Vainqueur d’un 800 m grandiose dans la fournaise du stade Charléty, Benjamin Robert a enflammé les 15 827 spectateurs parisiens, qui ont également vibré devant les exploits de Shelly-Ann Fraser-Pryce sur 100 m, Jimmy Gressier sur 5000 m et Just Kwaou-mathey sur 110 m haies.

Le Temps Fort

Le jour de gloire de Robert

Ce samedi était le grand soir du 800 m masculin. Alors que la chaleur étouffante qui a écrasé la France entière ce samedi retombait tout doucement dans les coursives du stade Charléty, les spécialistes du double tour de piste ont soufflé sur les braises pour enflammer la piste et les tribunes de l’écrin parisien. Gabriel Tual a donné le ton en se calant juste derrière le lièvre, pour ensuite mener la course jusqu’à une quarantaine de mètres de l’arrivée, donnant des frissons aux milliers de fans d’athlé qui n’attendaient que ça. Et quand le coureur de l’US Talence a fini par être rattrapé par le lactique, c’est un autre Français qui a pris le relais, en la personne de Benjamin Robert. Fidèle à ses habitudes, le Toulousain du SATUC s’est faufilé dans un espace que lui seul avait vu pour aller cueillir la victoire en 1’43’’75, devenant le troisième meilleur performeur français de l’histoire derrière Pierre-Ambroise Bosse et Mehdi Baala.

Un temps disqualifié par un jury sévère pour sa manœuvre, jugée trop audacieuse, Robert a finalement été requalifié à la première place, « fruit d’années de travail et d’apprentissage ». Déjà deuxième à Birmingham il y a un mois, l’Occitan savourait le nouvel horizon s’ouvrant devant lui. « Même si tous les meilleurs n’étaient pas là, le niveau d’une Diamond League, c’est celui des championnats du monde. Et dans un 800 m, tout le monde le sait, tout peut arriver… », confiait-il au micro à sa sortie de piste. Devant les journalistes, ce sont bien trois Français qui célébraient leurs prouesses du soir, puisqu’outre Robert, Gabriel Tual a également battu son record en 1’44’’23 (4e), tandis que Pierre-Ambroise Bosse, sixième, s’est accroché autant qu’il le fallait pour s’acquitter des minima pour les championnats du monde à Eugene, en 1’44’’54. Avec sept Français en 1’45’’60 ou moins cette année, les championnats de France de la semaine prochaine s’annoncent tout aussi chauds que ce week-end de canicule.

La Promesse

Kwaou-Mathey dans la cour des grands

« C’est une très, très bonne soirée ! » Just Kwaou-Mathey a signé une remarquable performance en battant son record personnel sur la ligne droite avec obstacles. Troisième en 13’’27 (-0,4 m/s) de la finale remportée par le phénomène américain Devon Allen (13’’16), le prometteur espoir de l’Évreux AC est monté pour la première fois sur un podium en Diamond League et a confirmé de belle manière sa montée en puissance. « J’étais crispé en série et ça m’a un peu fatigué, mais je me suis bien reposé et j’ai tout donné en finale », confiait le Français de 21 ans après sa course. Sous les yeux de Guy Drut présent en tribunes, il grimpe à la dixième place du bilan français tout temps et devance désormais d’un centième le champion olympique de Montréal en 1976. Le symbole de son entrée dans l’élite de l’école française des haies hautes.

Autre espoir en vue, Sasha Zhoya (Clermont Auvergne Athlétisme) a battu son record en série en 13’’40 (-1,7 m/s) et n’est plus qu’à huit centièmes des minima pour Eugene. Il n’a pas pris part à la finale, en raison d’une douleur au ménisque apparue en marge du meeting de Genève. Pascal Martinot-Lagarde, engagé dans la même course que Zhoya, s’est classé cinquième en 13’’55 (-1,7 m/s). Gêné par une douleur au tendon d’Achille droit, il n’avait aucune séance spécifique dans les jambes. Il jouera sa dernière carte lors des championnats de France Elite à Caen, le week-end prochain. Comme d’habitude, le 110 m haies du rendez-vous national a de quoi faire saliver.

