Les marcheurs retrouvaient la route ce week-end, à l’occasion des championnats de France disputés à Aix-les-Bains. La compétition a été marquée par les performances majuscules de Clémence Beretta et Aurélien Quinion sur 20 km, qui ont respectivement battu le record de France et réalisé les minima pour les minima pour les J.O. 2024.

Le match à quatre était attendu. Clémence Beretta, Camille Moutard, Pauline Stey et Eloïse Terrec s’étaient tiré la bourre en stage au Portugal, et se retrouvaient face au verdict de la compétition. « C’est la première fois qu’il y avait une telle densité sur un 20 km féminin aux championnats de France, résume la première nommée. Je m’attendais à une course en paquet pendant longtemps. » Partie « sur le rythme prévu », la sixième des championnats d’Europe de Munich s’est pourtant retrouvée vite seule en tête, sur un circuit roulant et à l’asphalte lisse, qui longeait le lac du Bourget. « Ca a été un cavalier seul, j’ai pu poser ma marche. C’était la course de la maitrise », résume la marcheuse de l’Athletic Vosges Entente Clubs. Avec pour récompense un superbe chrono de 1h30’20’’, inférieur de 17 secondes à son record de France établi lors du rendez-vous continental en août dernier.

Avec le titre et ce chrono, Clémence Beretta marque de précieux points au ranking, le système mis en place par World Athletics dans le cadre des qualifications pour les grands championnats. Un sujet qu’elle commence à connaitre sur le bout des orteils et qu’elle prend en compte au moment de programmer sa saison. « D’habitude, les France sont une course à froid, le premier 20 km de la saison. Cette année, j’ai fait des choix stratégiques par rapport au ranking et je savais qu’il y avait de gros points à y marquer. » Pour arriver à Aix-les-Bains « dans un état physique et mental différent des autres saisons », elle est partie neuf semaines en stage au cours des trois derniers mois. Désormais dans le top 16 au ranking, avec par ailleurs un chrono de référence à exactement une minute des minima pour les Jeux olympiques de Paris 2024, la Vosgienne prendra part aux meetings World Tour de Varsovie (Pologne) le 23 avril sur 20 km puis de Madrid le 30 avril sur 10 km, avant de se tourner vers le 20 km de la coupe d’Europe le 21 mai.

Derrière elle, Camille Moutard (Athlé 21) fait une superbe vice-championne de France en 1h31’40’’, à onze secondes de son record de France espoirs. Pauline Stey (Alsace Nord Athlétisme) complète le podium en 1h32’34’’, soit un temps de référence explosé de plus deux minutes.

Quinion troisième Français sous les 1h20’

Si Clémence Beretta se savait en grande forme, Aurélien Quinion abordait son 20 km plutôt circonspect. « Je n’étais pas très motivé à l’idée de prendre le départ, confiait-il dimanche soir, de retour en région parisienne. Je savais que ça allait être dur et je n’avais pas de bonnes sensations à l’échauffement. » Heureusement, Gabriel Bordier était aussi sur la ligne de départ. Et le rythme de costaud imposé par le Mayennais de l’US Saint-Berthevin l’a vite réveillé. « Gabriel a lancé les hostilités dès le début, je l’ai suivi et c’est passé. » L’athlète de l’Entente Franconville Cesame Val d’Oise, qui se définit comme « un des meilleurs finisseurs du circuit », a comme d’habitude terminé très fort, au moment même où Gabriel Bordier (2e en 1h20’49’’) baissait de pied.

Vainqueur en 1h19’57’’, Aurélien Quinion devient le troisième Français à descendre sous la barrière mythique des 1h20'00'', après Yohann Diniz (1h17’02’’) et Bertrand Moulinet (1h19’18’’). « Le chrono est assez fou, c’est une énorme surprise, un sacré palier pour un marcheur, un cap psychologique de passé. » Et, aurait-il pu ajouter : les minima pour les Mondiaux de Budapest et les J.O. de Paris, fixés à 1h20’10’’. De quoi lui donner des idées sur 20 km pour la suite, lui qui représentait les Bleus sur 35 km lors des grands championnats de l’été dernier ? Pas nécessairement, car c’est toujours cette dernière distance qu’il souhaite prioriser, le résultat d’Aix-les-Bains ne changeant rien à la donne. « Cet effort me donne plus de temps pour me mettre en place et me laisser porter par la course », justifie-t-il. C’est d’ailleurs sur 35 km qu’il aimerait s’exprimer lors de la coupe d’Europe de marche puis aux Mondiaux.

Gabriel Bordier, vice-champion de France en 1h20’49’’, aura d’autres occasions d’aller, lui aussi, chercher les minima cette année. L’espoir Martin Madeline-Degy (Blagnas SC) se classe troisième en 1h25’13’’, record personnel explosé de plus de trois minutes.

Enfin, Kevin Campion a été sacré champion de France du 35 km en 2h37’55’’. « Très content après un hiver compliqué », le marcheur du Stade Dieppois est conscient qu’il a « un peu de taf, vu ce que les copains nous ont offert ce matin ».

La rédaction
Photo : © Alanis Duc / FFA

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