Une semaine après les espoirs à Albi, les sprinters cadets et juniors sont à leur tour gâtés par les conditions météo à Mulhouse avec de la chaleur, du soleil et du vent dans le dos - malheureusement souvent un peu trop. Jeff Erius et ses congénères ont su en profiter en alignant les records, à l’image du Strasbourgeois chronométré en 10’’24 sur la ligne droite dans des conditions régulières.

La Perf'

Le réveil d’Erius

Sa série, bouclée en 10’’47 sans forcer, ne l’avait pas satisfait. « J’ai eu un peu de mal à me réveiller, peut-être le fait de dormir chez moi », avançait Jeff Erius (-0.1), venu en voisin à Mulhouse, lui qui porte les couleurs bleues de Strasbourg Agglomération Athlé. C’est le sociétaire de l’US Sportive Baie Mahaultien Chrysley Appatore, premier de sa course en 10’’41 (+1,8), qui a sorti de son demi-sommeil le recordman de France cadets sur la ligne droite. « Ca m’a titillé de ‘’ouf’’ », sourit l’élève de Fabien Lambolez à Poitiers, qui, le buste droit, a considérablement accéléré le rythme dès les demi-finales. En 10’’24 (+0,8), il a même amélioré son record personnel de trois centièmes devant Sean Bermude (10’’39, RP également). Avant d’aller encore plus vite en finale avec une ligne droite bouclée en 10’’18 (+2.7), malheureusement trop poussé par le vent, devant Chrysley Appatore (10’’27), Sean Bermude (10’’33 ; Essonne Athletic) et Mohammed Badru (10’’37, Caen Athletic Club).

Quatre Français sous les 10’’40, même avec un Eole généreux, c’est du jamais-vu. « Il y a eu une pluie de records, même si c’est sûr que ça n’est pas Albi, remarquait-il. J’aurais aimé que ça descende un peu plus avant les Mondiaux de Cali. Là-bas, ça serait présomptueux de parler de finale ou podium, mais je vise quand même le top 8. » Il arrivera en Colombie avec le dix-huitième temps des engagés et le bac en poche, puisqu’il a été diplômé tout récemment, ce qui l’a « libéré ».

Côté cadets, le tout frais champion d’Europe du 200 m Dejan Ottou a su trouver les ressources nécessaires pour décrocher l’or en 10’’56 et dans le vent, là encore (+3.2). Uniquement devancé par le Danois du SC Bernay Hector Wandt, il a montré qu’il avait encore un peu de gaz dans les jambes. « Honnêtement, je ne pensais pas que je pouvais lâcher un chrono comme celui-là, reconnaissait celui qui, après Jérusalem, avait enchaîné dès dimanche avec les interligues à Angers (11’’00 sur 100 m). Vu ce que j’avais fait en séries et en demi-finales, je ne m’attendais à rien. J’étais fatigué mentalement et physiquement. Mais je suis allé à fond et mon corps a récupéré sans que je le sache. »

Le Temps Fort

Dajoux n’a rien lâché

Pas du genre à faire les choses à moitié, la cadette Margot Dajoux a fini la finale du 2000 m steeple par terre, après s’être lancée sur la ligne d’arrivée comme une morte de faim. Avec pour récompense le sacre en 6’48’’83, trois centièmes devant Maily Bauguil (CA du Roannais). Les deux demi-fondeuses ont proposé un superbe spectacle sur les cinq tours de piste, avec des records personnels bien mérités à la clé. « Ca a été une course dure, rembobinait la sociétaire du Clermont Auvergne Athlétisme. Au début, je maitrisais, mais j’ai fini par y aller car sinon j’allais me faire avoir au finish. Je pensais qu’elle lâcherait plus, j’étais un peu surprise qu’elle tienne. La dernière ligne droite a été horrible et trop bien en même temps. C’est cool, ça forge le mental, il faut tout donner jusqu’au bout. » Déçue par sa douzième place lors des Europe cadets, l’élève de Patrick Bringer, qui était « un peu malade » en Israël et avait « un peu la confiance dans les chaussettes » avant Mulhouse, va pouvoir bientôt partir en vacances avec le sourire.

