Dans le sillage de Blandine L’hirondel, double tenante du titre, les traileurs français abordent leurs championnats du monde avec l’envie d’agrandir leur longue collection de médailles collectives et individuelles, entretenue depuis une dizaine d’années.

Les traileurs français sont habitués à rafler les médailles aux championnats du monde depuis 2011, sur tous les formats et tous les terrains. Cette année encore, ils tenteront de garnir leurs besaces de bouquets, à la fois sur trail long et trail court. « Mon rêve, en tant que coach, est de voir nos quatre équipes sur le podium, pour que tout le monde reparte à la maison avec une médaille, synthétise Adrien Séguret, l’entraîneur des équipes de France de trail. Après, il y a le papier, et il y a le terrain. Ce dernier nous avantage parce qu’on a une grosse équipe de montagnards. Mais il peut se passer énormément de choses. »

Trail long

Après la moiteur de la jungle thaïlandaise en novembre dernier, les Mondiaux de trail retrouvent les sommets alpins, dans le Tyrol autrichien. Les 86 km du parcours seront agrémentés de 6500 m de dénivelé positif et plusieurs passages au-dessus de 2000 m d’altitude. De quoi inciter à la patience et la gestion, qui seront les clefs de la course. Championne du monde en 2019 et 2023, Blandine L'hirondel a les cartes en mains pour réaliser la passe de trois, ce que personne n’a fait dans l’univers du trail. D’autant qu’elle n’aura pas dans les pattes la solide suédoise Ida Nilsson, qui l’avant tourmentée l’an passé. Attention toutefois aux Espagnoles Azara Garcia, récente lauréate de la Transgrancanaria, et Gemma Arenas, en bronze il y a huit mois. Mais aussi à l’Allemande Rosanna Buchauer, cinquième en Thaïlande, voire aux deux compères Audrey Tanguy et Marion Delespierre. Tanguy a d’ailleurs remporté le trail du Ventoux cette année, et a l’habitude des formats longs et techniques. Avec en plus Jocelyne Pauly et Manon Bohard Cailler, soit exactement la même équipe que celle qui avait conquis l’or à Chiang Maï, les Françaises s’avancent parmi les favorites pour le titre par équipes.

Chez les hommes, une bonne douzaine de concurrents peut rêver à la médaille d’or, et il est bien possible que la décision se fasse dans les ultimes kilomètres de l’épreuve. Avec son expérience incomparable, Nicolas Martin, deuxième l’an passé, voudra bien faire pour ce qu’il a annoncé comme sa dernière sortie sous le maillot bleu, après dix ans d’équipe de France. Thibaut Garrivier, sixième dans la douleur en Thaïlande, s’est promis de prendre sa revanche ce vendredi, et constituera une autre chance de médaille individuelle. Paul Mathou, et les débutants Baptiste Chassagne et Benjamin Roubiol se sont préparés minutieusement pour cette échéance et disposent de toutes les armes nécessaires pour ambitionner un top 10, si ce n’est mieux.

Parmi les principaux cadors attendus, l’Italien Andreas Reiterer, deuxième l’an passé, sera à suivre de près, tout comme son compatriote Davide Cheraz et l’Allemand Hannes Namberger. Même sans le tenant du titre Adam Peterman, ni Jim Walmsley, qui a déclaré forfait en raison d’une blessure à la cheville, les Etats-Unis aligneront une équipe très compétitive avec notamment le très offensif Zach Miller et Eric Lipuma.

Départ : vendredi 9 juin à 6h30

Trail court

Ce sera à n’en pas douter l’une des plus belles courses de toute l’année 2023. Sur un tracé exigeant et « pas si court » de 45 kilomètres, pour 3100 m de dénivelé positif, les trois premiers de l’édition 2023 se retrouveront pour une nouvelle explication au sommet. Le Norvégien Stian Angermund, le vainqueur sortant, visera le doublé, mais ses dauphins de 2022, l’Italien Fransesco Puppi et le Britannique Jonathan Albon, sacré en 2019, ne l’entendent certainement pas de la même oreille. Le Suédois Petter Engdahl, aux références flatteuses sur les formats entre 70 et 100 km, sera également de la partie, tout comme une forte délégation américaine emmenée par Max King et un collectif espagnol toujours redoutable autour de Zaid Ait Malek.

Face à tout ce beau monde, les Français, médaillés d’argent par équipes en Thaïlande, auront plusieurs atouts dans leur manche. Thomas Cardin, sixième en 2022 et champion de France de montagne il y a quelques semaines, est en pleine forme et évoluera sur un terrain qui lui plaît. Douzième l’an passé, l’orienteur Frédéric Tranchand vise beaucoup mieux cette année dans le Tyrol. Habitué à briller sur les circuits privés Golden Trail Series, Thibaut Baronian a fait de ces championnats un grand rendez-vous de sa saison. En complément de ce trident, l’expérimenté Julien Rancon, déjà deux fois médaillé d’argent ces dernières années, et le jeune Loïc Robert complèteront une équipe qui a fière allure et de vraies raisons d’y croire.

Chez les femmes, les Bleues partiront avec une équipe renouvelée par rapport à celle de l’an passé, qui avait pris la cinquième place collective à Chiang Maï. Seules Louise Serban-Penhoat et Clémentine Geoffray étaient déjà de l’aventure. La deuxième nommée, qui avait alors pris part à la course en montagne, aura sans doute la plus grande chance de briller en individuel, dans une course où la tenante du titre roumaine Denisa Dragomir manquera à l’appel, à l’inverse de ses dauphines Barbora Macurova (Tchéquie) et Emilia Brangefalt (Suède). L’Allemande Daniela Oemus, récente vainqueure de Zegama, mais aussi la Sud-Africaine Toni McCann, l’Espagnole Nuria Gil et l’Américaine Brittany Charbonneau sont autant de potentielles médaillables.

Pour leur première sélection, Noémie Vachon et Marie Goncalves joueront crânement leur chance, tout comme Lucille Germain, de retour au premier plan après plusieurs saisons de galère.

Départ : jeudi 8 juin à 9h

Etienne Nappey pour athle.fr