Respectivement première senior et espoir lors du cross de sélection à Gujan-Mestras, Alice Mitard et Manon Trapp emmèneront les Bleues lors des championnats d’Europe, disputés ce dimanche à Turin. Portraits.

Alice Mitard, la nouvelle école

Ce n’est pas faire injure à Alice Mitard que de dire que sa victoire sur le site de Chante-Cigale à Gujan-Mestras (Gironde), lors du cross Sud-Ouest, épreuve de sélection pour les championnats d’Europe disputés ce dimanche Turin à, était inattendue. « Ca a été une petite surprise pour moi, j’avais envie de décrocher un ticket qualificatif mais je ne m’imaginais pas gagner », reconnait d’ailleurs la sociétaire de l’AC Romorantin, vainqueure devant Marie Bouchard et Manon Trapp.
Sélectionnée à deux reprises dans les catégories jeunes pour le rendez-vous continental, chez les U20 en 2017 puis chez les U23 en 2018, la fondeuse de 24 ans a passé un gros cap depuis quelques mois. Sur piste, avec un record personnel amélioré de près de dix secondes sur 1500 m en 4’15’’48, et donc dans les labours.

Une lettre de soutien de la FFA

Une progression que cette professeure des écoles installée à Orléans (Loiret) attribue en grande partie à une nouvelle organisation de vie. « L’an dernier, j’avais 2h30 de trajet aller-retour à effectuer tous les jours. La FFA m’a écrit une lettre de soutien. J’ai pu prendre un temps partiel cette année et je travaille désormais dans une école à dix minutes de chez moi », explique celle qui fait classe à des CM2. Des aménagements salutaires qui lui ont permis de passer de huit à onze séances hebdomadaires. « Mon coach (Richard Ferrand) est à Romorantin. Je m’y rends une fois par semaine. Je m’entraîne souvent seule, mais ça va, je suis habituée à ça. »
En Italie, la double vice-championne de France du cross court (2021 et 2022) fera ses grands débuts sur cross long, si l’on excepte les 5900 mètres parcourus le 26 novembre sur le parcours roulant de Gujan. « Ce sera mon premier 8 km, l’objectif sera de retrouver les mêmes sensations que lors de la course de sélection, se projette l’athlète au gabarit de poche, 1,56 m sous la toise. Le tracé a l’air assez technique et usant. Il va falloir être patiente, en ne partant pas trop vite. »

Manon Trapp veut rebondir

« Je vise au moins aussi bien voire mieux que l’an dernier, même si j’ai un peu moins de repères. » Quatrième des championnats d’Europe de cross chez les espoirs à Dublin, Manon Trapp plante le décor. La sociétaire de l’AS Aix-les-Bains rêve de s’offrir un premier podium international, pour sa dernière apparition chez les espoirs. Elle devra, pour cela, élever son niveau par rapport au cross de sélection, conclu à la troisième place (espoirs et seniors confondus).
Une course disputée une semaine après être rentrée d’un stage de cinq semaines sur les hauts plateaux d’Iten. « C’était la première fois que je partais là-bas, raconte l’étudiante en deuxième année de master géographie et montagnes à l’Université Savoie Mont-Blanc, qui a décidé de consacrer son mémoire de recherche à ce haut lieu de l’athlétisme kényan. J’ai un peu pris des risques en exposant mon corps à 2400 m d’altitude. J’étais vachement fatiguée en revenant en France. Il a fallu que je me réhabitue aux conditions avec le froid et la nuit qui tombe très tôt. La forme grimpe petit à petit. Je me sens de mieux en mieux et je reste confiante. »

Intimidée l’an dernier

Pour grappiller au moins une place par rapport à l’an dernier, où elle n’avait cédé que dans les derniers hectomètres face aux favorites, l’élève de Nicolas Gérard connaît la clé : « A Dublin, il y avait une forme de respect et de timidité de ma part pendant la course. Je ne m’imaginais pas aussi longtemps devant avec des filles au palmarès beaucoup plus conséquent que le mien. Je dois avoir confiance en mes sensations et partir plus tôt. » Une stratégie de patronne qu’elle a déjà su appliquer avec succès au niveau hexagonal, notamment lors des deux dernières éditions des championnats de France où elle avait survolé les débats lors du cross Elite.
Elle retrouvera notamment sur sa route la tenante du titre Nadia Battocletti, qui, à domicile, sera en quête d’une quatrième couronne européenne consécutive en individuel. L’Italienne a pris en août dernier la septième place du 5000 m aux championnats d’Europe de Munich. Une course lors de laquelle Manon Trapp s’est classée dix-neuvième, loin de ses ambitions. « Cette compétition a été mon premier échec, confie la native de Sèvres (Hauts-de-Seine). J’y ai appris que tout n’est pas toujours tout rose dans le sport. Il faut savoir rester positif et rebondir. » Pourquoi pas dès ce week-end à Turin ?

Florian Gaudin-Winer pour athle.fr