Sur la même distance mais chez les garçons, grosse sensation avec la victoire de Théo Pénard (Entente Brive Tulle Athlé) en 5’52’’07, 33 centièmes devant le vice-champion d’Europe de la distance, Hicham Errbibih (CO Haute-Moselotte). Là aussi, tout s’est joué dans la dernière ligne droite, après une première partie de course lors de laquelle les deux steepleurs se sont relayés pour faire l’écart sur le reste du peloton. « Je suis extrêmement surpris, s’exclamait le Corrézien, qui avait terminé pour sa part dixième du rendez-vous continental. Ca a été une belle course, même si le titre n’enlève pas la frustration des Europe. »

La Décla

« J’ai hésité à courir la demi-finale, et finalement, heureusement que j’ai pris le départ. »

Titrée sur la ligne droite en 11’’51, avec un poil trop de vent (+2.1) pour permettre l’homologation de sa performance, Lauraline Lerus a bien failli ne jamais participer à la grande explication. La sprinteuse d’Athlé Sud 77 a en effet ressenti « une pointe à l’ischio » après la série. C’est finalement avec un gros strap qu’elle a poursuivi la compétition, avec une demie bouclée en 11’’65, son record, puis une victoire surprise en finale, un dixième devant Serena Kouassi (AC Paris-Joinville). « Je ne faisais pas partie des grandes favorites, reconnaissait Lauraline. Finir comme ça, c’est vraiment incroyable. » Un résultat qu’elle attribue notamment à ses récents progrès au niveau de la mise en action. Engagée sur 200 m, la prudence la poussera peut-être à renoncer à une tentative de doublé. Sauf à retenter le coup gagnant de la ligne droite.

Chez les cadettes, le duel entre Louise Clotaire (AS Caluire et Cuire) et Shana Lambourde (AC du Pays de Meaux) a bien eu lieu. Il a tourné à l’avantage de la première nommée, sacrée avec quatre centièmes d’avance sur sa dauphine en 11’’65, avec l’aide d’une belle bourrasque dans le dos (+4.0). « J’appréhendais la course car je savais que c’était super serré entre nous, confiait la Rhônalpine. Je suis super contente de cette première place, alors que j’étais jusque-là souvent deuxième aux France. J’ai vraiment eu la détermination, je savais que c’était possible et j’ai mis un peu plus d’énergie sur le départ. » Une belle « revanche » pour celle qui n’était pas montée sur le podium l’an dernier, lors de sa première année dans la catégorie.

Et Aussi

Cartieaux et Jourdan en patrons

Grand favori du 3000 m steeple, le U20 Baptiste Cartieaux a assumé son statut. Le demi-fondeur de l’EA Cergy-Pontoise a pris dès les premiers mètres les commandes de la course pour ne plus les quitter, malgré la belle résistance de Matthys Bourse. Après un léger creux dans le deuxième kilomètre, le premier nommé a relancé l’allure dans les derniers 1000 m, bouclés en 2’50’’. Pour une victoire en 8’51’’43, un peu moins de quatre secondes devant le steepleur du Trégueux Langueux Athlétisme (8’55’’37). « J’ai préféré faire en sorte que ça ne soit pas une course d’attente, en partant partir direct sur mon rythme de croisière, racontait Baptiste Cartieaux. Je n’avais aucun repère, avec en plus un petit vent dans la ligne opposée. J’ai prouvé que même tout seul, je pouvais aller chercher un bon temps. » De quoi faire le plein de confiance avant les Mondiaux juniors de Cali, où il visera une place de finaliste fort de son douzième rang au bilan mondial.
L’EA Cergy-Pontoise s’est offert une deuxième médaille d’or sur le steeple, mais sur 2000 m, grâce à Melissande Jourdan. La Val d’Oisienne a mis en place la même stratégie que son camarade de club, en dominant la course de bout en bout avec une première place en 6’54’’50, avec un plus de cinq secondes de marge sur sa dauphine. La course la plus tactique du jour a été la plus longue, à savoir le 5000 m. Quatre athlètes se sont disputé la victoire dans la dernière ligne droite. Et c’est le très véloce Joad Martinho (Dynamic Aulnay Club) qui a été le premier à couper l’arrivée, en 14’51’’04.

A Mulhouse, Florian Gaudin-Winer pour athle.fr
Photos : © G. Hamon - M. Delobel / Capture My Sport / FFA

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