaînement de grands rendez-vous cet été chez les juniors ? On sait combien les quinze derniers mois n’ont ressemblé à rien de connu jusque-là…

2020 a été très compliqué, oui. Je n’avais juste pas envie de m’entraîner. Les compétitions avaient été annulées et je n’avais rien devant moi, comme un long tunnel dont je ne voyais pas le bout. Mais c’est justement la perspective des championnats internationaux de cet été qui m’a remis dedans. Quand ces échéances nous ont été présentées en stage national à Fontainebleau, en octobre 2020, ça m’a redonné un objectif et m’a remotivé. On connaît tous des athlètes de générations précédentes qui ont participé à ces compétitions et je n’aurais pas voulu louper ça.

A quel moment de votre préparation avez-vous senti que vous aviez de grands résultats dans les jambes ?

Franchement, après les championnats d’Europe de Tallinn, pas avant. L’hiver a encore été compliqué, je n’ai sauté qu’à 7,37 m aux championnats de France en salle, je me suis blessé à l’ischio à trois semaines des ‘Europe’… C’est vraiment la médaille de bronze et le record personnel à Tallinn (ndlr : 7,91 m à l’époque) qui ont validé le travail fourni et m’ont fait penser que je pouvais être champion du monde. A Nairobi, je venais pour le titre. Et je voulais les 8 m avec. Plus j’entendais que ce serait trop juste pour les atteindre dès cette année, que j’avais le temps parce que j’étais junior première année… plus je les voulais, ces 8 m. Et sans attendre.

Quand, à Nairobi, le Colombien Berrio saute à 7,97 m dès son premier essai, qu’est-ce que vous vous dites ?

Qu’il ne gagnera pas ! Que ça m’oblige à sauter plus loin que lui, c’est tout. Au contraire, ça m’a mis un coup de boost pour viser les 8 m alors que j’avais un peu de mal à entrer dans mon concours. A l’échauffement, j’étais fatigué, les jambes un peu lourdes. Lors de mon premier saut, j’étais un peu endormi. Puis Sasha (Zhoya) est venu me voir et m’a donné un coup de pep’s : c’est un de mes meilleurs amis et nous avions fait le pari d’être tous les deux titrés à Nairobi. En plus, il venait juste de battre le record du monde (ndlr : en demies, juste avant la finale de la longueur), je ne pouvais pas rester à la traîne !

Comment arrivez-vous réussi à avoir un pic de forme à la fois à Tallinn et Nairobi ?

Je dirais en serrant les dents (rires) ! C’est le mental qui joue pour tenir à l’entraînement, l’envie d’aimer ce sport et d’y vivre des trucs forts. Je me disais que ça faisait un an que j’attendais de vivre des moments pareils ! Le soutien des copains compte aussi énormément pour aider à performer quand les jambes deviennent plus lourdes. On a créé une sorte de grande famille à vivre ainsi ensemble pendant deux mois, de Tallinn à Nairobi, avec le stage de Fontainebleau entre les deux. Tout le monde venait encourager tout le monde, des amitiés très fortes se sont nouées alors qu’on se connaissait finalement peu avant l’été. On a tissé un esprit de groupe très fort, avec beaucoup d’émulation.

Changement de décor en cette rentrée de septembre, puisque vous êtes devenu pensionnaire de l’Insep…

Oui, je m’entraîne maintenant avec Robert Emmiyan, après quatre ans à l’Amiens UC avec Erwan Mouaddib, et ma mère à la préparation physique. J’en attends beaucoup. Les contacts se sont noués avant les échéances de cet été, et le fait que Robert ait dit ‘ok’ avant que j’aie ces résultats-là signifie beaucoup pour moi. Que ce soit son expérience, les installations de l’Insep où il y a tout pour aider à la performance – le médical, l’organisation… Je crois que ça me sera très bénéfique. Mes ambitions demeurent très élevées : gagner une deuxième médaille d’or aux Mondiaux juniors, battre le record du monde (ndlr : 8,35 m, par le Russe Sergey Morgunov en 2012) et tant qu’à faire viser le podium chez les seniors !

Propos recueillis par Guillaume Willecoq pour athle.fr