La Décla

« Je venais avant tout chercher la bataille avec les meilleurs Africains. »

Dans la touffeur parisienne - un ravitaillement était même proposé dans la ligne droite opposée, une rareté sur piste - Jimmy Gressier a suivi son plan à la lettre en tentant crânement sa chance. Vite esseulé après que le peloton a explosé façon pop-corn, il n’a rien lâché en s’appuyant sur son tempérament de guerrier. L’Ethiopien Selemon Barega, vainqueur en 12’57’’19, était au-dessus du lot. Mais derrière, le fondeur du Boulogne-sur-Mer AC s’est lancé dans une folle remontée, reprenant un à un les concurrents. S’il a finalement échoué sur les talons du Burundais Thierry Ndikumwenayo (13’05’’24) et de l’Ethiopien Muktar Edris (13’06’’54), l’élève d’Adrien Taouji et Arnaud Dinielle a coupé la ligne d’arrivée en 13’08’’75. Un résultat synonyme de quatrième place, de record personnel (ancienne marque : 13’08’’99) et surtout de minima de justesse pour les Mondiaux de Eugene (13’09’’00). « Je savais que j’allais les faire au vu de ce que je faisais à l’entraînement. J’envisage mieux aux Mondiaux. Je suis en bonne forme, très frais mentalement. C’était vraiment un plaisir de courir ce soir devant un tel public. » Moins de réussite pour Hugo Hay, qui a tout tenté mais a coincé en fin de course avec une onzième place en 13’30’’73.

Et Aussi

Samba-Mayela a pris des repères

Tête d’affiche annoncée de la soirée, Cyrena Samba-Mayela (Lille Métropole Athlétisme) s’est classée quatrième du 100 m haies, qui a vu la Nigériane Tobi Amusan raboter un centième à son record d’Afrique, en 12’’41 (-0,4). En 12’’76, la championne du monde en salle a réalisé son meilleur chrono de la saison dans des conditions régulières, et a validé ses minima pour les Mondiaux de Eugene. Elle pouvait donc se montrer « satisfaite de son départ et d’avoir eu l’opportunité de [se] montrer à [son] public à domicile ». Dans la même course, Laeticia Bapté (US Robert), septième, a dû se contenter de 13’’05.
Septuple vainqueur du meeting de Paris au cours de sa longue carrière, Renaud Lavillenie (Clermont Auvergne Athlétisme) a bien failli ajouter une nouvelle couronne à sa collection, mais s’est finalement incliné aux essais face au Belge Ben Broeders, tous les deux franchissant 5,80 m. Le Clermontois avait quand même le sourire en repensant à ses essais convaincants à 5,85 m et à sa forme ascendante après un an de pépins liés à sa blessure à la cheville. Troisième, Thibaut Collet (EA Grenoble 38) a passé 5,75 m à sa deuxième tentative.
Même en se sentant « mou tant psychologiquement que physiquement », Quentin Bigot (Athlétisme Metz Métropole) a assuré « le minimum syndical » pour prendre la troisième place du concours du marteau, en ouverture de programme, avec 78,12 m. Le Polonais Wojciech Nowicki a décroché la timbale avec 81,25 m, tandis que sa compatriote Malwina Kopron a dominé la compétition féminine avec 71,33 m. Pendant ce temps-là, Rose Loga (ACLAM) a fait mieux qu’Alexandra Tavernier (Annecy Haute-Savoie Athlé), avec 69,02 m contre 68,22 m, pour la première fois de sa carrière. La cage a ensuite accueilli un concours de disque féminin qui a souri à l’Américaine Valarie Allman, lauréate avec 68,68 m, mais beaucoup moins à Mélina Robert-Michon (Lyon Athlétisme), autrice d’une bonne entrée en matière à 61,10 m, sans pouvoir enchaîner par la suite.

Si la grande majorité des favoris ont tenu leur rang ce samedi à Paris (retrouvez le résumé de la soirée en cliquant ici), le 200 m masculin a réservé bien des surprises. Le Canadien Andre De Grasse s’est égaré à la sortie du virage, et c’est le Sud-Africain Luxolo Adams qui a jailli de son couloir extérieur pour s’imposer en 19’’82. Mouhamadou Fall (EFCVO) s’est mis au diapason, et a conclu sa bataille par une belle troisième place, dans un nouveau record personnel de 20’’26. A deux centièmes des minima pour l’Oregon, mais sans le moindre regret, le Francilien préférant retenir la satisfaction de son nouveau chrono de référence. Sixième du 400 m en 45’’94 pour sa première sous le signe du diamant, Loïc Prevot (Entente Sud Lyonnais) était tout aussi enthousiaste que son acolyte, alors qu’Amandine Brossier (Sco Angers Athlétisme), septième sur la même distance en 51’’78, accusait « un peu de fatigue après avoir enchaîné trois grosses courses en peu de temps ». Enfin, Solène Gicquel (Stade Rennais Athlétisme) a réussi sa meilleure performance de la saison à la hauteur, en domptant une barre placée à 1,88 m.

La rédaction
Photos : © KMSP / FFA

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